Tandis que certaines superstars se réinventent à chaque nouvelle époque, Lana Del Rey préfère peaufiner le son de ses albums et enrichir peu à peu sa personnalité fascinante et énigmatique.
Le nouvel album de la chanteuse Chemtrails Over the Country Club, produit par Jack Antonoff – déjà aux manettes sur l’opus précédent de la chanteuse de 35 ans, Norman Fucking Rockwell!, – nous offre un nouvel exercice en matière de précision et de retenue. Les moments les plus entraînants de l’album – comme le remuant (et quasi rap) Dance Till We Die— donnent l’impression de rayons de soleil parvenant à se frayer dans une forêt touffue. Pourtant, le septième album studio de Lana Del Rey n’est pas identique aux autres.
Voici sept raisons pour lesquelles Chemtrails Over The Country Club vient enrichir et approfondir une œuvre déjà extraordinaire.
Les fans purs et durs de Del Rey pourraient sans problème écrire une thèse rien que sur le premier morceau de l’album, White Dress, dans lequel elle revient sur sa vie d’avant la célébrité, sous les traits d’une serveuse qui se sentait « regardée » par son homme. Elle mentionne les groupes de rock Kings of Leon et les White Stripes — ainsi qu’une énigmatique conférence sur les hommes dans le marché de la musique. L’humeur contemplative et intime qu’elle installe dès l’ouverture perdure tout au long des 45 minutes. Les derniers mots de la chanson semblent particulièrement révélateurs : « it kinda makes me feel like maybe I was better off » (« parfois, je me demande si je n’étais pas mieux comme ça »). Elle introduit l’un des thèmes qui jalonnent l’album : l’idée que la célébrité n’a pas forcément été une bonne chose pour elle.
Del Rey partage avec nous ses pensées sur la célébrité dans le titre Dark But Just a Game lorsqu’elle chante : « c’est sombre, mais ce n’est qu’un jeu, joue-le comme une symphonie ». Wild at Heart — une chanson qui , dans un geste typique de Lana Del Rey, porte le nom d’un film de David Lynch (Sailor & Lula en français) — nous plonge dans les abysses de la célébrité : « les appareils ont des flashs, à cause d’eux les voitures se crashent », difficile de ne pas penser à la fin tragique de la Princesse Diana, déjà évoquée par Lana Del Rey dans son morceau de spoken word Patent Leather Do-Over.
Les fans de Lana Del Rey ont appris à ne pas s’attendre à des morceaux dansants, pour ça tournez-vous plutôt vers les remix clubs de Summertime Sadness et Young & Beautiful signés par Cedric Gervais en 2013. Comme tous ses albums depuis Ultraviolence en 2014, Chemtrails Over The Country Club est un album intimiste, ce que signifie pas pour autant qu’il manque de moments lumineux ou de diversité. Breaking Up Slowly est une ballade aux accents country, Dance Till We Die introduit des cuivres jazzy et Wild At Heart superpose deux pistes vocales pour un effet d’une beauté renversante.
Cet album, avec ses mélodies soignées et sa production méticuleuse, révèle de nouveaux détails et de nouvelles significations à chaque écoute.
Un album de Lana Del Rey ne serait pas complet sans un prétendant aussi séduisant qu’il est peu fiable. Il fait son apparition sur Not All Who Wander Are Lost, l’invitant à s’asseoir, lui tenant la porte, comme un vrai gentleman. Ce qui ne veut pas dire qu’elle tombe dans son jeu. « Le truc avec les hommes, c’est qu’ils ont beaucoup de choses à dire, mais est-ce que tu vas rester ? »
« Je viens d’une petite ville, et toi ? Je le dis parce que je suis prête à quitter LA », chante-t-elle sur Let Me Love You Like a Woman. Une chanson qui la voit écartelée entre les lumières scintillantes du rêve américain et ses racines plus modestes. Car même si la chanteuse est native de Manhattan, sa famille a déménagé à Lake Placid, une petite ville de l’État de New York alors qu’elle n’avait qu’un an.