• 29/09/2022
  • Par binternet
  • 713 Vues

Festival d'Angoulême : découvrez la première case des BD en lice pour le Fauve d'or<

Quarante-six titres se disputent cette année le Fauve d'or, le prix du meilleur album décerné lors de la 49e édition du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême qui se déroulera du 27 au 30 janvier 2022. D'ici l'annonce du palmarès, le JDD vous invite à découvrir, chaque jour, la première case de l'un d'entre eux - ou une autre plus significative -, décryptée par son auteur, son éditeur ou son traducteur.

"Ressentir ses mouvements de l'intérieur"

1/46 - Case extraite du "Fil d'Ariane, récit d'une trahison". Par Nadja. Actes Sud BD

"Un cadrage très serré nous fait d'emblée entrer dans le corps, ressentir ses mouvements de l'intérieur. C'est une femme qui avance, décidée, en passant de la lumière à l'ombre, puis à la lumière. Le couloir qu'elle traverse préfigure le parcours qu'elle fera dans le labyrinthe de son inconscient. Les cheveux longs qui balaient ses épaules, son premier geste sera de les couper, comme on lâche les amarres. La matière de la gouache, employée d'une façon presque expressionniste, souligne le côté charnel du récit, où il s'agira d'être comme l'héroïne, entraînée dans sa quête, à la recherche de son double antique, pour comprendre ses propres errements." Par Nadja

Le fil d'Ariane, récit d'une trahison, Nadja. Actes Sud BD, 180 pages, 26 euros.

"La promesse de la délivrance"

2/46 - Case extraite de "Fox-Boy T. 2, La nuit trafiquée". Par Laurent Lefeuvre. Komics Initiative

"La première case de Fox-Boy tome 2 est aussi une page complète 'splash page', comme on dit dans les comics. Elle fait office de rappel de l'épisode précédent, qui avait laissé lecteurs et héros en plein suspense. J'aime l'idée de cette femme centrale qui passe devant le héros pour nous toiser, mise en valeur par le texte 'Quelques instants plus tôt' dont la forme en triangle est une flèche qui la désigne. Le tout sonne comme la promesse de la délivrance de la fin du tome précédent : 'À suivre!'" Par Laurent Lefeuvre

Fox-Boy T. 2, La nuit trafiquée, Laurent Lefeuvre. Komics Initiative, 160 pages, 22 euros.

"Cette case donne une idée de sa personnalité"

3/46 - Case extraite d'"Ecoute, jolie Márcia". Par Marcello Quintanilha. Éditions çà et là.

"Écoute, jolie Márcia est une histoire dans laquelle chaque action est motivée par l'amour, l'amour maternel. Cette case, où l'on peut voir Márcia aider à faire naître un bébé en plein milieu de la rue, donne une idée de sa personnalité, de la nature de ses choix et d'où elle tire la force nécessaire pour sauver sa propre fille." Par Marcello Quintanilha

Écoute, jolie Márcia, Marcello Quintanilha. Éditions çà et là, 128 pages, 22 euros.

"Dépeindre un avenir à l'aspect criard et confus"

4/46 - Case extraite d'"Un visage familier". Par Michael DeForge. Atrabile.

"Un visage familier s'ouvre sur une pleine page, et le début d'une explication sur le fonctionnement du monde que présente le livre, un monde où les corps, les habitations et les vies des gens sont tous soumis à diverses forces d'optimisation et d'automatisation. J'ai voulu dépeindre un avenir à l'aspect criard et confus, et j'ai conçu l'aspect des immeubles en me basant sur le design de bouts de baskets - des designs qui sont d'un côté familiers et séduisants et d'un autre complètement insolites et bizarres." Par Michael DeForge

Un visage familier. Par Michael DeForge. Atrabile. 176 pages, 17 euros.

"Ici commence le voyage"

5/46 - Case extraite de "MégaFauna". Par Nicolas Puzenat. Sarbacane.

"Ici commence le voyage de Timoléon et Pontus. L'un enthousiaste, l'autre pessimiste. Ethnologues malgré eux, ils traversent les terres déshéritées de leur pays pour aller à la rencontre d'une autre espèce humaine : les descendants de Neandertal, qui vivent retranchés derrière leur immense muraille. En créant ces deux personnages, je crois que je songeais à d'autres duos qui m'ont marqué : Candide et Pangloss, Bouvard et Pécuchet, ou Daniel et Peachy, dans L'Homme qui voulut être roi, de Kipling." Par Nicolas Puzenat

MégaFauna. Par Nicolas Puzenat. Sarbacane. 92 pages, 18 euros.

"J'aime les peintures faites avec plaisir"

6/46 - Un soir de fête. Par Nina Lechartier. Magnani.

