• 28/07/2022
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Par Frédéric Martin-Bernard Publié , Mis à jour

Aux costumes affichant une unité visuelle de la tête aux pieds, les créateurs préfèrent des faux coordonnés qui permettent davantage de diversité dans le porter.

Un dédale de miroirs qui fragmentent la silhouette, donnent à voir les vêtements sous d'autres angles et semblent démultiplier les combinaisons possibles entre haut et bas… En juin dernier, au Tennis Club de Paris, tel était le décor du show Dior Homme, marquant une rupture avec les défilés précédents. Rupture dans le format de la présentation, moins linéaire que par le passé. Et, surtout, rupture au niveau de la composition de cette collection printemps-été 2014, sous le sceau de l'éclectisme plutôt qu'articulée autour d'un look phare de saison. Les manches jouent sur différentes longueurs du poignet au biceps. Les bas oscillent entre longueur pantalon et longueur bermuda. Des aplats de couleur et des tissus incrustés, entre cubisme et patchwork aléatoire, renforcent cette impression de diversité. En filigrane, c'est aussi l'idée que veste et pantalon ne doivent pas forcément être du même ton ou tissu pour remplir la fonction de costume.

«Offrir le maximum de choix me semble aujourd'hui un minimum dans le luxe, explique Kris Van Assche, directeur artistique de Dior Homme. Dans le cadre du défilé, une collection est toujours présentée de façon précise, en mettant l'accent sur des silhouettes, des associations de vêtements, mais j'ai eu envie de faire passer le message qu'on peut se l'approprier de façon différente. Cette saison printemps-été est d'ailleurs la toute première que j'ai abordée pièce par pièce, et non en réfléchissant en termes de look. Sur l'automne-hiver 2014-2015, je développe davantage cette idée, car les hommes sont aujourd'hui très autonomes. Du moins, ceux qui s'intéressent à la mode n'ont plus rien à envier aux femmes dans l'art d'associer des habits différents. Ils ne se réfugient plus systématiquement dans le costume - tenue “uniforme” par excellence qui évite de se poser trop de questions de style et d'accords devant la glace.»

«Discrètes fantaisies»

Sur les podiums, ces ensembles veste et pantalon qui ne sont pas des costumes à proprement parler, sont omniprésents sans pour autant sauter aux yeux. Chez Prada, ces faux coordonnés sont enfilés sur des chemises imprimées de fleurs tropicales, palmes et autres naïades sur fond de coucher de soleil. De fait, on ne remarque pas tout de suite que les duos de blazers croisés et de pantalons à pinces qui les accompagnent affichent les mêmes rayures sur des fonds aux tonalités sourdes différentes. À chaque passage, les associations chromatiques se renouvellent. Elles semblent en suggérer d'autres. Y compris dans la vraie vie, sans courir un grand risque de faute de goût, si l'on s'en tient à cette gamme subtile de nuances toutes Prada. Mais qui dispose d'un budget pour remplacer tout son dressing en entrée de saison? Surtout, quel dommage de s'habiller d'une seule marque, alors que les collections de diverses maisons se répondent toujours un peu! Et d'offrir ainsi la possibilité de se façonner des looks bien plus personnels.

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En mode masculine, l'originalité passe souvent en premier lieu par la matière. Plutôt qu'un même tissu de pied en cap, des armures fil à fil dans des coloris différents sont employées pour les vestes, tandis que les pantalons s'affichent dans des draperies plutôt unies au sein des collections de la saison de Giorgio Armani, Berluti, Brioni, Ports 1961 ou Louis Vuitton. Chez Canali, c'est l'inverse. Les bas se déclinent dans des tissus à motifs cravates et autres tissages élaborés qui dessinent de discrets graphismes en all over. Un parti pris partagé par Stefano Pilati, dans le cadre de sa première collection comme directeur artistique d'Ermenegildo Zegna, via des pantalons en jacquard qui opposent des mats et des brillants de même ton. «J'ai voulu développer cette idée de Broken Suit(costume dépareillé, NDLR), justifiait-il, lui aussi, à l'issue du show, car les hommes vont désormais au-delà de la panoplie raccord de la tête au pied. Ils se laissent aller à de discrètes fantaisies…» Pour Hermès, Véronique Nichanian répond aussi à cette évolution à travers sa proposition. Son défilé été 2014 débute par des costumes subtilement décoordonnés. Et se termine par de sublimes ensembles habillés qui sont composés de blazers croisés en serge de coton, auxquels répondent des pantalons imprimés foulards dans des tonalités toutes proches. Chez DSquared, Tom Ford ou Louis Vuitton, cette tendance aux haut et bas qui font la paire sans être identiques se voit également reprise jusqu'aux tenues du soir.