• 03/07/2022
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Chanel, 1 minute 22 de haute couture sous le signe du tweed et des années Palace<

Par Hélène Guillaume Publié , Mis à jour

Mardi, à midi, Virginie Viard révélait, en ligne, les trente modèles de sa haute couture hiver 2020-2021. Du pur Chanel, traversé de références excentriques, réminiscences des soirées des années 1980 quand Karl Lagerfeld aimantait le tout-Paris.

Souvenez-vous, il y a tout juste un mois, Chanel était la première maison à présenter une collection post-Covid (sa croisière 2020). C’est fou comme depuis, la vie a repris. Mais quatre semaines plus tôt, cette présentation relevait de la prouesse, d’ailleurs applaudie par la profession qui se cherchait un champion pour sonner la rentrée. Depuis quatre semaines, les ateliers menés par la directrice artistique Virginie Viard ont donc enchaîné avec la préparation de la haute couture, révélée sur vos écrans, ce midi. Si les contraintes demeurent (problèmes d’approvisionnement en tissus, délais largement raccourcis pour les ateliers), elles n’ont jamais entravé la création. Au contraire. Ces trente modèles - soit la moitié d’une collection traditionnelle -, capturés par le photographe star Mikael Jansson (ses clichés se substituant au défilé annulé) donnent à cette couture, une attitude presque excentrique à laquelle Virginie Viard ne nous avait pas habitués. La Française qui, depuis sa nomination en février 2019, allège les effets parfois too much de son mentor, Karl Lagerfeld, a voulu ici bousculer son iconographie. La genèse de celle-ci se situe quelque part dans les années 1980, dans les Polaroid de Karl et sa bande d’aristos excentriques marquant de leurs looks l’âge d’or du Palace et des Bains Douches.

«Ces derniers mois, je n’arrêtais pas de penser à Karl, à ces photos quand il sortait en soirée avec Diane de Beauvau, racontait-elle hier dans son studio de la rue Cambon. Je me rappelais les premières fois où je suis allée dîner chez lui, à l’époque il vivait encore dans son appartement au décor XVIIIe siècle, on s’asseyait sur son lit... C’est cette culture qui inspire la collection, aux silhouettes variées, particulièrement brodées. Au fil des photos de Mikael, les deux mannequins incarnent cet esprit plus sexy, plus seventies et en même temps très couture, avec leurs coiffures extravagantes et leurs parures de joaillerie qu’habituellement, je n’aime pas voir portées sur le podium des défilés.»

Une richesse des tissus palpable même à travers l’écran

Chanel, 1 minute 22 de haute couture sous le signe du tweed et des années Palace

Quand sa collection croisière, très réussie, était facile et légère, cette haute couture se veut spectaculaire, déroulant des robes de tweed à plastron bijouté par Goossens, des dentelles iridescentes façon latex, des grandes robes de velours bleu nuit ou de petits modèles bouffants de party girl au bustier brodé de plissés d’organza par l’atelier Paloma, des combinaisons pantalons un peu punk... «Certaines de ces silhouettes s’inspirent de croquis ou d’ébauches que j’ai précieusement gardés de Karl mais aussi des archives de Coco que nous regardons tout le temps! Je ne sais pas dessiner, mon approche est donc différente de celle de Karl, et s’inscrit davantage dans une histoire, quand lui était très directif. Lorsqu’il décidait un défilé, il se donnait un thème, une silhouette qu’il pouvait reprendre 150 fois mais avec son idée en tête. Alors parfois, je remets en vie ces idées que moi j’imaginais autrement.»

La richesse des étoffes est palpable même à travers l’écran (pour l’occasion, la maison de couture a réalisé un petit film des deux mannequins dansant sur la chanson pop faussement ingénue du duo londonien Jockstrap). «La plupart des tissus étaient déjà dans nos réserves, indique Virginie Viard. Avec Karl, c’était un de mes rôles de sélectionner un choix large de tissus et parfois, il retoquait certains que moi j’aimais beaucoup. Ce sont ces petites histoires dont je reprends le fil aujourd’hui.»

Particulièrement travaillés, les tweeds intègrent des fils fantaisie fabriqués par Vimar 1991, la dernière acquisition du groupe Chanel. «C’est une petite actualité, mais qui pour nous est très importante, confie Bruno Pavlovsky, président des activités mode de Chanel. Nous travaillons depuis plus de 20 ans avec Vimar 1991 qui mouline et file des fils fantaisie avec des techniques uniques, qui sont un maillon essentiel de la fabrication de nos tweeds.» La petite manufacture italienne qui rencontrait des difficultés financières rejoint ainsi la trentaine de manufactures et de métiers d’art dans le giron de Chanel, qui de Lesage, à Lemarié et Montex sont bien présents dans cette couture de haut vol.

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