"Je n'aime pas le réalisme, je préfère les univers fantastiques, historiques, gothiques… Je trouve que c'est un biais plus intéressant et subtil pour raconter la réalité, par rapport au fait de la décrire platement. Ce livre, ce sont des histoires fantastiques, mais qui racontent ma vision du monde au moment où je les ai conçues. J'aime les peintures faites avec plaisir, avec des beaux contrastes de couleurs et un côté un peu 'sale'". Par Nina Lechartier

Un soir de fête. Par Nina Lechartier. Magnani. 96 pages, 20 euros.

"Se préparer à un voyage intense"

7/46 - Alerte 5, par Max de Radiguès. Casterman.

"La première case d'Alerte 5 est une petite case sans prétention. Mais elle met directement le lecteur sur la piste du récit spatial. On a tous vu ces images lors de décollages, dans des documentaires, films ou bandes dessinées, un groupe d'astronautes dans leurs combinaisons font un dernier signe d'au revoir avant de monter dans leur fusée. Dès la première case, le lecteur sait qu'il va falloir attacher ses ceintures et se préparer à un voyage intense et un dépaysement radical. Par Max de Radiguès

Alerte 5. Max de Radiguès. Casterman. 192 pages. 15 euros.

"Une période de bouleversements"

8/46 - Walk Me to the Corner, Anneli Furmark, Çà et là

"Dans cette case, Elise et Dagmar sont dans une gare. C'est seulement la deuxième fois qu'elles se rencontrent. Avant cette scène, elles ont surtout communiqué par textos. Elles ont toutes deux la cinquantaine et sont toutes deux mariées, Elise avec un homme, Dagmar avec une femme. Elise a toujours considéré son mariage avec Henrik comme harmonieux, et peut-être même un peu plus heureux que les autres. Ils ont deux enfants adultes. Quand Elise rencontre Dagmar, tout change, et une période de bouleversements, de douleurs et de difficultés commence. Mais il y aura aussi des moments de grande joie." Par Anneli Furmak

Walk Me to the Corner, Anneli Furmak. Çà et là. 232 pages, 20 euros.

"Le décor est un acteur"

9/46 - La Vie souterraine, Camille Lavaud Benito, Les Requins Marteaux

"On voit ici le publicitaire Gabor Varga, dans son bureau. Ce cadrage cinématographique et cette posture dissimulée indiquent tout de suite le caractère charismatique et mystérieux de cet antihéros. J'ai construit l'environnement de cette case comme un décorateur de cinéma. Chaque objet a été 'chiné' dans l’histoire des Arts décoratifs. 'Le décor est un acteur' : ce terme d'André Bazin à propos du film Le jour se lève de Marcel Carné est devenu un mot d’ordre pour la construction de l’ensemble de la BD." Par Camille Lavaud Benito

La Vie souterraine,Camille Lavaud Benito. Les Requins Marteaux. 96 pages, 26 euros.

"Une série télévisée loufoque"

10/46 - L'Américain, Loïc Guyon, Sarbacane

"Cette case et pleine page ouvre le premier épisode (dans l'album) de The American, une série télévisée loufoque dont l'Américain est le héros éponyme. On y découvre une mégalopole américaine typique aux allures cartoonesques, au sein de laquelle déambule nonchalamment notre héros, pointé par un encart. La planche s'affiche en couleur sur un rouge fort et tranche avec la mystérieuse introduction en noir et blanc qui la précède. Le récit se développera ensuite selon ce principe d'alternance entre planches noir et blanc et planches couleur. Chacune des premières pages de ces épisodes en couleur est construite selon le même schéma. On peut y lire le nom du producteur, Mega Studio, le titre d'épisode ainsi que le nom du mystérieux auteur de la série : F. James…" Par Loïc Guyon

L'Américain. Par Loïc Guyon. Sarbacane. 240 pages, 26 euros.

"Des récits des résistants de la première heure"

11/46 - Des vivants, par Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussi

"'J'ai répété ce que j'ai entendu, l'histoire est finie' : l'ethnologue Germaine Tillion cite cette formule traditionnelle sur Radio Paris en 1937. Nous ouvrons notre livre avec ces mots ; nous le fermerons, 250 pages plus tard, avec les mêmes. Dans Des vivants, nous répétons aux lecteurs d'aujourd'hui ce que nous avons entendu des récits des résistants de la première heure qui ont créé le Réseau du musée de l'Homme. Le choix des couleurs non réalistes montre clairement qu'il ne s'agira pas de faire de la BD historique 'traditionnelle' mais bien de poser notre regard d'artistes sur ces destins méconnus de femmes et d'hommes qui ont osé dire non." Par Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin

Des vivants. Par Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin. 2024. 260 pages, 29 euros.

