Prada voit la plage au bout du tunnel<

Alors que du côté de Milan, la Fashion week italienne tente de reprendre vie en organisant certains de ses défilés «en présentiel» (Dolce & Gabbana, Etro, Giorgio Armani,...) et quelques cocktails en plein air dans les jardins de ses Palazzos, la maison Prada, elle, maintient son dispositif habituel, né sous l'ère Covid : une projection «en vrai» de son défilé filmé pour la presse et les influenceurs locaux. À Paris, l'évènement est organisé au restaurant Apicius. Par un bel après-midi ensoleillé, dans le parc de cet hôtel particulier du 8ème arrondissement, tout ce petit monde sirote un verre d'eau ou de champagne, avale un carpaccio de poisson cru ou un soufflé au chocolat à tomber par terre en dissertant de l'avenir de l'industrie du luxe post-pandémie. Aura-t-elle fini de bouleverser un secteur déjà à bout de souffle? Lesquels sortiront plus fort de la crise? Lesquels disparaîtront avec elle? Toute-puissance des grandes maisons ou boom des marques plus confidentielles? Eshops ou grands magasins? Presse écrite ou influence venue d'Instagram?

Rencontre avec Miuccia Prada et Raf Simons: Pour qui crée-t-on? Telle est la question

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— Emy Flint Wed Apr 24 09:02:11 +0000 2019

À 14 heures pile, Miucca Prada et Raf Simons mettront fin aux débats avec un de ces courts-métrages de mode que cette industrie somme toute résiliente - tous en conviendront - a pris l'habitude, depuis un peu plus d'un an, de diffuser sur internet en lieu et place de shows en public. Sur l'écran géant, apparaît le bob en nylon orné du logo Prada d'un jeune homme tout de noir vêtu, marchant dans un étroit couloir rouge. L'électro minimaliste de Richie Hawtin finit de camper l'ambiance légèrement anxiogène. On se croirait dans un remake de Star Wars. Une version pointue, «très Prada», d'un Dark Vador en combishort en coton roulottée haut sur la cuisse, des chaussettes dans ses souliers de ville et un sac baluchon collé sous le bras.

Dans le passage sinueux, éclairé par une lumière blanche au plafond, les looks sombres s'enchaînent. La couleur surgit sur un accessoire pop, un perfecto jaune citron, un sweat-shirt en éponge à fleurs rose bubble-gum qui ressemble à un genre de sortie-de-bain à capuche. Sous leurs grandes vestes à carrure ample, ces garçons fluets portent des costumes de bain rétro à motifs tapisserie. Car au bout du tunnel, il y a la plage. Plusieurs plages de Sardaigne en fait - Cala Zafferano, Cala Mariolu, Cala Luna - parmi les plus belles de l'île. Autant de petits coins de paradis aux eaux translucides, paysages enchanteurs, préservées et austères dans lesquels la petite bande finit par nager, s'ébrouer, tracer des logos dans le sable, bronzer le dos calé sur un rocher... En un mot, revivre.

La lumière au bout du tunnel?

Une fois n'est pas coutume «Madame Prada» et Raf Simons ne feront pas de conférence de presse, par Zoom comme c'était souvent de coutume. La note d'intention évoque «une étrange évasion estivale», «une rencontre surréaliste avec la nature, une infrastructure de bord de mer d'un autre genre.» Le tout pensé par AMO, le studio de recherche de l'architecte Rem Koolhas, complice de longue date de la griffe. Mais comment ne pas voir dans cet objet visuel non identifié, entre clip de mode et court-métrage expérimental, dans ce vestiaire certes sombre et radical mais truffé de classiques ultra portables et de second degré, un message optimiste de sortie de crise? Comment ne pas voir la lumière au bout du tunnel pour toute une industrie?