• 29/03/2022
  • Par binternet
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A la recherche de Martin Margiela<

C’est l’histoire insensée d’un couturier qui a su faire de son nom un pilier de l’histoire de la mode tout en se construisant dans l’absence et dans le mystère absolu. Martin Margiela reste une des personnalités les plus influentes de la création contemporaine et un parfait inconnu. Son aura s’est toujours mesurée à l’aune de son invisibilité.

Depuis ses débuts fulgurants, et en trente ans de carrière, le Flamand n’a jamais montré son visage au public. En dehors de ses collaborateurs et de ses amis, personne ne le connaît. On dit que sa gentillesse n’a d’égale que son inflexibilité et qu’à 60 ans il est toujours aussi beau qu’à ses débuts. De quoi continuer d’alimenter sa légende.

Dans les écoles, les jeunes stylistes se racontent l’histoire de ce pionnier de la mode belge – il a créé Maison Martin Margiela avec Jenny Meirens, à Paris, en 1988, et l’a quittée en 2009, quelques années après sa vente au groupe Diesel – comme pour se rappeler qu’une création libre et audacieuse ne supporte pas les compromis.

Confronté à son héritage

Huit ans après la fin de son activité dans la mode, Martin Margiela continue de susciter la curiosité de tous. Les musées, convaincus de la résonance actuelle de son œuvre, se mettent à décrypter son approche radicale et conceptuelle. À Anvers, le public vient ainsi de redécouvrir ses « années Hermès » – exposition qui montre les années 1997-2003, durant lesquelles il dirigeait les collections femme de la maison de luxe – tandis que le Musée Galliera, à Paris, prépare sa première rétrospective française pour mars 2018.

A la recherche de Martin Margiela

Depuis 2009, on avait cru sa disparition définitive. Le Flamand avait, dit-on, changé de vie et s’adonnait avec bonheur à ses nouvelles passions : la peinture et la reliure, quelque part entre la campagne belge, le 10e arrondissement parisien et les Pouilles, en Italie.

Mais, depuis quelque temps, son nom se chuchote à nouveau dans les couloirs de la mode. Son évocation s’accompagne même d’un parfum de mystère, auréolé d’excitation. Pas loin du frémissement qui précédait ses défilés des années 1990, ces moments d’anthologie entre esprit punk et minimalisme. Des signes annonciateurs de son retour sur la scène ? Une chose est sûre : sa création a toujours parlé pour lui et le jeu ventriloque s’est remis en mouvement.

À travers les expositions qui lui rendent hommage et quelques interventions furtives, Martin Margiela se confronte à son héritage. À sa manière, backstage. Sans son accord ni sa participation active, l’exposition « Margiela, les années Hermès », à Anvers, n’aurait pas eu lieu. Non pas que l’homme contrôle ses archives – au contraire, il a tout laissé en friche à son départ – mais personne n’imagine un projet autour de lui, sans lui. Le curateur Olivier Saillard, à l’initiative de sa rétrospective à Galliera, raconte que le Flamand – qu’il ne connaissait pas avant de lui soumettre ce projet – a tenu à venir lui-même lui présenter son travail à travers des vidéos de ses défilés « afin d’expliquer ce qui échappe à l’œil ».

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