Les taxes sur les importations d’acier et d’aluminium auront été l’arbitrage – perdu – de trop pour Gary Cohn. Le principal conseiller économique de Donald Trump avait mis en balance sa démission au cours d’un débat interne à la Maison Blanche sur la pertinence d’un virage protectionniste souhaité de longue date par le président des Etats-Unis. Impavide, ce dernier est passé outre le 1er mars. Après avoir manifestement tenté d’en atténuer les effets, Gary Cohn a fini par en tirer les conséquences, mardi 6 mars, ajoutant son nom à une liste étonnamment longue de départs, treize mois seulement après l’arrivée du magnat de l’immobilier à la tête du pays. Wall Street a réagi à ce départ par une chute de 300 points.
A la Maison Blanche, cet ancien haut responsable de la puissante banque d’affaires Goldman Sachs jouait les contrepoids par rapport aux instincts nationalistes du président, confortés par son conseiller stratégique Stephen Bannon, un ultra évincé en août 2017, puis par Peter Navarro, un partisan du protectionnisme dont l’influence a été déterminante au cours des dernières semaines. Qualifié de « globalist Gary » par ses détracteurs, M. Cohn n’avait déjà pas pu empêcher la décision de rompre avec un projet de traité de libre-échange avec des pays riverains du Pacifique, puis celle de quitter l’accord de Paris contre le réchauffement climatique.
Un premier incident avait opposé le président à son principal conseiller économique en août 2017 à la suite des propos alambiqués de Donald Trump sur les affrontements violents entre des suprémacistes blancs et des antiracistes à Charlottesville (Virginie), marqués par la mort d’une militante antiraciste. Gary Cohn avait été outré par l’incapacité du président à critiquer les militants d’extrême droite rassemblés officiellement pour s’opposer au déplacement d’une statue équestre du chef militaire des sécessionnistes pendant la guerre de sécession, Robert E. Lee.
Le départ de Gary Cohn, une semaine après celui de la directrice de la communication du président, Hope Hicks, présentée comme une confidente de Donald Trump, réduit un peu plus le nombre des conseillers présents à la Maison Blanche dès les premiers jours. Après les départs notamment du premier chief of staff, du premier conseiller à la sécurité nationale et du premier porte-parole, il se borne presque au couple formé par le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, et sa fille aînée, Ivanka. M. Kushner est cependant affaibli par la perte de l’accréditation lui permettant d’accéder aux informations les plus confidentielles.
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Mardi matin à l’aube, sur son compte Twitter, Donald Trump a contesté les accusations de « chaos » que le départ d’Hope Hicks et d’un autre conseiller, Josh Raffel, ont relancées. « Il y a toujours des départs et des arrivées et j’aime les dialogues robustes avant de prendre une décision. J’ai encore des gens que je veux changer (toujours en quête de perfection). Il n’y a pas de chaos, seulement une grande énergie ! », a assuré le président.
Au cours d’une conférence de presse commune avec le premier ministre suédois en visite à la Maison Blanche, Stefan Löfven, Donald Trump a renchéri mardi après-midi en assurant : « J’aime le conflit », dans une allusion évidente au vif débat interne que le virage protectionniste a alimenté. Face à lui, la chaise réservée à Gary Cohn au sein de la délégation américaine est restée vide.
M. Trump a vanté à cette occasion l’attractivité dont bénéficierait, selon lui, son administration ; sans doute pour relativiser les effets de l’hémorragie en cours. « Tout le monde veut en faire partie », a-t-il affirmé. Les départs risquent en effet de se poursuivre. Parmi les postes les plus exposés figure aujourd’hui celui occupé par le général H. R. McMaster, nommé en mars après le départ précipité du premier conseiller à la sécurité nationale du président, Michael Flynn, désormais poursuivi pour avoir menti à la police fédérale. Tour à tour, la chaîne NBC et le Wall Street Journal ont évoqué avec force détails la relation dégradée que le président entretiendrait avec son principal conseiller pour les affaires stratégiques.
Le chef de cabinet de M. Trump, John Kelly, fait lui aussi l’objet d’une campagne virulente orchestrée par des proches du président, que cet ancien général des marines a écarté de la Maison Blanche dès son arrivée en fonction, en juillet. John Kelly avait été nommé pour mettre de l’ordre dans une administration minée par les divisions. Il avait dû quitter pour cela le poste de secrétaire à la sécurité intérieure qu’il affectionnait. « J’imagine que j’ai dû faire quelque chose de mal, et Dieu m’a puni », a-t-il commenté jeudi dans une allusion humoristique aux tensions internes.
Dans la nouvelle édition du livre que l’écrivain et documentariste Chris Whipple consacre au poste de chief of staff (The Katekeepers, Broadway Books, non traduit), le premier titulaire du poste, Reince Priebus, dresse un constat sans fard des six mois passés aux côtés du président. « Prenez tout ce que vous entendez [sur le fonctionnement de la Maison Blanche] et multipliez par cinquante », assure ce cacique du Parti républicain, selon des extraits publiés en février par le magazine Vanity Fair.
Gilles Paris(Washington, correspondant)
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