On avait surtout l’habitude de le croiser dans les mariages, version "grand tralala",avec habit et lavalière. Ou dans sa versionstreetstyle, comme un hommage aux années Sauvés par le gong. Désormais,on voitle gilet revenir de plus en plus dans les vitrines des tailleurs, sur les pages des magazines et dans la rue. Avec la veste et le pantalon, ils reforment la sainte trinité du costume : le trois pièces.
Qu’est-ce qui explique ce retour en grâce d’un stylequ’on aurait volontiers qualifié de "pépère"il y a encore cinq ans ? Chez Cifonelli, prestigieux tailleur parisien oùl'onconstate ce regain d’affection, la réponse ne fait pas de doute. « Les hommes s’intéressent de plus à plus à l'élégance, à un style plus raffiné », remarque Lorenzo Cifonelli, qui dirige la maison avec son cousin Massimo. Lecostume troispièces en représente une forme d'aboutissement. De plus,la mode hipster, qui aime jouer avec les codes du chic rétro, a décomplexé ceux qui craignaient qu’on les accused'êtrepasséistes ou queleur intérêt pour la mode paraisse un peu ambigu. « Les hommes ont de plus en plus envie de bien s’habiller, remarque aussiFrédéric Verdure, responsable du style aux Nouveaux Ateliers. Ils n’ont plus peur que leurs vêtements les fassentparaître moins virils. Aucontraire. C'est en piochant dans le vestiaire le plus traditionnel qu'ils affichent désormais leur désir de se démarquer. »
Ils sont donc de plus en plus nombreux à glisser un gilet sous leur veste, comme Houzefa, 36 ans, précurseur en la matièrepuisqu’il porte des trois pièces depuis environ cinq ans. « C’est un ami qui me l’a conseillé, il pensait que cela m’irait bien. Mais ceux que j’ai essayés ne m’avaient pas convaincu. Quand j'ai fait faire mon premier trois pièces sur mesure, la différence m’a sauté aux yeux, c’était parfait ! Depuis,je l’ai adopté. »
Simple désir d’élégance ? Pas seulement. Houzefa, qui est directeur de projetsdans un milieu d’ingénieurs, a constaté des changements dans son quotidien professionnel. « Le trois pièces est rare. Par conséquent,lorsqu'on en porte un, on se démarque tout de suite dans une assemblée ou une réunion. Çafrappe les mémoires, les gens se souviennent de nous. Sonélégance attire : les contacts se fontplus facilement.Il donne l'occasion de faire compliment, par exemple,ce qui permet d'engagerlaconversation. Lorsde négociations difficiles, il donne de l'assurance, confèreune certainestature ;c'estun atout de séduction.»
Le trois piècesmeten valeur votre singularité et devient un atout indéniable. Mais cette volonté de distinction suppose de respecter un certain nombre de règles très précises pour ne pas risquer de passercomplètement à côté du sujet. « Le gilet -comme la veste croisée -ne supportepas l’à-peu près. Sinon, c’est une catastrophe ! » prévient Lorenzo Cifonelli. Vous voici avertis.
Première recommandation :fuir leprêt-à-porter, pour éviter le syndrome garçon de café. Si vous souhaitez vous offrir votre premier trois pièces, poussez plutôt la porte d’un tailleur. Il vous coupera un gilet taillé près du corps, qui structurera votre silhouette et vous donnera une belle prestance.Une prestance qui convient d’ailleurs aussi bien aux hommes élancés qu’à ceux un peu plus enveloppés: un gilet sombre cache en effet bien mieux le ventre qu’une chemise tendue à ses boutonscomme une toile de tente à ses piquets.
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Le tailleur saura aussi ajuster chaque pièce à la bonne mesure ;l’harmonie de l’ensemble repose en effet sur des usages très précis.D’abord, pas question de voir dépasser un millimètre de chemise entre le gilet et le pantalon. « Cela demandedes ajustements avec la mode des tailles plus basses pour les pantalons, explique Lorenzo Cifonelli. Il fautfaire descendre un peu plus le gilet. Heureusement, on constate un retour d’affection pour les pantalons à la taille plus haute,ce qui permet de revenir à lacoupe originale du gilet, plus courte, qui reste la plus harmonieuse. » Autre détail : puisque le bas du gilet doit couvrir le haut du pantalon, difficile de glisser entre les deux la grosse épaisseur d’une boucle de ceinture, qui créerait un relief disgracieux. On préfèrera donc un pantalon munis de tirants de serrage, ou à porter avec des bretelles.
Le haut du gilet doit quant à lui apparaître au-dessus du boutonnage de la veste, qu’elle ait un, deux ou trois boutons. Sans trop remonter non plus ! « Mais il s’agitsurtout là d’une question de goût, reconnaît Lorenzo Cifonnelli. J’ai personnellement horreur des gilets boutonnés très haut qui ne laissent plus voir la chemise ! Il faut laisser de la lumière ! De plus, trop voir le gilet sous la veste crée une incohérence dans l’harmonie d’ensemble. » Àvous de trouver la meilleure combinaison, en tenant compte de votre stature, du type de costume choisiet,plus largement,de vos goûts.
Le plus souvent, votre gilet sera pourvu de cinq ou six boutons (dont le dernier, comme pour la veste,ne se ferme jamais), et de deux, voire quatre poches. Mais la variétédes formes est bien plus large qu’il n’y paraît.Àcôté de la version sobre, droite et sans revers, on trouve des gilets avec des cols, châle ou cranté, « qui apportent un raffinement supplémentaire », note Lorenzo Cifonelli. Reste la version ultime du chic : le giletcroiséavec encolure plongeanteet double boutonnage. « On le porte sous une veste droite, explique le tailleur parisien. Sous une veste croisée, on ne le verrait pas et ça créerait des superpositionsd’épaisseurs. Àmoins qu’on habite au fond de l’Écosse et qu’on cherche précisément quelque chose de chaud ! »
Quant aux gilets réservés aux grandes occasions, ils ont toujours la cote. Pour un mariage, on le choisit d’une couleur différente, par exemple en piqué blanc, pour trancher avec un costume plus sombre. Le dépareillé n’est d’ailleurs pas réservé auxcérémonies. Au quotidien, on peut l'adopteren faisant en sorte quela couleur ou le motif du gilet tranchentavec le reste du costume, en opposantpar exempledes carreaux, un tartan ou un pied de poule avecde l'uni.
Dernière recommandation pour une parfaite maîtrise du trois pièces : jamais de col de chemise sans cravate!« C’est assez choquant de voir un homme porter un complet sansune cravate, estime Frédéric Verdure, le styliste des Nouveaux Ateliers. Si on oublie ce détail, toutela recherche de distinction est anéantie. » Avant de passer aux trois pièces, pensez donc à regarnir votre tiroir à cravates.Vous voulez jouer dans la cour des grands, n’est-ce pas ?
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