"Maman est disponible pour en cueillir d’autres"

Festival d'Angoulême : découvrez la première case des BD en lice pour le Fauve d'or

12/46 Maman amoureuse de tous les enfants, de Lucas Méthé (Actes Sud BD)

"Une dame est assise dans l'herbe, si l'on en croit le titre elle s'appelle Maman et s'apprête à aimer tous les enfants. Quels enfants? Dans l'arbre en voilà déjà deux, on ne le sait pas encore mais il s'agit de son fils et de sa petite amie. Donc, ces deux-là savent se débrouiller seuls, ne sont peut-être plus vraiment enfants ; Maman est donc disponible pour aller en cueillir d'autres dans les paysages qui sont derrière elle. C'est la campagne, ce ne sera peut-être pas peuplé de milliards d'enfants ; mais si on en trouve une ou deux douzaines ça sera un peu tous les enfants tout de même." Par Lucas Méthé

Maman amoureuse de tous les enfants. Par Lucas Méthé. Actes Sud BD. 112 pages, 22 euros.

"Une jeune employée qui est également une extraterrestre"

13/46 Daruchan, de Lemon Haruna (Le Lézard Noir)

"Ce manga s'ouvre sur le personnage principal qui se présente. Car pour que le lecteur comprenne l'histoire, il fallait que je partage avec lui les caractéristiques un peu spéciales de l'héroïne : une jeune employée de bureau qui est également une extraterrestre venue de la planète Darudaru. Quand j'ai expliqué ça à mes proches, personne n'a compris. Mais une fois que le manga a commencé à être publié, plus on avançait dans l'intrigue, plus des lecteurs me disaient que cette histoire, c'était exactement la leur, et ce fut une expérience aussi émouvante qu'inattendue. J'espère que ce manga vous plaira à vous aussi." Par Lemon Haruna (trad. Miyako Slocombe)

Daruchan, par Lemon Haruna. Le lézard noir. 216 pages, 16 euros

"Chacun traîne son spleen"

14/46 Cheese, de Zuzu (Casterman)

"Voici les trois personnages de Cheese : Dario, Riccardo et Zuzu, l'héroïne (qui porte le même nom que l'autrice), sont en train de déguster une glace. Mais derrière les postures alanguies, la complexité de ces jeunes dans la vingtaine va vite se révéler au lecteur. Car chacun traîne un spleen, un mal-être chronique dont il n'est pas toujours facile de parler... Avec son trait brut qui se joue parfois des conventions graphiques, l'italienne Zuzu a publié à 23 ans ce premier livre d'une troublante maturité." Par l'éditeur Gaëtan Akyüz

Cheese, Zuzu, Casterman. 272 pages, 23 euros.

"Ça sent la poudre"

15/46 Le Tambour de la Moskova, de Simon Spruyt (Le Lombard)

"En une seule case, nous voici déjà engagés dans l’armée napoléonienne en Russie. Ça sent la poudre, la crasse, la fatigue. On ressent le poids des armes et du barda que ces soldats traînent depuis trop longtemps. On comprend que ce récit sera sans concession et que nous allons vivre cette campagne atroce de l’intérieur, à leurs côtés. Cette case témoigne aussi des choix audacieux que pose Simon Spruyt, que ce soit en matière de graphisme ou de narration, promettant une lecture de grande qualité." Par l'éditeur Mathias VincentLe Tambour de la Moskova. Simon Spruyt. Le Lombard. 120 pages, 19,99 euros.

"Suivre la mystérieuse forme flottante"

16/46 Dédales, tome 2, de Charles Burns (Cornélius)

"Dans cette première image, on retrouve l'énigmatique cerveau-pieuvre qui revient comme un motif de la série Dédales. L'étrange ovni sème des cocons sur un sentier sinueux menant à une forêt sombre. Cette image agit comme une invitation, Charles Burns nous pousse à suivre la mystérieuse forme flottante et à nous enfoncer dans les bois où il veut nous perdre. Il plante ici le décor de ce second tome plongeant le lecteur dans un état d'incertitude et d'attente." Par l'éditeur Jean-Louis GautheyDédales, tome 2. Par Charles Burns. Cornélius. 64 pages, 22,50 euros.

