Lisbonne est une ville de miradouros (belvédères). Tout se passe vu d’en haut depuis les toits et les clochers surplombant le Tage, ce fleuve doré. Bâtie sur sept collines, la capitale portugaise est à faire à pied et en electrico (tram’). Une cité à arpenter le nez en l’air mais aussi les yeux rivés au sol, pour l’art sous nos pieds, les pavés de calcaire et de basalte dessinant des mosaïques qui racontent l’histoire des caravelles, des nefs, des voyages. Ils datent de 1755, après le tremblement de terre. Les pavés sont noirs et blancs, noir comme l’habit de Saint-Antoine, patron de ville, protecteur du mariage et du bonheur conjugal. San Antonio a son église dans le quartier de l’Alfama, à côté de la Sé cathédrale. On s’y marie le jour de la San Antonio (le 13 juin), on vient y prier et allumer une bougie en son nom. Lisbonne a tout d’une ville à faire en amoureux, à la fois riche en histoire et en sites à découvrir à travers ses quartiers. L’Alfama, la Mouraria, aux ruelles escarpées, dont l’âme est dédiée au fado. Intendente, the new place to be. Les docks, quais de l’Alcântara et les monuments à la mémoire des navigateurs, monastère et palais à Bélem. Les maisons des antiquaires et les cafeterias du Bairro Alto où déguster um bica et des pasteis nata, flans à la cannelle. Lorsque le soleil brille, une lumière blanche irradie Lisbonne et fait scintiller les façades d’azulejos, ces carreaux de faïence décorés. Flâner dans Lisbonne main dans la main est un must ; entre les parcs aux arbres exotiques, les kiosques à boisson en plein air, les avenues dégagées, le marché couvert de Cais do Sodre et ses stands de food truck, les idées ne manquent pas. Avec toujours cette sensation de ville ouverte sur l’ailleurs, le lointain. Au hasard d’une rue tortueuse, le regard plonge immanquablement vers le fleuve. Lisbonne est une île, en somme. Une île créative, on parle de renaissance artistique lisboète avec les espaces culturels, nombreux, le street-art, l’architecture et l’art contemporain. Au retour des jours heureux, offrez-vous un resto-fado dans la Mouraria ou un cocktail en rooftop, la nuit portugaise est aussi belle que le jour.
Romantique, l’hôtel Solar do Castelo du XVIIIe siècle, aile du château Sao Jorge. Sa cour garnie de bassins et d’azulejos donne envie de s’y attarder au petit déjeuner, ses chambres aux jetés de lit fleuri, celle de faire la grasse matinée. Cet hôtel est un bon point de départ pour découvrir l’Alfama et la Mouraria, anciens quartiers gardés dans leur jus. Commencer par la visite du château, se balader sur les remparts, profiter de la vue à 360° sur la ville depuis le jardin, finir par l’exposition permanente sur l’histoire de Lisbonne, bâtiment veillé par des paons en liberté. Passer l’enceinte du village médiéval, emprunter la rua dos Segos bordée de murales, elle mène au largo Portas do Sol, une jolie place où passe le tram’ 28 descendant au centre ville, dans le Chiado. Samedi matin, faites un tour au marché aux puces “Feira da Ladra”, non loin de l’hôtel. C’est derrière l’église-couvent Sao Vincente de Fora. Brocante et puces, ce marché recelle de trouvailles, de quoi revisiter l’histoire du Portugal à travers des objets de la vie quotidienne, cartes postales, 33 tours, bibelots, linge de maison … mais aussi bric à brac et vide grenier. Le dôme du Panthéon National se dessine en contrebas. L’on y verra un hommage à Vasco de Gama, premier navigateur à arriver aux Indes en contournant le Cap de Bonne Espérance et à Luis de Camoes, poète de la même époque. Amalia Rodrigues, la diva du fado qui fut malgré elle la figure de proue de la dictature, y est inhumée. Le musée du fado retrace sa carrière, à quelques pas de là. On y retrouve les objets chers au fado, la guitare portugaise, le châle, mais aussi des documentaires et des supports audio-visuels pour mieux comprendre comment cette chanson populaire de Lisbonne et de Coimbra a pu être aussi une arme de résistance contre le fascisme. Reprendre ensuite le 28 en direction de Prazeres pour aller mettre un cierge à l’église San Antonio (il protège vos amours) et voir la cathédrale Sé à côté. Elle donne sur un belvédère décoré d’azulejos, romantique à souhait. Le 28 dans l’autre sens, direction Martim Moniz, conduit à Intendente. Réhabilité depuis 2012, ce quartier est devenu le fief des nouveaux bars, des friperies branchées, par exemple Retro City, des coopératives culturelles comme Crew Hassan où parcourir la collection de vinyles, déjeuner veggie et danser le soir. Good vibes ! Pour dîner dans une casa de fado authentique, cap sur la Mouraria, le quartier où cette musique est née et avec elle la saudade et la complainte des marins partis pour longtemps. La Severa, fille de joie et chanteuse du XIXe siècle, est devenue une légende. Sa statue trône à l’entrée de la ruelle rua do Capelao où se niche la casa Maria da Mouraria, resto de poupée prisé par les locaux pour sa cuisine familiale et son fado de qualité. «Le Portugal chante quand il a envie de pleurer» dit justement un fado traditionnel.Saudade, saudade.
