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À la mode depuis plusieurs saisons, lesPerfecto,bombardiers et autres pièces à manches se renouvellent,taillés dans diverstricots.
Difficiled’échapper au blouson en maille qui est, cette saison, la pièceobligée d’une collection homme. Tour à tour veste courte déstructurée,cardiganà gros boutons de cuir ou encore gilet ceinturé, ses pointsoscillent entregrosses jauges pour des tricotages généreux et côtesplus compactes pour unrendu lisse proche du jersey. Sur le plantechnique, toutes ces matières, faitesd’un enchaînement de bouclesthéoriquement connues pour filer, sont aujourd’huimaîtrisées ettravaillées exactement comme du chaîne et trame (nom génériquedonné,par opposition à la maille, à tous les tissus qui croisent des fils dansle sens de la longueur et de la largeur). Tailléesen morceaux, puis confectionnées, ces maillescoupées-cousues prennentla forme de blouson Perfecto chez CostumeNational, debombardier chez Dolce & Gabbana ou de veste croisée, commeunduffle-coat court en laine lourde, chez Ermenegildo Zegna…
L’envoléen’estd’ailleurs pas qu’italienne, ni exclusivement réservée auxcréateurs. Cesderniers jours, sa présence est aussi remarquée dans lesvitrines de Lacoste,Diesel ou encore Celio. La maille est en phaseavec l’humeur du moment. À celas’ajoutent les progrès techniques et lefait que ces messieurs prennent de plusen plus goût aux formes depièces à manches courtes et blousantes, doncpratiques.
Un style entre rustique et "tailoring"
« Hier, le gilet en laine avec un col châle étaitclairement connoté papy, relève Marcel Lassance, le directeur artistiquedes collections homme du concept store parisien Merci. Aujourd’hui, onle perçoit comme une version sophistiquée de la veste à capuche pour destrentenaires urbains. » Gilles Peter, acheteur senior homme auxGaleries Lafayette, y voit aussi l’influence de la mode féminine. « Les tendances sont deplus en plus unisexes et transversales, observe-t-il. Ainsi, lespièces en maille confortable passent aujourd’hui dans le vestiaire masculin. » Le bureau de tendance StyleSightparle, lui, de humble harvest à propos de ce courant,faisant référence au peintre américain, Grant Wood, dont les tableaux réalisésdans les années 1930 représentent le Middle West rural. Et d’évoquer une enviede fibres naturelles, d’un casual rustique croisé à un chic tailoring quise traduit par des modèles hybrides réunissant ces deux courants… Un style,développé, depuis plusieurs saisons par Junya Watanabe dont les blousons etvestes, cet hiver, à trois boutons et poches plaquées en maille coupée-cousuesauront séduire des contemporains qui apprécient aussi bien de (re)voir Manhattan deWoody Allen que de lire L’Équipe.« Lamaille bouscule les codes et plaît beaucoup auxurbains qui n’ont pasl’obligation de porter un costume au travail, mais doiventtout de mêmeêtre bien habillés », abonde Mathieu de Ménonville,cofondateurdu label parisien Melinda Gloss, dont la clientèle plébiscite lesvestes blousons en laine mérinos et royal by alpaga aux finitions etjeux decôtes chics. Sergio Corneliani, directeur créatif de la marqueitalienneéponyme, parle également de « rompre la barrière entre l’habillement formel et leluxuryouterwear pourdonner naissance à des mailles raffinées aux poids trèslégers, àporter sous une veste et même sous un costume pour dédramatiserl’aspect formel ou, au contraire, des mailles très lourdes pour un usageoutdoor renouvelé, sportif mais sophistiqué en contraste avec les blousons en matériauxtechniques ».
Une nouvelle "maille des villes"
Au sein de la collection Corneliani, on trouve descardigansvolumineux à maille torsadée ou faits de patchwork de pointsdifférents, ainsi que des gilets fermés par des boutons de cornes ou unzip.Autre éclairage chez Yves Saint Laurent avec un blouson en jerseyMilano portésur un pantalon de ville en prince-de-galles, tandisqu’une version en jerseycompact à l’aspect brillant l’inscrit dans unregistre plus sophistiqué, voiresport rétro chez Prada.
L’élégance à lafois souple et structurée semble lesecret de la maille subitementpassée du côté des « pièces à manches ». Jusqu’àadopter les codesurbains et, même, les couleurs de la ville avec une fortedominance degris. Pour autant, certains modèles conservent un côté technique ensedoublant de tissu performant, de micropolaire ou de flanelle matelasséepourêtre ultrachauds et couper du vent, à l’instar des propositions dela marqueitalienne Esemplare (en vente chez Merci). Une nouvelle « maille des villes » à suivre de très près, donc. Surtout qu’elles’illustre égalementdans le caban, le duffle-coat et la parka. Eux aussijolimentrenouvelés grâce au coupé-cousu.
Le sous-pull prend le dessus
Au fil des défilés de la saison, toutes ces mailles fines glisséessous des vestes en remplacement de chemises rappellent des modes que les moinsde 30 ans ne connaissent pas.En premier, le style Pierre Cardin au milieu des années 1960, puisles minets du Drugstore et tous les abords de Janson de Sailly… À l’écran, c’estSean Connery dans quelques vieux James Bond, voire Paul Michael Glaser et DavidSoul dans la série Starsky et Hutch à partir de 1975. Plusrécemment, l’artiste Philippe Katerine qui surjoue le style vestimentaire rétrodans ses apparitions, à la ville comme sur scène, a remis en lumière ces hautsmoulants qui étaient tricotés avec des fils plutôt chimiques à l’origine. Enversion 2011, le sous-pull ne retient que l’aspect très coloré de son passé.Dans nombre de collections, il éclaire de ses tonalités vives une silhouetteplus sombre. Parfois, il joue les twin-sets en se coordonnant à un cardigan ou àun gilet. Partout, il est tramé de laine ou de cachemire ce qui permet de leporter à même la peau sans qu’il pique. Exactement comme une chemise