• 30/07/2022
  • Par binternet
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Visite guidée de la maison de campagne d'Edie Campbell dans Northamptonshire<

LifestyleLe top Edie Campbell était à la recherche d'un lieu de retraite à la campagne lorsqu'elle a trouvé un terrain dans le Northamptonshire, avec deux lacs. L'étape suivante consistait à concevoir et à construire une maison… avec sa mère.

Par Ellie Pithers

Vous avez envie de tester la force de la relation avec votre mère ? Alors faites comme Edie Campbell : dessinez et construisez votre maison avec elle. “Nous ne sommes jamais aussi bien parlé, ni aussi bien comprises”, nous confie la mannequin, étendue dans un transat sur la terrasse de la maison du Northamptonshire qu'elle vient de terminer de bâtir avec sa maman, Sophie Hicks. “Avant, nous n’étions pas vraiment tendres l’une avec l’autre, car on est toujours plus dure avec sa mère qu’avec ses amis. Mais il a suffi que nous bossions ensemble pour enterrer la hache de guerre.”

Cette soudaine harmonie n’est pas le fruit du hasard : diplômée en histoire de l’art, habituée des campagnes Fendi ou Versace et des pages de Vogue, le top model de 30 ans a acquis une connaissance solide de l’architecture contemporaine. Quant à Sophie Hicks, 60 ans, ancienne rédactrice mode du Vogue anglais, c’est aujourd’hui une architecte reconnue et primée, dont le talent consiste notamment à associer ergonomie et élégance, un style rigoureux qu’on retrouve dans ses réalisations pour les boutiques Chloé et Paul Smith, ou dans les maisons de Simon Le Bon, le chanteur de Duran Duran. Quinze mois de labeur et quelques confinements plus tard, la mère et la fille sont ravies de cette “maison entre deux lacs”, qui leur a donc aussi permis de renforcer leur lien. “Maman a des avis sur tout”, nous confie Edie Campbell avec tendresse. “Mais je sais ce que j’aime, je ne me laisse pas influencer. Et au fond ça nous a aidées : moi je devais savoir ce que je voulais, et elle devait le mettre en œuvre”. Sophie Hicks, de son côté, décrit sa fille comme la cliente idéale. “Ça a été un bonheur de travailler avec Edie car elle sait prendre des décisions. Une fois qu’elle a fait un choix, elle s’y tient. C’est ce qu’il y a de plus efficace”.

Après trente ans passés à Londres et quinze ans de carrière internationale dans la mode, sur les podiums du monde entier, Edie Campbell a ressenti le besoin de se mettre au vert pendant quelque temps. Elle a choisi le Northamptonshire, un comté méconnu et sous-estimé de l’est des Midlands, déjà parce qu’elle connaissait bien l’endroit (sa mère loue un cottage dans la région depuis 1985 et la famille y passe tous ses étés) mais aussi parce que c’est un spot idéal pour les concours hippiques nationaux. Depuis l’adolescence, Edie Campbell monte en effet à cheval et participe à des compétitions semi-professionnelles avec ses propres chevaux, en pension à proximité.

La jeune femmea visité des dizaines d’endroits avant de tomber sur cette ancienne carrière de briques au beau milieu des champs. Le propriétaire précédent avait fabriqué quelques bâtisses, creusé deux lacs qu’il avait peuplés de brochets, avant de se lancer dans un petit business de “coarse fishing” [une forme de pêche de loisir]. Edie Campbell est tombée sous le charme. “Les lieux avaient une belle énergie, c’était super calme”. Et surtout il y avait assez d’espace pour construire des écuries et des paddocks. En mai 2018, le terrain était à elle.

