• 10/11/2022
  • Par binternet
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Hedi Slimane se livre en exclusivité dans le dernier numéro de Vogue Paris<

Vous avez été à la tête de Dior Homme, de Saint Laurent et aujourd’hui de Celine, trois maisons aux identités très spécifiques. Vous avez néanmoins réussi à y développer au fil des années un style cohérent, très identifié, en l’occurrence le vôtre. Une émancipation ou une liberté que certains voient comme une digression par rapport aux pedigrees de ces maisons. Qu’est-ce que cela vous inspire ?"Les maisons de couture ne sont pas des hôtels de luxe où l’on prend ses habitudes. Elles sont incarnées avec intégrité. Le couturier, à ne pas confondre avec un bureau de style, imprime sa personnalité, son engagement, et son style identifiable à condition, naturellement et préférablement, qu’il en ait un. Cela ne l’empêche pas, comme un réalisateur dont on reconnaît le style, d’avoir un script, ce que vous appelez le pedigree des maisons. Quand, a contrario, il n’y a pas l’ombre d’un style personnel, il y a toujours l’option, pour exister, d’usurper méthodiquement l’identité stylistique et la vision de son prédécesseur. C’est délicieusement pathétique et divertissant pour tout le monde, mais c’est surtout un autre métier dont j’ignore le nom."

Bernard Arnault a déclaré qu’il visait un chiffre d’affaires de deux à trois milliards d’euros pour Celine d’ici cinq ans. Vivez-vous son ambition et cette foi en vous et votre talent comme une pression ?"De mon point de vue, l’ambition partagée c’est la place de la maison Celine redéployée, et ce qu’elle peut représenter sur le long terme. Il n’y a pas qu’une approche chiffrée mais patrimoniale, la création de valeur intrinsèque, le rayonnement, le champ culturel sur le long terme. Il s’agit de poser des fondations solides, comme du reste je l’ai fait précédemment chez Dior ou Saint Laurent. Maintenant, la pression c’est mon quotidien depuis vingt ans, je reste concentré sur l’essentiel, la création."

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À quoi ressemble le processus de création d’une collection ? Qu’est-ce qui vous inspire ?"Toujours de parfaits inconnus. Le coup de foudre en d’autres termes et au figuré pour une fille ou un garçon qui constitue un Polaroid saisonnier. Je poursuis en parallèle mes recherches sur le vestiaire parfait. Je retravaille un milliard de fois mes classiques, saison après saison. C’est là encore une forme d’artisanat."