"Focus sur le père dominant et le fils suiveur"

17/46 Sous les galets, la plage, de Pascal Rabaté (Rue de Sèvres)

"Dans cette première case, c'est comme si un drone survolait la scène. Tout est en place. Le cartouche donne l'année : 1962. La voiture et les vespasiennes posent l'époque. Et la banderole indique le nom d'un petit village de province. J'ai préféré mettre "Kertudy" et non Loctudy, pour ne pas avoir à justifier les libertés architecturales que j'ai pu prendre… Nous sommes dans une brocante ; ce qui évoque la flânerie et l'arrière-saison. Mais le plus important, ce sont les deux personnages au centre de l'image. Je mets le focus sur eux en les faisant passer de l'ombre à la lumière. Le père dominant et le fils suiveur. Même stature, mêmes habits blancs. Le destin du deuxième semble déjà tout tracé. A gauche, pourtant, on aperçoit un brocanteur qui, le lecteur l'apprendra plus tard, fait du recel. Ce personnage fera tout vriller…" Par Pascal Rabaté

Sous les galets, la plage. Par Pascal Rabaté. Rue de Sèvres. 152 pages, 25 euros.

"Cette dualité entre lumière et obscurité"

18/46 Sensor, par Junji Itô (Mangetsu)

"Cette case située au tout début de l'histoire dépeint l'héroïne en proie aux nuées de filaments d'or qui vont hanter tout le volume. Comme toujours, chez Junji Ito, elle se démarque par la clarté et la finesse de sa mise en scène. Par des personnages qui assistent entre fascination et répulsion, tel le lecteur, à l'envolée de l'horreur au creux du quotidien, à l'immensité cosmique et mystique du récit, dans un jeu de noir et blanc incarnant cette dualité entre lumière et obscurité qui fait tout le sel de l'ouvrage." Par la traductrice Anaïs Koechlin

Sensor. Par Junji Itô. Mangetsu. 240 pages, 14,90 euros.

"Dans la demeure du plus extravagant des Immortels "

19/46 Teenage mutant Ninja Turtles, tome 14. Le Procès de Krang, par Eastman, Waltz, Wachter et Smith (HiComics).

"Bienvenue dans la demeure du plus extravagant des Immortels : le Baron Crapaud. Dans cette première case haute en couleur de Dave Wachter, les domestiques du Palais des plaisirs s'affairent aux préparatifs de la grande réunion du Panthéon, une famille d'Immortels pour qui humains et mutants ne sont que des pions à manipuler selon leur bon plaisir. Leonardo, Michelangelo, Raphael et Donatello s'inviteront à la fête, avant de se téléporter dans la dimension X pour assister au procès de l'infâme Krang, alien génocidaire et ennemi légendaire des Tortues Ninja." Par l'éditrice Julie Légère.Teenage mutant Ninja Turtles, tome 14. Le Procès de Krang, par Eastman, Waltz, Wachter et Smith, HiComics. 176 pages, 15,90 euros.

"Une femme qui avait mis deux univers en contact"

20/46 Le Rêve de Malinche. Gonzalo Suárez et Pablo Auladell (Les Editions de la Cerise)

"Malinche est ici un axe entre deux mondes, presque un seuil. Je me souviens que Gonzalo avait souligné à plusieurs reprises, lors de nos entretiens sur le projet, que ce qui l’avait le plus fasciné chez ce personnage était probablement son rôle de médiatrice à travers la parole : une femme qui, par le truchement de la parole, avait mis deux univers en contact. Un des buts de Gonzalo était de chanter cette parole poétique qui, d’une façon si dramatique, si passionnée, à la fois belle et terrible - mais n’est-ce pas la même chose? - et avec des conséquences colossales, avait joint deux lectures différentes du monde. " Par le dessinateur Pablo AuladellLe Rêve de Malinche. Par Gonzalo Suárez et Pablo Auladell. Les Editions de la cerise. 172 pages, 24 euros.

"Un homme qui semble avoir traversé quelque chose de terrible"

21/46 Les mystères de Hobtown, tome 2. L'Ermite maudit. Par Kris Bertin et Alexander Forbes (Pow Pow)

"Dès la première case de L'Ermite maudit, on montre le personnage-titre, un homme mal en point, exténué et qui semble avoir traversé quelque chose de terrible. Cette image qui intrigue tout de suite le lecteur incite ce dernier à entamer sa lecture, afin de connaître l'histoire de ce mystérieux homme que l'on surnomme "l'ermite maudit". Par l'éditrice Chloé LegaultLes mystères de Hobtown, tome 2. L'Ermite maudit. Par Kris Bertin et Alexander Forbes. Pow Pow. 192 pages, 19 euros.

"L'arrivée sur le lieu-dit où j'ai grandi"

22/46 Du Bruit dans le Ciel, de David Prudhomme (Futuropolis)

"Juin 2021. Je parle à mon fils, avec moi en voiture sur un pont enjambant la rocade de Châteauroux. Cette case signe l'arrivée au terme de 4 heures de route sur le lieu-dit où j'ai grandi, où habitent encore mes parents : Grangeroux. On devine des chevaux. Le livre finit quand on repart. Entre les deux, une boucle temporelle comme on en vit à chaque fois qu'on revient et quitte les lieux de son enfance. Les souvenirs affluent, la perception qu'on en avait se réajuste à la métamorphose du réel. Suspens!" Par David PrudhommeDu bruit dans le ciel. Par David Prudhomme. Futuropolis. 208 pages, 25 euros.