Un bungalow fatigué, un hangar en ruine… Il fallait pour commencer raser tous les bâtiments. Pour autant Edie Campbell était catégorique : elle ne voulait surtout rien de “lisse, brillant et graphique” qui puisse ressembler à la “villégiature champêtre d’un dirigeant de hedge-fund” ou au “repaire d’un méchant de James Bond”. En caressant Pam, son schnocker (croisé schnauzer miniature et cocker spaniel), Edie Campbell désigne la maison tout en longueur, recouverte de fibre de bois ondulé, qui de loin pourrait presque passer pour un hangar local. Elle voulait que sa maison fasse authentique, mais qu’elle présente quand même une vraie singularité. “Bon, c’est sûr qu’elle est très différente de celles du coin” dit-elle, “mais je n’allais quand même pas faire construire un vieux cottage en pierre de pays”.

Une maison authentique mais singulière

Visite guidée de la maison de campagne d'Edie Campbell dans Northamptonshire

Sophie Hicks a d’abord demandé à Edie d’écrire un petit texte de 200 mots qui décrive le quotidien qu’elle s’imaginait vivre dans sa future maison. “J’étais surprise”, se rappelle Edie Campbell. “Je ne me doutais pas que la démarche créative de ma mère puisse être si romantique.” Mais c’est justement l’enjeu psychologique de l’habitat contemporain qui intéresse Sophie Hicks. “Chacun perçoit et habite les lieux à sa façon”, nous dit Sophie Hicks. “En architecture, il faut savoir comprendre la personnalité et les habitudes des gens pour qui on travaille, de façon à créer pour eux l’environnement le plus confortable possible”. Privilégier l’ouverture au confort, créer une circulation entre l’intérieur et l’extérieur, faire en sorte qu’on puisse apercevoir les chevaux depuis la maison : la description d’Edie était un véritable manifeste. “Elle ne voulait pas d’une maison d’architecte, elle a été très claire sur ce point”, se souvient Sophie Hicks. “Je n’aime d’ailleurs pas non plus l’architecture qui s’affiche. J’aime la discrétion et la parcimonie, que tout soit à sa place et se fonde dans l’environnement. J’ai tout de suite compris ce qu’elle voulait”.

Mais pour le coup, la mère et la fille se sont lâchées sur l’emplacement de la maison. Plutôt que de construire sur les bases de la demeure de l’ancien propriétaire, aujourd’hui transformée en manège pour les chevaux, elles ont flashé sur un endroit mille fois plus romanesque : l’étroite langue de terre entre les deux lacs. Sophie Hicks a fait enterrer des traverses à plus de dix-huit mètres dans le sol marécageux, puis elle y a soudé un cadre d’acier afin d’obtenir une structure modulaire simple. Pour le reste, les vitrages, le revêtement en fibre de bois, les plaques de béton préfabriquées pour le plafond et les sols, elle a opté pour des matériaux standard. A l’exception d’une sorte de “visière” ajoutée aux panneaux du toit pour en adoucir la pente et empêcher la pluie de s’écouler directement sur les baies vitrées, et de deux murs intérieurs courbes, faits en sable brut et ciment couleur rose mastic, qui dissimulent la cuisine fonctionnelle en inox à une extrémité de la maison et les chambres de l'autre. “J’avais peur que la maison ressemble à une cellule de prison si les pièces étaient toutes à angle droit”, explique Edie Campbell. “C’est un cauchemar pour y accrocher des œuvres d’art mais c’est très agréable à vivre au quotidien”.

Des matériaux réutilisés avec goût

Les Campbell sont plutôt du genre frugal et s’en sont tenues à un budget raisonnable. Sophie Hicks ne jette jamais rien et a réutilisé des matériaux d’anciennes maisons, stockés depuis des dizaines d’années dans d’innombrables granges à la campagne. Elle a recyclé de vieilles étagères et armoires en chêne, qui ornaient la maison d'enfance d'Edie dans l'ouest de Londres, pour meubler le salon et les chambres, tandis qu'une porte en laiton qu’elle a récupérée sur un chantier dans les années 90 vient ajouter, avec sa patine dorée, une authentique majesté à l’entrée.

