Homo faber, la condition humaineOn leur doit tant, et on ne les connaît pourtant pas, ces mains invisibles qui fabriquent la haute couture. Mains des premières d’atelier et des autres, mains patientes, virtuoses, qui cousent, coupent, brodent, mains reliées à des cœurs fiers d’accomplir leur exceptionnelle tâche, mains et cœurs auxquels on arrachera pourtant la cape incrustée d’un paysage fantastique à la Ferdinand Hodler, la veste de mohair beige rebrodée de paillettes de laiton, la robe d’organza imprimée d’une flore onirique rehaussée de pigments or, la robe de jacquard et gazar à la floraison orange pâle. Dépossédés de vêtements si poétiques, gracieux et extravagants qu’ils imposèrent le silence lors de la présentation Valentino. Alors, pour consoler ces cœurs reliés à ces mains anonymes, Pierpaolo Piccioli les fit défiler à la suite de leurs vêtements, et je n’exagère pas si je vous dis que la salle était en larmes. De gratitude. Élisabeth Quin
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