• 27/08/2022
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Plongée dans les coulisses de la vente aux enchères d'Artcurial Motorcars<

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Une Ferrari 335 S Scaglietti vendue aux enchères lors du salon Rétromobile en 2016. (DR/Artcurial Motorcars)

La maison Artcurial Motorcars organise dimanche à Paris ses enchères annuelles. Plongée comme si vous étiez dans les coulisses de préparation d'une vente qui proposera aussi bien une Méhari à 6 000 € qu'une Aston Martin Zagato Coupé à 600 000 €.

Stéphane Barbé 19 octobre 2021 à 08h30
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L'intérêt d'une vente d'automobiles de collection aux enchères ne se juge pas forcément en nombre de zéros au coup de marteau. Loin des millions d'euros d une Ferrari 250 GTO ou une Bugatti Type 59 Sports, le rendez-vous annuel d'Artcurial Motors - Automobiles sur les Champs - sera dimanche un heureux mélange des genres. Quelques voitures vedettes : une Aston Martin Zagato Coupé, une rare Citroën BX 4TC Groupe B de rallyes, une authentique Subaru Impreza Groupe A WRC ex-Vatanen, entre 350 000 et 650 000 euros. Mais aussi des modèles plus abordables, autour de 10 000 à 15 000 € (mise à prix) : une Fiat 500L de 1971, une... Ford T Torpédo de 1923 (!), une Simca P60 Plein ciel et tout un catalogue de Citroën (2 CV, DS, CX, Méhari...) à faible kilométrage. Il y aura là la collection d'un grand patron français qui se retire et veut réduire un peu son volume. Ou les autos d'un propriétaire de chevaux yearlings : son mécano part à la retraite et il n'est pas sûr d'en retrouver un avec le même attachement à ses mécaniques...

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« Pour cet événement, explique Matthieu Lamoure, directeur d'Artcurial Motorcars (450 voitures vendues aux enchères par an), nous sommes chez nous, dans notre garage des Champs-Élysées à Paris : nous pouvons donc nous permettre d'intégrer à la vente des voitures populaires en plus grande proportion que lors de notre vente au salon Rétromobile, par exemple. » Lamoure tient beaucoup à ce choix assez large dans ses ventes, pour correspondre à toutes les bourses et tous les goûts : « Ce n'est pas une passion réservée aux riches, elle est partagée par toutes les classes sociales, du petit garagiste qui a restauré durant des mois sa Renault 8 Gordini jusqu'aux grands patrons, aux stars de cinéma ou aux princes qui s'offrent les modèles les plus rares. Pour 20 000 €, vous pouvez espérer rouler en Jaguar ; pour 40 000 €, en Ferrari ou en Rolls Silver Cloud II ! C'est moins qu'une berline haut de gamme moderne... Le vrai frein, c'est l'idée faussée du coût de l'assurance ou du manque de pièces détachées : pour Jaguar, on en refabrique partout en Angleterre, pas plus chères que pour une BMW neuve. »

« Ce que l'on aime, ce sont de belles batailles d'enchères (...) Les gens qui enchérissent sont un peu joueurs. Quand vous levez le doigt, l'auto vous appartient pendant un court instant, jusqu'à l'enchère suivante.

Plongée dans les coulisses de la vente aux enchères d'Artcurial Motorcars

Pierre Novikoff, directeur adjoint d'Artcurial Motorcars

L'ordre du catalogue a aussi son importance pour l'ambiance le jour de la vente, qu'animera Hervé Poulain (commissaire-priseur, il a vendu sa première voiture en 1973). « Le choix réclame toute notre attention et de grands débats ! précise Pierre Novikoff, directeur adjoint d'Artcurial Motorcars. C'est une alchimie qui imprimera le rythme. La règle est de ne jamais séparer une collection car sa présentation groupée est aussi une forme d'hommage à lui rendre : à la fin de la vente, elle sera dispersée... C'est le fantasme de beaucoup de collectionneurs, ils rêvent de vendre le tout à un autre mais ça n'arrive jamais ! On ne retrouve pas une personnalité strictement identique, avec exactement les mêmes goûts pour les mêmes voitures. » « Hervé mettra autant de passion à vendre une Méhari que la Mercedes 600 ex-Trintignant, continue Matthieu Lamoure. Pourquoi a-t-on mis la Méhari en premier, par exemple ? Parce que 6 000 à 10 000 € sans prix de réserve, c'est rien ! Un cadeau ! On sait donc tout de suite qu'elle va dépasser les estimations et mettre de l'ambiance dans la salle. Une DS Pallas ou une SM derrière, c'est pareil ! Tout le monde en veut ! »

