ParMatthieu Morge Zucconi Publié , Mis à jour
Kean Etro, directeur artistique de la maison, a travaillé avec le légendaire chanteur italien, décédé en mai dernier, dans les années 1980. Sa nouvelle collection, présentée ce dimanche, s'inspire de son travail.
En mai dernier, l'Italie s'émouvait de la mort de Franco Battiato, l'un de ses musiciens phares, qui avait été le premier chanteur pop à se produire devant un pape, en l'occurrence Jean Paul II. C'était en 1989. Quatre ans auparavant, alors que Kean Etro n'était pas encore impliqué dans la griffe familiale, il rencontrait l'idole, qui l'invitait à travailler avec lui sur sa tournée « Mondi Lontanissimi», habillant de paisley la scène sur laquelle il se produisait.
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— Emy Flint Wed Apr 24 09:02:11 +0000 2019
Cette saison, le créateur lui rend hommage. Mais pas question de présenter une collection marquée du sceau du deuil - ce n'est pas le genre de la maison. Devant un public masqué, les mannequins défilent dans un ballet de couleurs sur une voie ferrée désaffectée, « un lieu comme suspendu dans le temps, où la nature a repris ses droits», sur fond de « L'Era del Cinghiale Bianco », l'un des grands morceaux du Sicilien. La silhouette est relax, fluide, multipliant les références à l'esprit nomade qui a fait la renommée d'Etro: caftans, ceintures aux détails de turquoise, mais aussi très désirables sacs de voyage. « Certains vêtements s'inspirent du Proche-Orient, de l'Inde... Autant de pays qui étaient très chers au cœur de Franco Battiato», décrypte Kean Etro. Comme référence, l'Italien cite aussi l'écrivain culte Bruce Chatwin, fameux pour ses récits de voyage...
Inspiré par les archives de la marque et notamment le travail de Veronica, la sœur de Kean à la tête des collections féminines de la maison, ce vestiaire de l'été prochain fait la part belle aux couleurs vives (orange, céladon, lumineux jaune) et aux teintes neutres (argent, bleu nuit rehaussé, sur des shorts, d'accents or). Brouillant les frontières du genre, certains mannequins portent leggings et chemises (très, très) ouvertes, tandis que des matières habituellement destinées aux collections féminines sont utilisées dans ce vestiaire pourtant exclusivement masculin. Mais pour les hommes plus classiques, on trouve également de superbes blousons techniques, des pulls sans manches d'inspiration tennis et même un sweat-shirt à logo... Et surtout, du très réussi tailoring dans des couleurs pétaradantes, que l'on s'imagine aisément porter pour faire la fête, dans un monde qui revient (lentement mais sûrement) à la normale.
«Nous nous éloignons depuis quelque temps des codes très bourgeois qui ont longtemps rimé avec notre nom, reconnaît Kean Etro. Récemment, nous avons par exemple habillé Maneskin, le groupe de rock italien qui a remporté l'Eurovision. C'est un risque à prendre, mais nous sommes courageux et continuerons sur cette ligne dans le futur.» Reste à voir si le public, qui cherche chez Etro une esthétique bien particulière souvent imitée mais jamais égalée, le suivra dans cette direction. Réponse d'ici quelques mois, lorsque cette nouvelle collection fera son entrée en boutique.