Dans le salon, le canapé sur pieds est un don du père d’Edie Campbell et les chaises, qui ont été chinées sur le site d’enchères the-saleroom.com, ont coûté chacune moins de 6€. C’est la déco qui a coûté le plus cher. La meilleure amie d’Edie Campbell, Christabel MacGreevy, a créé des plafonniers sculpturaux inspirés de Franz West, découvert lors d’une exposition à la Tate Modern en 2019. Les tables basses ont été fabriquées avec des gros troncs de pins qui viennent directement de la propriété du designer James Shaw.

Résolument sobre et sans fioritures, la maison est aujourd’hui claire et spacieuse. Edie Campbell et sa petite amie, la journaliste Hanna Hanra, se lèvent tôt tous les matins pour admirer le lever de soleil. Elles nettoient les écuries, cueillent les fruits et légumes de leur serre et font travailler les chevaux – Bruno, Tinker, Dolly, Ed et un poney qui n’a pas encore de nom, cadeau d’Edie Campbell à Hanna Hanra pour ses 40 ans, vivent aujourd’hui dans un véritable “palace pour chevaux”, un vaste champ situé derrière le plus grand des deux lacs. Edie Campbell et Hanna Hanra passent leurs après-midi d’été à feuilleter le Lonely Planet du Guatemala (elles prévoient d’y aller bientôt), se baignent dans le lac ou prennent des bains de soleil sur la licorne gonflable, relique d’une récente pool party. “Trois fermiers se sont pointés !” nous raconte Edie Campbell en riant, sans oublier d’ajouter que la fête a eu lieu en plein air et que tout le monde a respecté les gestes barrières. “Ils étaient tellement gentils que je leur ai proposé de rester”. Quand la nuit tombe, les deux femmes s’installent près de la cheminée et regardent assidûment les films nommés aux Oscars 2021 sur une télé ingénieusement dissimulée dans l’abattant d’un ottoman.

Un cocon transformé en un véritable sanctuaire

Cette maison est devenue le sanctuaire d'Edie Campbell. Pour rappel, le mannequin a été victime d’une grave lésion cérébrale après être tombée de cheval en mai 2019. “Pile pendant la semaine de sensibilisation aux lésions cérébrales, parfait timing !” nous dit-elle, caustique. Il lui a fallu plus de six mois pour s’en remettre. “J’ai recommencé les compétitions, ce qui est une bonne chose, mais je suis encore très distraite”. Edie Campbell paraît pourtant avoir retrouvé toutes ses capacités intellectuelles et semble n’avoir rien perdu de son sens de l’autodérision quand elle nous montre une rose Eglantyne en pleine floraison : “Je suis obsédée par les noms de roses ces derniers temps, je deviens une vraie petite vieille”.

En parlant de roses, même si Sophie Hicks et Edie Campbell souhaitaient laisser le terrain autour de la maison relativement sauvage, il fallait tout de même y faire un peu de nettoyage. Elles ont fait couper les ronces et les broussailles, avant de planter des cerisiers à grappe, des pruniers de Damas, des aulnes, des bouleaux, des pommiers sauvages et des aubépines, typiques du Northamptonshire. Sous la terrasse, elles ont également placé des fougères et de la menthe aquatique. Dans quelques années, des fleurs sauvages et des graminées pousseront le long de l’allée en pierre de carrière qui mène à l’entrée. “Patience et longueur de temps…”, s’amuse Edie Campbell, “Ça ne me ressemble pas trop ! J’ai toujours vécu dans l’immédiat, dans des choses qui se font, c’est maintenant ou jamais”. “Il faut que tu partes à New York ce soir !” C’était ça ma vie. Donc c’est vraiment tout nouveau pour moi de laisser la nature suivre son cours, de s’armer de patience. Mais j’adore ça”.

La vidéo “Objects of Affection" avec Edie Campbell :

Photographies : Simon WatsonStylisme : Tabitha SimmonsCoiffure : Alfie SackettMaquillage : Ciara O'SheaSittings editor : Miranda BrooksProduction : Susannah PhillipsDigital artwork : DigitalFilm

Traduction par Rachel Bordenave

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