"Mise en abîme"

23/46 L'hiver de Tulipe, Par Sophie Guerrive (2024)

"Cette case fait partie de la première planche de l'album. Elle représente Violette, l'un des personnages principaux. Elle est celle qui entraîne le plus de mise en abîme dans les albums puisqu'elle écrit elle-même des histoires, des poèmes, et commente ce processus. Presque tous les albums de Tulipe commencent ou finissent avec un poème de Violette. Ce qu'elle dit ici, on peut le lire de deux manières opposées : les auteurs sont des charlatans qui disent n'importe quoi, ce qui est vrai, mais l'écriture est aussi un champ de liberté infini, qui ne doit faire peur à personne. La série Tulipe, avec ses histoires très courtes et à peine connectées les unes aux autres, me permet cette liberté." Par Sophie GuerriveL'hiver de Tulipe. Par Sophie Guerrive. éditions 2024, 112 pages, 15 euros.

"Un récit où les personnages cherchent désespérément à se libérer…"

24/46 Revanche, d'Alex Baladi (The Hoochie Coochie)

"Avant cela, les dessins sont totalement libres dans le blanc de la page. Cette case est donc déjà en soi un emprisonnement. Tous les personnages sont ainsi emprisonnés par les cases. Ce sentiment d'étouffement est accentué par la présence des briques et des barreaux, grilles de terre et de métal qui encerclent le protagoniste. On retrouve ces grilles tout au long du récit, parfois sous la forme d'une barrière en bois ou de motifs sur des vêtements. Un récit où les personnages cherchent désespérément à se libérer..." Par Alex BaladiRevanche. Par Alex Baladi. The Hoochie Coochie. 240 pages, 28 euros.

"Les victimes étaient toutes des fugueuses et des femmes suicidaires"

25/46 Mauvaise Herbe, tome 4, de Keigo Shinzô (Le Lézard noir)

"Chers Français. Merci beaucoup de m'avoir nominé pour la troisième fois. Ce manga raconte l'histoire d'une interaction entre une jeune fille en fuite et un détective quelque part au Japon. Le cas décrit dans ces pages est basé sur une véritable affaire de meurtres en série qui a eu lieu au Japon. Les victimes étaient toutes des fugueuses et des femmes suicidaires qui se sont rencontrées sur des sites de réseaux sociaux. Beaucoup de choses dépeintes dans ce manga sont très douloureuses, mais j'espère y apporter un peu de lumière." Par Keigo ShinzôMauvaise Herbe, tome 4. Par Keigo Shinzô. Le Lézard noir. 192 pages, 13 euros.

"L'humour décalé d’un grand 'adulescent'"

26/46 Glenn Ganges dans le flot des souvenirs, de Kevin Huizenga (Delcourt).

"Ici se résument l'humour décalé, l'ardeur et la sensibilité d’un grand 'adulescent' qui s'attaque à une multitude de questions philosophiques et existentielles parfois loufoques. Les souvenirs et introspections s'enchaînent lorsque Glenn tente de décoder sa relation avec l'univers, cultivant sincérité et autodérision." Par la traductrice Samantha GoldfarbGlenn Ganges dans le flot des souvenirs. Par Kevin Huizenga. Delcourt. 216 pages, 29,95 euros.

"Cinq fables animalières"

27/46 Schappi, d'Anna Haifisch (Misma).

"Cette case de Schappi est une pleine page. Tout l'album a cette forme narrative avec une grande illustration et une légende en bas, à la façon des albums jeunesse, bien que le livre n'ait rien d'enfantin. On peut voir ici différentes espèces d'animaux en rang (un crocodile, un phoque, une hyène, une souris, un serpent...), bien droits devant des drapeaux de pays, tels des chefs d'Etat. En cinq fables animalières, Anna Haifisch parodie les comportements humains et dénonce la bêtise de notre monde. " Par les éditeurs El don Guillermo et EstocafichSchappi. Par Anna Haifisch. Misma. 96 pages, 18 euros.

"Un bébé élevé par des bêtes étranges"

28/46 Energies noires, de Jesse Jacobs (Tanibis)

Les livres de l'auteur canadien Jesse Jacobs regorgent de créatures bizarres et d'objets maléfiques détournant les stéréotypes du fantastique. Son quatrième album Energies noires rassemble deux récits. Le deuxième, dont est extrait la case, relate l'histoire d'un bébé élevé par des bêtes étranges. De son dessin méticuleux et précis, Jesse Jacobs y dépeint des créatures pathétiques dont il nous donne à voir le cycle de vie, à la fois merveilleux et répugnant. Mais les monstres ne sont en fait peut-être pas ceux que l'on croit…" Par le traducteur MadaniEnergies noires. Par Jesse Jacobs. Tanibis. 64 pages, 16 euros.

