Vous souvenez-vous de la vieille couverture aux couleurs douteuses qui recouvrait le canapé de votre grand-tante ? Son heure de gloire est arrivée. Le patchwork, cette technique qui consiste à coudre ensemble des carrés ou des triangles de tissus divers et variés, revient sur le devant de la scène. Très prisé des marques de haute-couture ou des jeunes créateurs, comme ce surfer américain qui confectionne des chemises vendues à plusieurs centaines de dollars pièce, il serait même l’une des tendances de cet automne dans les magasins de prêt-à-porter.
« Le patchwork montre un nouveau visage beaucoup plus fun, estime Carol Veillon, directrice de publication chez Quiltmania Editions, magazine de référence aux 30.000 abonnés à travers le monde. C’est aussi grâce à l’avènement du Do it yourself et du côté "récup", qui plaît beaucoup. »
Longtemps vu comme une activité réservée aux mamies, le « patch », comme on le surnomme, vivrait une nouvelle jeunesse. Dans les allées du salon Pour l’amour du fil, qui attend plus de 10.000 personnes jusqu’à samedi à Nantes, Marlène, 39 ans, s’est lancée l’an dernier. « Ça m’a permis de garder le moral pendant le confinement, raconte celle qui a depuis multiplié les couvre-lits et housses de coussin, jusqu’à lancer sa micro-entreprise. J’essaye de faire le plus gros à la main, mais j’ai toujours ma machine à coudre à côté pour aller un peu plus vite. » « Pendant longtemps, je regardais ma mère en faire, mais là, je crois que je vais lui en piquer un pour me faire une veste », sourit Pauline, 24 ans, qui vient de se mettre à la couture.
En 2021, exit les immenses étoffes doublées (appelés Quilt) aux motifs parfois très complexes que des femmes du monde entier mettaient parfois plusieurs mois à réaliser, pour montrer leur savoir-faire et leur statut social, grâce aux tissus qu’elles utilisaient. « Les trentenaires veulent des projets simples, faciles à coudre, avec de beaux motifs style liberty ou très géométriques, observe-t-on à la boutique Ecolaine, située à Rennes. Elles ont moins de bases mais font ça pour le plaisir, plus rapidement aussi, pour elles ou pour offrir. » « On a envie de créer, de retrouver ce que nos grands-mères faisaient, abonde Emmie, une infirmière de 27 ans, qui n’offre plus que des cadeaux de naissance faits main. J’ai commencé par le tricot mais le patchwork m’intéresse beaucoup, dans le mélange de motifs, d’imprimés et même de matières. »
Pour se lancer, si des chutes de tissu, du fil et un peu de dextérité sont donc nécessaires, un smartphone vous sera aussi très utile. Car cette mode a aussi envahi les réseaux sociaux, avec des tutos Youtube en nombre et des réalisations par milliers sur Instagram sous les hashtags #modernquilting ou #modernpatchwork par exemple. « On peut aussi s’inscrire à un vrai club, sourit Sylvie, 50 ans, accro au patch depuis une quinzaine d’années. Le mien se réunit le vendredi soir, pour pouvoir venir après le travail. On est toutes des femmes actives, et de tous les âges, parfois dès 20 ans ! »