Le 28 nous arrête largo do Chiado, devant le café A Brasileira et la statue de Fernando Pessoa, le poète de l’intranquillité. Descendre la rua do Alecrim pour rejoindre le bord de mer. A gauche, c’est place do Comercio, investie par des expos, les voluptueuses à la Botero, par exemple. L’embarcadère a une histoire : c’est ici que débarquaient les navires chargés d’or et d’épices des colonies. A droite, autre ambiance, on arrive à Cais do Sodre, calme le jour, très animé le soir, boîtes de nuit, bar à sardines, café Tati et ses concerts de jazz live … A midi, rejoindre le mercado da Ribeira, marché couvert avec ses comptoirs de spécialités portugaises, et son corner “A vida portugesa” où acheter des ré-éditions d’objets vintage. Prendre ensuite devant la gare le bus 15E en direction de Belém et s’arrêter dans le quartier Alcântara, station Calvario pour aller à LX Factory. LX, nom de code de Lisbonne. Factory pour le côté usine culturelle. Ancienne friche industrielle, cet espace est un hippie village où se promener sur le chemin pavé pour voir des galeries d’art, des boutiques de stylistes portugais, un resto-cantine au mobilier indus’, une librairie-cathédrale avec des milliers de références en anglais, français et portugais. Le dimanche, un mini marché aux puces déballe ses trésors. On peut y dénicher une valise en carton bouilli avec des étiquettes de traversée ; quoi de plus emblématique pour ce pays de marins qui a donné un univers au monde ? Reprendre le 15E pour Belém, à dix minutes de là. Un quartier de monuments et de verdure donnant sur le Tage. On peut s’asseoir dans l’herbe pour déguster un flan cannelle acheté en cornet ici, chez Pastéis de Belém, la meilleure pâtisserie de Lisbonne. Pour rejoindre la berge, la tour de Belém ou le monument aux découvertes en hommage aux navigateurs, emprunter le souterrain au niveau du musée Coleçao Berardo. C’est en face du monastère de Jeronimos. Construit par Manuel 1er, l’édifice est connu pour ses fresques exotiques dans le réfectoire qui relatent l’époque des grandes découvertes. Sans oublier non loin de là le Palacio National de Ajuda, résidence des rois puis des présidents. Baroque.
Un matin de beau ciel bleu, remonter la rua Misericordia à largo do Chiado pour rejoindre le quartier du Bairro Alto, sur les hauteurs, en face du château Sao Jorge. La jolie rue aérée devient la chic rua Pedro V puis rua Politecnica. Antiquaires, concept stores et belvédères jonchent la balade. Autre genre de brocante, le Pavilhao Chinese, salon de thé façon comptoir portugais, Macao ou Goa. Le propriétaire, un navigateur d’aujourd’hui, collectionne des objets du monde entier qu’il met en vitrine : coiffes militaires, soldats de plombs, poupées, théières etc. Pour une pause, le jardin botanique vous propose l’ombre d’un yucca centenaire ou d’un palmier d’Australie. Les caravelles d’antan étaient remplies d’arbres exotiques qui ont prospéré ici, grâce au climat tendre. La suite de la flânerie vous conduira à Lapa au jardin da Estrela, moins sauvage, plus grand, plus familial avec sa buvette et ses bassins. Que serait Lisbonne sans ses jardins ? Rua de Sao Bento, on tombe sur la casa-musée Amalia Rodrigues, la dernière demeure de la diva. Les aficionados seront ravis de voir sa chambre, son dressing, elle aimait la haute couture, les créations de Jean Patou tout comme la diva de l’Orient Oum Kalsoum. D’ailleurs, contemporaines l’une de l’autre, les deux stars se connaissaient. Au nord, quartier Marquês de Pompal, le parc Edouardo VII permet de redescendre vers la chic avenue de la Libertade. Le parc offre de la verdure à perte de vue et en haut de la côte, un beau panorama sur Lisbonne. Mais le point fort du quartier est le musée Calouste Gulkenkian, collectionneur arménien né sur la rive du Bosphore. Féru d’art, il a acquis de belles pièces égyptiennes, qu’il a même prêtées au British Museum. Beaucoup de merveilles d’Extrême-Orient, Japon, Chine, des sculptures du Moyen-Age, des peintures de la Renaissance italienne, jusqu’à l’art portugais. Le jade de Samarcande et les costumes de l’empire Ottoman du 18ème font rêver les touristes que nous sommes. Tout à Lisbonne nous ramène au voyage, en caravelle comme en avion.
Y aller :
Y dormir:
S’y restaurer :
Chez Eleven, nouvelle cuisine portugaise, avec baie vitrée sur un parc. Mer portugaise, selon l’insoiration du chef, fromages de tout le Portugal. 36 € le plat environ. Rua Marqués de Fronteira.
A faire :
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