"Un ado lambda insatisfait de sa condition"

29/46 Le Jeune Acteur 1. Aventures de Vincent Lacoste au cinéma, de Riad Sattouf (Les livres du futur)

"Cette première case illustre l'origine de toute l'histoire du livre : les rêves d'un adolescent lambda insatisfait de sa condition d'adolescent et l'espoir qu'il met dans l'avenir. Toute l'histoire qui suit découle de ce moment apparemment sans intérêt. La frustration décrite dans cette case, désirer être quelque chose mais être en fait exactement l'inverse, suppose un chemin à parcourir. Je réfléchis beaucoup à mes premières cases, j'essaie de faire en sorte qu'elles happent le lecteur tout de suite!" Par Riad SattoufLe Jeune Acteur 1. Aventures de Vincent Lacoste au cinéma. Par Riad Sattouf. Les livres du futur. 140 pages, 21,50 euros.

"Soumis à un pouvoir étrange"

30/46 Panorama, de Michel Fiffe (Delirium)

"Un homme pris d'étranges tremblements dans une ville qu'on croirait tirée de films noirs américains : bienvenue dans Panorama de Michel Fiffe, avec Augustus qui, bientôt rejoint par Kim, sera pris dans une quête éperdue d'amour et d'identité. Fugueurs confrontés aumonde brutal des adultes, ils sont soumis à un pouvoir étrange qui leur fait subir des métamorphoses corporelles incontrôlables, métaphore du passage difficile à l'âge adulte mêlée aux tourments de l'horreur organique ("Body Horror") coutumière des esprits torturés du cinéaste David Cronenberg ou des mangakas Junji Ito et Suehiro Maruo. Avec autant de force que de finesse, Panorama questionne la conquête de soi dans ce qu'elle a de plus surprenant, mouvant, beau et libératoire." Par Simon Lec'Hvien (Delirium)Panorama. Par Michel Fiffe. Delirium. 128 pages, 20 euros.

"Chaque chemin que nous prenons est une nouvelle histoire"

31/46 Sur la piste, d'Henry McCausland (Presque lune)

"Sur ce dessin, nous voyons nos personnages utiliser la piste pour se frayer un chemin dans le monde. Dans leur dos, se trouve la scène précédente, devant eux se trouve la scène suivante, avec chacune leur propre microcosme. Dans cet exemple, on peut percevoir le club de cerfs-volants EURF qui tente de faire voler un cerf-volant habité vers la lune. Autour d'eux, c'est une toute autre histoire qui se déroule. L'idée de Sur la piste était d'avoir un nouveau monde, sans compétition, où chaque chemin que nous prenons est une nouvelle histoire. Chaque personne est un personnage principal, son chemin raconte quelque chose de différent, et lorsqu'enfin notre route croise la leur, on nous raconte une nouvelle aventure. Ainsi, dans cette course, ce n'est pas le but qui est important mais le chemin pour l'atteindre, ou non..." Par Henry McCauslandSur la piste. Par Henry McCausland. Presque lune. 96 pages, 22 euros

"Jeu tragi-comique et haletant"

32/46 Tunnels, de Rutu Modan (Actes Sud BD)

"Dans cette première case, un dragon-souris en furie se jette sur un petit chevalier cuirassé, dans ce qui ressemble à un dédale de cachots souterrains.On découvrira dans les cases suivantes que cette image provient du jeu vidéo auquel le fils de Nilli, l’héroïne archéologue de Tunnels, est en train de jouer.Cette case préfigure la rencontre, à la fois explosive et fraternelle, qui va survenir dans un enchevêtrement de tunnels creusés sous la frontière, entre chercheurs de trésors israéliens et contrebandiers palestiniens. On peut y lire aussi la délectation espiègle de Rutu Modan qui se glisse, magistralement, aux manettes de ce jeu tragi-comique et haletant." Par la traductrice Rosie Pinhas-Delpuech. Tunnels. Par Rutu Modan. Actes Sud BD. 288 pages, 25 euros.

