Le décor. Décidément, la mode veut jouer. Dans les jardins des Tuileries, à Paris, un jeu de l’oie géant, reproduit sur 1000m3 de volume, sert de décor pop à la nouvelle collection printemps-été de la maison de l'avenue Montaigne. Il est inspiré par Le Jeu de l'absurde, œuvre créée en 1965 par l'Italienne Anna Paparatti. En confiant à cette figure de la scène artistique des années 1960 la scénographie du défilé prêt-à-porter Dior printemps-été 2022, Maria Grazia Chiuri est ainsi fidèle à ses habitudes de mettre à l'honneur une créatrice féministe. Et à l'heure où l’enthousiasme des modes de vie pré-pandémiques revient, la directrice artistique entend également questionner le «monde nouveau» sous le prisme de ce jeu de hasard qui comprend 63 cases et quelques pièges avant d'atteindre le bout de la spirale.
L'allure. Il y a un regard dans le rétro dans ces jeunes filles en robe chasuble et bottines plates à bouts carrés. L'exploration nous mène au début des années 1960, époque où la minijupe et les couleurs franches et vitaminées se portent en majesté. Cette période synonyme de grands changements dans le vestiaire féminin s'imprime aujourd'hui sur le podium de Dior à travers une garde-robe pêchue. La créatrice décline le colorama pop et juteux (mandarine, vert gazon, citron, framboise...), le mauvais genre des coupes boxy, les manteaux épurés, les bottes plates montantes (ici, portées avec des petites jupes) et les babies à plusieurs brides. On retrouve certaines de ces pièces texturées dans des broderies 3D et dans des Nylon qui réinventent les volumes. En bref, une garde-robe complète pour réinventer les sixties.
L'accessoire. La chaussure plate. La créatrice applique cette formule à toutes ses silhouettes de prêt-à-porter. Comme pour signifier que dans ce nouveau jeu de la mode post-pandémique s'opère le glissement esthétique d’une femme conquérante en talons hauts à une allure moins entravée, marquée par la liberté, l’expérimentation et la rébellion.