A défaut de réinventer la roue, pourquoi ne pas en sortir… Le groupe Michelin a présenté jeudi 8 avril sa nouvelle stratégie post-Covid qui fait reposer une grande partie de sa future et ambitieuse croissance pour 2030 sur tout autre chose que le pneumatique, cœur de son activité et source principale de son expansion passée.
Le géant mondial du pneu a annoncé aux investisseurs ses objectifs pour 2030 lors d’une présentation depuis son siège de Clermont-Ferrand. Après une phase de « digestion » de la crise du Covid-19, Michelin prévoit d’atteindre 24,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023 (contre 20 milliards en 2020). A partir de là, le groupe compte parvenir à une croissance annuelle de 5 % jusqu’en 2030, ce qui l’amènerait à des ventes de 34,5 milliards d’euros à la fin de la décennie.
A cet horizon, Michelin espère réaliser entre 20 % et 30 % de son chiffre d’affaires dans ce qu’il appelle les activités « autour du pneu » − les services − et « au-delà du pneu » − objets connectés, médical, matériaux composites pour divers usages (tapis roulants, joints, tuyaux, membranes de piles à hydrogène). Tout ceci permet aujourd’hui des ventes de 1 milliard d’euros. Compte tenu des chiffres annoncés, ce « hors-pneumatique » devrait croître de 6 à 9 milliards d’euros en dix ans (soit une hausse au-delà des 700 % !) quand les ventes de pneus augmenteront de 1 à 4 milliards entre 2023 et 2030 (+ 4 % à + 17 %).
« Michelin a, au cours de son histoire, fabriqué des trains, des avions, inventé la carte routière, rappelle Florent Menegaux, le président du groupe. La diversification est dans ses gènes. Aujourd’hui, nous produisons des colles non toxiques, des tissus médicaux. Au fond, le savoir-faire de base de Michelin, c’est celui des matériaux. Un pneu Michelin, ça a l’air banal, mais c’est un petit miracle de technologie issu de cette compétence. »
Point notable : contrairement aux anciennes habitudes maison, cette diversification se fait depuis quelques années soit par acquisition, soit en formant un partenariat avec une autre entreprise. Parmi les exemples les plus saillants, on peut citer Fenner, acquis en 2018, spécialiste des polymères pour convoyeurs miniers et à usage médical ; Symbio, fabricant de piles à hydrogène, cogéré avec l’équipementier automobile Faurecia depuis 2019. « Il y aura d’autres acquisitions, d’autres alliances », prévient M. Menegaux. Elles seront indispensables, compte tenu de la croissance attendue dans le non-pneumatique.
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