C’est une alerte très sérieuse pour le gouvernement Modi. La banque centrale indienne (Reserve Bank of India, RBI) a annoncé, jeudi 5 décembre, qu’elle révisait sa prévision de croissance annuelle du pays à 5 % au lieu de 6,1 %. C’est bien en deçà des 8 % nécessaires pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail, plus d’un million de jeunes par mois. L’économie indienne tourne au ralenti. Tous les secteurs marquent le pas, l’industrie, les services, l’agriculture, la construction.
La banque centrale a, en revanche, renoncé à abaisser son taux directeur, celui auquel elle prête aux banques commerciales. Celui-ci est maintenu à 5,15 %, son plus bas niveau depuis neuf ans. Il a perdu 1,35 point de pourcentage au terme de cinq révisions opérées depuis février. Ces baisses successives n’ont pas relancé l’activité, les banques, trop endettées, ne les ayant pas répercutées sur les particuliers et les entreprises. La banque centrale en a pris acte.
Lire aussiArticle réservé à nos abonnésL’Inde face au ralentissement brutal de son économieLe gouverneur de la RBI, Shaktikanta Das, estime pourtant que l’inflation risque de rester élevée en 2020. Le prix des denrées alimentaires a flambé ces derniers mois, en particulier celui de l’oignon, le produit de base des Indiens, dont les récoltes ont été endommagées en raison d’une mousson très abondante dans les régions productrices.
L’Inde est confrontée à une crise multiforme : de la consommation, du crédit et de l’investissement. Jusqu’à présent, les mesures prises au jour le jour par la ministre des finances, Nirmala Sitharaman, comme l’assouplissement des restrictions à l’investissement étranger, la baisse de l’impôt sur les sociétés pour 18 milliards d’euros, l’injection de liquidités (8,7 milliards d’euros) dans les banques publiques, ont été sans effet sur la consommation des ménages et le moral des entreprises.
A l’occasion d’une conférence organisée le 5 novembre par le journal Indian Express, à Bombay, la ministre des finances avait laissé perplexes les chefs d’entreprise présents, en ne laissant entrevoir aucune solution à la dégradation de la conjoncture. En aparté, plusieurs d’entre eux s’étaient déclarés « d’une humeur lugubre » et avaient dénoncé, à mots couverts, « l’inaction totale » du gouvernement pour relancer la machine. Interrogées ces dernières semaines par Le Monde, plusieurs PME indiennes font état de leurs vives inquiétudes ainsi que de celle de leurs actionnaires face aux prévisions d’une forte baisse de l’activité économique pour encore plusieurs mois.
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