C’est inédit. Pour la première fois à l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), un CEO Summit a été organisé. Ce sommet, réunissant des PDG venus échanger sur la transformation de leurs entreprises, reflète une prise de conscience de plus en plus prégnante sur l’importance de maintenir des écosystèmes naturels en bonne santé. "Business as usual n’est plus une option", a martelé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. Une affirmation d’autant plus vraie pour les entreprises dont le modèle économique repose sur une biodiversité florissante alors qu’en près de cinquante ans, 68 % des animaux vertébrés sauvages ont disparu.
C’est notamment le cas de LVMH. "Tous les secteurs d’activité de nos métiers sont concernés : vins et spiritueux, parfums et cosmétiques, montres et joaillerie, mode et maroquinerie, distribution sélective. Et entretiennent des relations étroites à la nature : il n’y a pas de champagne sans vignoble, pas de haute couture sans coton ou soie, pas de parfum sans espèces végétales", souligne l’administrateur de LVMH, Antoine Arnault, dans une tribune. Dans ce sillage, le numéro un du luxe ambitionne de neutraliser son impact sur la biodiversité d’ici 2030.
Le groupe s’engage à ne plus utiliser, à cette échéance, de matières premières en provenance de zones à fort risque de déforestation ou de désertification. Il espère également réhabiliter cinq millions d’hectares d’habitats pour la faune et la flore dans le monde. LVMH a ainsi noué un partenariat avec l’Unesco, dont une des missions est d’œuvrer pour la protection des écosystèmes naturels. Une alliance qui consiste notamment à faire émerger un "Luxe nouveau". Mais ce secteur n’est pas le seul impacté.
"Nous agissons par conviction, mais aussi car prendre soin de la biodiversité, c’est prendre soin de nos matières premières et donc de notre business", a souligné le directeur général de L’Occitane, Adrien Geiger, lors du CEO Summit. Le secteur cosmétique est particulièrement concerné par le sujet. Le leader du domaine, L’Oréal, utilise 1 600 matières premières issues de près de 350 espèces de plantes. "La biodiversité est une source majeure pour nous", expliquait déjà en 2017 la responsable du sourcing durable de L’Oréal, Rachel Barré. Le groupe s’est fixé pour objectif que la totalité de ses ingrédients biosourcés des formules et des matériaux d’emballage soient traçables et proviennent de sources durables.
Et ce n’est pas un hasard si Pernod Ricard, numéro deux mondial des vins et spiritueux est la première entreprise au monde à signer un partenariat avec l’UICN. "Les ingrédients qui composent nos produits sont issus de la nature et tirent leurs caractères, leurs forces, du terroir d’où ils proviennent. Sauvegarder nos terroirs, favoriser les synergies et le passage à l’action est clairement une priorité pour nous et un enjeu planétaire majeur aujourd’hui", explique son Président, Philippe Coutin. "Il était naturel et primordial pour nous de soutenir cet événement d’ampleur mondiale et via ce club, de porter la voix de la biodiversité", ajoute-t-il.
Le groupe va ainsi fédérer et partager au plus grand nombre les solutions mises en œuvre en matière de biodiversité, particulièrement d’agriculture durable. Pernod Ricard, qui a divisé par deux son utilisation des pesticides, va ainsi mutualiser les bonnes pratiques. "Notre objectif commun est d’inscrire la nature au sommet des priorités internationales car nos destins sont intrinsèquement liés, planète, climat, nature et communautés humaines", a déclaré le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Le syndicat patronal vient d’ailleurs de lancer un Mooc avec la Ligue de protection des animaux et l’Office français de la biodiversité pour aider les TPE, PME et ET à agir en faveur de la biodiversité.
Marina Fabre, @fabre_marina