"Un voyage immobile"

33/46 - Un beau voyage, de Delphine Panique (Misma)

"Cette case, nous avons compté, Delphine Panique l'a dessinée plus de 300 fois dans l'album sans faire de copier-coller sous Photoshop! Dès le début, elle annonce la couleur. On est sur une mer archi-plate, sans vent, la voile est immobile et le bateau n'avance pas. A bord du bateau représenté par un minimaliste bloc en trapèze, deux personnages : un triangle (Béber, le mousse) et un bonhomme-cacahuète (le Capitaine). Bloqués en mer, ils vont vivre un voyage immobile, grâce à leur imaginaire et aux souvenirs." Par les éditeurs El don Guillermo et Estocafich. Un beau voyage. Par Delphine Panique. Misma. 324 pages, 19 euros

"A la recherche d'un fugueur"

34/46 - Saint-Elme, Tome 1, de Serge Lehman & Frederik Peeters (Delcourt)

"Pour entrer dans une histoire, quoi de mieux qu'une vieille camionnette lancée sur une route de montagne au crépuscule, tandis qu'à l'arrière-plan une ville inconnue s'illumine? Bienvenue à Saint-Elme, petite cité thermale où pullulent les hommes de main et les grenouilles. C'est là que le détective Franck Sangaré et son assistante, l'étrange madame Dombre, débarquent à la recherche d'un fugueur. Mais la ville d'eau est aussi celle du feu, et l'enquête se transforme en voyage au bout de l'enfer…" Par Serge Lehman.Saint-Elme, Tome 1. Par Serge Lehman & Frederik Peeters. Delcourt. 80 pages, 16,95 euros.

"Désacraliser l'histoire de Gilgamesh"

35/46 - Les amants de Shamhat, la véritable histoire de Gilgamesh, de Charles Berberian (Futuropolis)

"La tour de Babel que l'on aperçoit dans cette case, c'est l'architecture mythique de la Mésopotamie. J'ai voulu représenter cet endroit comme un coin normal, avec des bateaux de pêcheurs qui viennent accoster, et peut-être même une plage. Gilgamesh et son ami Enkidu en repartent, sans s'extasier sur ce monument supposé hors norme. De la même façon, j'ai voulu désacraliser l'histoire de Gilgamesh. Je dépeins ce roi, qui se considère comme un Dieu, comme quelqu'un d'ordinaire. Un homme vieillissant, un peu fatigué, qui s'ennuie… Confronté à sa légende, il finit par essayer de devenir le héros qu'il croit être. C'est ce moment de bascule qui m'intéresse. Pour rendre sa dimension humaine, j'ai dessiné des scènes érotiques. Et Shamhat, la maîtresse des deux protagonistes, a pris peu à peu une place prépondérante dans le récit. L'emprise qu'elle a sur ses deux amants, sa force de caractère lui permettent d'arriver à ses fins et de ne pas finir assassinée par Gilgamesh". Par Charles Berberian

Les amants de Shamhat, la véritable histoire de Gilgamesh. Par Charles Berberian. Futuropolis. 128 pages, 20 euros.

"Un premier aperçu de la relation entre Alek et sa grand-mère"

36/46 La Fin de juillet de Maria Rostocka (Editions FLBLB)

"C'est un premier aperçu de la relation entre Alek et sa grand-mère ; une relation difficile et pénible, dépourvue d'amour et de la tendresse habituellement associée à l'image de mamie à la cuisine. Cette case de la quatrième page du livre permet de rentrer rapidement dans la situation oppressante dans laquelle le jeune héros passe le mois de juillet à la campagne. Ses sentiments restent cachés, pour l'instant." Par Maria Rostocka

La Fin de juillet. Par Maria Rostocka. Éditions FLBLB. 128 pages, 20 euros.

"Un thriller qui plonge dans les méandres de la psyché humaine"

37/46 Le Bateau de Thésée, tome 10, de Toshiya Higashimoto (Vega-Dupuis)

"Shin, le héros de l'histoire, se retrouve face à son père - modeste policier d'un village de campagne. Son aspect débonnaire, admirablement croqué par Toshiya Higashimoto tranche avec le terrible assassin qu'on lui décrit depuis son enfance. Le cadrage incliné, par-dessus l'épaule nous met à sa place et on ressent son malaise. S'agit-il d'un masque, que son père arbore face aux autres, ou la réalité est-elle plus complexe? Cette image résume à elle seule toute la problématique du Bateau de Thésée, ce thriller temporel qui plonge dans les méandres de la psyché humaine et les questions d'identité." Par l'éditeur Stéphane Ferrand.

Le Bateau de Thésée, tome 10. Par Toshiya Higashimoto. Vega-Dupuis. 192 pages, 8 euros.

"Mes inspirations premières : les films d'Akira Kurosawa"

38/46 Yojimbot, de Sylvain Repos (Dargaud)

"Cette case est l'illustration parfaite de ce qu'est le concept de cette série, la promesse. Des robots-samouraïs. Grâce à l'excellent travail de Noiry, la coloriste, cette case restitue à la perfection mes inspirations premières : le film de sabre d'Akira Kurosawa comme Yojimbo, Les Sept Samouraïs ou encore Ran. Et pour finir, on découvre ici l'un des designs de robot que je voulais le moins humain possible, dénué de toute expression ou de traits distinctifs afin que toute sa palette d'émotion passe uniquement par sa gestuelle." Par Sylvain ReposYojimbot. Par Sylvain Repos. Dargaud. 160 pages, 16,50 euros.

