LE SEXE SELON MAÏA
Cachez ce sexe qu’on ne saurait voir – depuis la feuille de vigne, nous avons bien compris le message. Quand on cache le sexe, on cache la sexualité… Mais si un sexe est « naturellement » caché, la sexualité devrait-elle l’être aussi ? Peut-on être censurée de naissance ?
Vous connaissez la chanson : le sexe féminin serait contrariant parce que invisible, au contraire de celui des hommes, qui ont un pénis bien en évidence, aux excitations spectaculaires, contenues entre l’érection et l’éjaculation.
Les femmes seraient non seulement affublées d’un orifice, mais elles en seraient un tout entier. Leur désir serait impalpable. On ne sait ni quand une femme mouille, ni quand elle ovule, ni quand elle jouit, et ça commence à faire beaucoup. D’où, d’ailleurs, notre condamnation de la simulation – si on pouvait passer les femmes au détecteur de mensonge, on le ferait (on n’aimerait pas les résultats).
Tout cela est charmant (pas vraiment) et peut sembler pratique (pas non plus). Pourrait-on maintenant faire une pause dans la malhonnêteté intellectuelle ? Déjà, le pénis des hommes n’est pas si évident que ça – même les chanceux affublés ici-bas d’une andouillette king-size 5A ont une fâcheuse tendance à porter des vêtements (ah, les prudes).
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— Crest Club Wed Nov 20 14:38:10 +0000 2013
Même dans l’intimité, la majorité se couvrira de pyjamas ou de boxers – un coup de froid est vite arrivé. Dans l’espace public, le pénis n’est pas plus visible qu’un vagin, et si certains hommes le voient partout, tout le temps, ça s’appelle de l’obsession (personnellement, je parviens à regarder même Rocco Siffredi dans les yeux).
Ensuite, réduire le sexe féminin à un orifice, expliquer que les femmes se construisent dans l’absence, c’est 1) amusant, 2) condescendant, mais il faudrait peut-être leur demander leur avis. Les petites filles ayant reçu une éducation féministe n’ont pas grandi dans l’amputation.
Non seulement nous avons un sexe visible, merci bien, ça s’appelle une vulve, mais quid de cette histoire de trou ? Je suis désolée d’enfoncer des portes ouvertes, mais quelle est cette absence qu’on peut toucher, qui se contracte, qui pulse, qui a des demandes, et ce, dès les premières années ? Dans quel monde vivent les personnes qui parlent d’orifice – s’imagine-t-on que les filles mettent leurs mains dans leur culotte pour n’y trouver qu’un vide, une matière noire ? Que, même sans curiosité graphique, elles ne connaîtraient jamais ni leur goût ni leur odeur ? Qu’elles seraient prises de cécité systématique devant leurs sécrétions ?
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