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« Et ce que l'on aime, ce sont de belles batailles d'enchères, justifie Pierre Novikoff. Ça, c'est fantastique ! Même si notre plaisir est sur scène avec le public dans la salle, cela fonctionne également avec les gens au téléphone car souvent, nous savons qui ils sont. Les gens qui enchérissent sont un peu joueurs. Quand vous levez le doigt, l'auto vous appartient pendant un court instant, jusqu'à l'enchère suivante. Même des chefs d'entreprise se grisent à avoir été furtivement et successivement "propriétaire" d'une douzaine de belles voitures, le temps d'un après-midi.. »

« Il y a un état psychologique un peu second chez le vendeur, l'acheteur et même parmi les commissaires-priseurs, reconnaît Matthieu Lamoure. Les gens qui ont déjà acheté restent car c'est un spectacle : on s'amuse, il m'arrive même de chanter ! Pierre livre des petites anecdotes sur la voiture, on fait rêver même ceux qui ne pourront pas se l'offrir ou l'ont déjà vue dans l'exposition précédant la vente. »

Il reste les mythes de la vente aux enchères... L'appartenance, « même si Hallyday ne garantit pas de faire 200 % de plus ou Delon, 300 %. On n'en sait rien au départ. C'est très subjectif », alerte Pierre Novikoff. Quant à la sortie de grange, la voiture abandonnée aux poules au milieu des bottes de paille, elle existe bel et bien encore : « Il y a une certaine logique à cela, justifie Pierre Novikoff. La France a eu beaucoup de voitures partout et fut longtemps un pays rural aussi. » Pour qu'il y ait des sorties de grange, il faut des voitures... et des granges ! « Il y en a moins à New York, remarque Matthieu Lamoure. Mais Monaco est rempli de voitures des années 1960, 1970 ou 1980, recouvertes de poussière dans les boxes des parkings souterrains. »

3 mises à prix

Citroën 2CV 1954, entre 15 000 et 20 000€

Citroën 2CV 1954 (DR/DR)

En matière de 2 CV, c'est l'année de la voiture qui sera le déclencheur d'achat : on veut l'une des premières « Deuche ». Sur le million de voitures anciennes recensées par la Fédération française des véhicules d'époque (FFVE), la marque la plus importante en volume est Citroën (2 CV, DS, CX) avec une moyenne de 18 000 € par voiture. « Citroën demeure dans le coeur des Français », souligne Matthieu Lamoure, le directeur d'Artcurial Motors.

Mercedes 600 1968, entre 110 000 et 140 000€

Mercedes-Benz 600 1968 (G.Bissattini/DR)

Cette Mercedes 600 limousine de 1968 ayant appartenu à l'acteur Jean-Louis Trintignant apparaît pour la première fois sur le marché des voitures de collection. Elle provient d'une grosse collection en Italie, où Trintignant est très populaire. Si le facteur « appartenance » joue un rôle, il ne prime toutefois pas forcément sur l'état de la voiture, qui déterminera toujours l'estimation de départ.

Subaru Impreza WRC Prodrive 1993, entre 450 000 et 650 000€

Subaru Impreza WRC 1993 (S.Jane/McKlein.de)

Cette Subaru Prodrive groupe A de la grande époque du team de David Richards a été pilotée par Ari Vatanen et Richard Burns (châssis 004). Introuvable en petites annonces. Son authenticité et son palmarès sont certifiés : « Sur les modèles de rallye, il y a beaucoup de trafic, alerte Matthieu Lamoure, notamment sur cette authenticité du châssis ; nous faisons tout un travail de recherches pour la garantir. »

publié le 19 octobre 2021 à 08h30