"Un moment d'innocence avant de découvrir ce qui va faire basculer sa vie en enfer"

39/46 Le Grand Vide, de Léa Murawiec (Éditions 2024)

"Mon héroïne a l'air absente dans cette première page, ce qui n'est pas représentatif de sa personnalité explosive. C'est un moment d'innocence pour elle avant de découvrir ce qui va faire basculer sa vie en enfer. Manel Naher rêve de partir avec son ami Ali pour le Grand Vide, un espace inexploré loin de la ville saturée de gratte-ciel où elle habite. Mais dès la troisième page, Manel se rend compte qu'il existe une autre Manel Naher, plus célèbre qu'elle. Et dans son monde, si notre nom est oublié, nous mourrons, tout simplement." Par Léa MurawiecLe Grand Vide. Par Léa Murawiec. Éditions 2024. 204 pages, 25 euros

"Les mésaventures tragi-comiques d'une jeune fille à qui on n'a rien dit des "choses" de la vie"

40/46 Pucelle, tome 2, de Florence Dupré la Tour (Dargaud)

"Pudibonderie et ignorance se disputent la première place chez cette jeune fille qui tombe par hasard, dans une librairie d'occasion, sur une bande dessinée de Marcel Gotlib. Quelle est cette scène incompréhensible à laquelle Blanche-Neige et les sept nains s'adonnent joyeusement? Que font-ils? Que...Hein?!!! Gneu???Lubricité honteuse, curiosité effrayée terrassent la jeune fille qui regarde pour la première fois une image grivoise : elle ne connaît rien, et s'imagine tout.Quelle audace, quel scandale, se dit-elle, hypnotisée par les effets que produisent sur sa chair ces dessins rigolards s'accouplant dans une mécanique bien huilée : celle du rire.Pucelle : quelques centaines de pages narrant les mésaventures tragi-comiques d'une jeune fille à qui on n'a rien dit des 'choses' de la vie, celles anxiogènes, violentes, ridicules et mystérieuses qui se passent en dessous de la ceinture." Par Florence Dupré la Tour"Pucelle", tome 2. Par Florence Dupré la Tour. Dargaud. 232 pages, 21 euros.

"Mais que fait ce personnage jovial dans ce train qui a pour destination Auschwitz?"

41/46 Spirou, l'espoir malgré tout, troisième partie, d'Emile Bravo (Dupuis)

"Par une belle nuit d'été de 1942, dans un doux paysage éclairé par la pleine lune, un train monstrueux, avec sa locomotive massive à trois yeux lumineux, crachant sa fumée, déchire la case et file vers l'Est en tirant ses sombres wagons ou plutôt ses voitures de passagers sans éclairage. Par-dessus le vacarme que l'on imagine, une voix d'enfant se fait entendre. C'est une petite fille qui a faim et interpelle Spirou… Mais que fait ce personnage jovial et optimiste dans ce train qui, si on a lu l'épisode précédent, a pour destination Auschwitz? Comment deux univers aussi discordants peuvent-ils coexister? C'est tout le dilemme de 'L'espoir malgré tout'." Par Emile BravoSpirou, l'espoir malgré tout, troisième partie. Par Emile Bravo. Dupuis. 116 pages, 17,50 euros.

"Deux moines se crêpent d'emblée le chignon "

42/46 Couacs au Mont-Vérité de Jean-Christophe Menu (Dargaud)

"Comme le Mont-Vérité a jadis connu une existence en noir et blanc et que cet album en reprend l'univers en couleurs et pour un public plus large, la contrainte est de (dès la première case) rassurer le fidèle lecteur, tout en donnant (durant les premières pages) les informations nécessaires au néophyte. Si ce dernier se demande ce qu'est ce paysage enneigé, cette étrange construction et ces personnages verdâtres, le lecteur familier sait qu'il se trouve au monastère du Mont-Vérité, et peut lire que deux de ses moines se crêpent d'emblée le chignon : tout va bien. Il sait aussi que les moines sont sept. Le lecteur "bleu", lui, l'apprendra en page 4. Et l'histoire est conçue non pas pour plaire à tout le monde, mais pour que chaque lecteur soit en mesure d'évaluer les enjeux de cette fable païenne et métaphysique." Par Jean-Christophe Menu.Couacs au Mont-Vérité. Par Jean-Christophe Menu. Dargaud. 64 pages, 16 euros.