• 31/01/2023
  • Par binternet
  • 518 Vues

Spider-Man : No Way Home - meilleur Marvel ou fan service ultime ? SOUS UNE  BONNE TOILE LA TOILE MOYENNE LE PIRE DE LA TISSE<

C'est un des films les plus attendus de l'année, objet de fantasmes et d'espoirs pour tous les fans du MCU. Spider-Man : No Way Home est-il a la hauteur ?Spider-Man : No Way Home - meilleur Marvel ou fan service ultime ? SOUS UNE  BONNE TOILE LA TOILE MOYENNE LE PIRE DE LA TISSE Spider-Man : No Way Home - meilleur Marvel ou fan service ultime ? SOUS UNE  BONNE TOILE LA TOILE MOYENNE LE PIRE DE LA TISSE

Prenant la suite d'un Spider-Man : New Generation applaudi pour sa liberté formelle et narrative, Marvel et Jon Watts ont décidé propulser le Tisseur dans un multivers à son tour. On sait depuis de longs mois que Peter Parker, suite aux évènements de Spider-Man : Far from Home, tente dans ce nouveau chapitre de protéger ses proches avec l'intervention de Doctor Strange. Une aide mystique perturbée par le jeune héros, provoquant le débarquement dans sa dimension d'antagonistes venus de part et d'autre du multivers.

D'où l'irruption, déjà dévoilée dans les bandes-annonces, de méchants tels Electro de The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros, Dr. Octopus de Spider-Man 2 ou encore l'effroyable Bouffon Vert. Réunion fantasmatique qui n'est pas sans engendrer bien d'autres questionnements depuis de longs mois. Ayant enfin pu découvrir le film en salles, l'heure est venue de le décortiquer, et d'évaluer s'il est à la hauteur des attentes placées en lui.

ATTENTION, CE QUI SUIT CONTIENT DES QUANTITÉS INDUSTRIELLES DE SPOILERS

No poster home

La montée en émotion finale

C'est évidemment la partie la plus réussie du long-métrage parce que c'est la seule qui s'intéresse réellement aux enjeux émotionnels des personnages et notamment de Spider-Man. Après bien 2h de blagues vaseuses, de sorts ratés, de rencontres avec des méchants et des doubles d'autres univers et de scènes d'action sans grandes idées... Spider-Man : No Way Home décide de revenir à l'essentiel : son trio d'adolescents.

Ainsi, après avoir battu et sauvé les méchants des autres univers, Doctor Strange voit le multivers se rouvrir une nouvelle fois, son sort raté ayant été réactivé à cause du Bouffon Vert. Voyant qu'il n'y a aucune autre solution pour éviter la destruction du monde, Peter Parker demande au Sorcier d'effacer la mémoire du monde entier, afin que plus personne ne sache qui il est, pas même MJ, Ned ou même Doctor Strange.

Le coeur battant de la trilogie

De quoi laisser la place à des adieux émouvants avec les autres Spider-Man (oui, ils sont là, on en parle plus bas), son ami Ned donc et surtout son premier amour : MJ. Tom Holland est d'ailleurs plus que convaincant lorsqu'il abandonne la rage qui l'animait quelques minutes plus tôt pour accepter la solitude qui l'attend au bout du chemin.

En résulte une belle conclusion émouvante et intime. D'autant plus quand, dans un ultime élan, Peter semble renoncer à tout expliquer à la MJ sans souvenirs, probablement par crainte de la blesser à nouveau à l'avenir (son front étant toujours marqué des stigmates de la bataille finale effacée de sa mémoire). Reste alors l'émotion simple, celle nostalgique de Peter Parker, et celle prometteuse d'un avenir nouveau pour le personnage et pour les spectateurs.

Un duo qu'on ne reverra plus ?

ZENDAYA HOME

Le choix de Zendaya pour interpréter un écho revisité de Mary-Jane, une MJ différente, s'avère une nouvelle fois payant. Uneréussite à mettre intégralement au crédit de la comédienne. En effet, l'artiste est desservie par une écriture d'une banalité confondante, qui laisse terriblementpeu d'espace à son personnage, lequel est cantonné aux dialogues d'autres protagonistes l'évoquant, dans les vannes qui lui sont attribuées et dans un final théoriquement intéressant, mais tragiquement expédié.

Et pourtant, le charisme et l'expérience de Zendaya lui permettent d'insuffler les rares moments d'humanité de l'ensemble. L'expérience acquise sur la plébiscitée Euphoria n'y est sans doute pas étrangère, tant elle parvient, ici et là, à greffer d'authentiques atomes de sensibilité à son personnage. Qu'elle recadre un Strange bougon, laisse comprendre à Peter qu'elle attend bien peu de l'avenir, ou tente de rassurer l'être qu'elle aime, balayé par le deuil, la comédienne est toujours d'une justesse impeccable.

Et la caméra ne s'y trompe pas. Quand Peter doit lui faire de déchirants adieux, ce n'est pas le visage constipé de Tom Holland sur lequel elle s'attarde, mais bien le déchirement contenu de Zendaya, ce mélange enfin atteint de gravité et d'élan. Une alchimie essentielle, à la fois salutaire, secondaire sur le papier, et pourtant indispensable à la réussite de l'entreprise. Les rares scènes à trouver cet équilibre entre électricité légèreté et humanité écorchée lui doivent toutes énormément.

Un équilibre instable...

Andrew Garfield

Spider-Man : No Way Home a donc rappelé Andrew Garfield pour qu'il renfile son costume de The Amazing Spider-Man aux côtés des deux autres Peter Parker, confirmant ainsi les rumeurs et les fuites qui pullulaient depuis plusieurs mois.

Et dès qu'il apparaît face à Ned et MJ, sa passion enfantine pour Spider-Man se transmet immédiatement et l'acteur montre qu'il a conservé toute l'énergie et la fougue de son personnage, qui est un meilleur Spider-Man en 30 minutes de temps d'écran que dans les deux films réalisés par Marc Webb. Comme le Peter Parker de Tobey Maguire, le héros n'a malheureusement pas d'autre utilité que de susciter l'excitation des fans et faire référence aux films dans lesquels il est apparu, notamment à la mort de Gwen Stacy, dont il ne s'est toujours pas remis.

Et pourtant, malgré la pauvreté de son personnage, Andrew Garfield parvient quand même à apporter de l'émotion à son Peter Parker et transmettre son chagrin quand il évoque son amour perdu et sa culpabilité les larmes aux yeux en essayant de réconforter le Peter Parker de Tom Holland. À peine quelques mois après le génial Tick, Tick... Boom!, dans lequel il est aussi étincelant que bouleversant, l'acteur se montre tout aussi impliqué et touchant.

Andrew Garfield dans The Amazing Spider-Man (parce qu'il n'y a pas de photo de lui dans le film)

Comme l'avait déjà montré la bande-annonce, le film rejoue la scène de la mort de Gwen Stacy quand MJ tombe de l'échafaudage et qu'elle entame une chute similaire à celle du personnage incarné par Emma Stone. Comme dans The Amazing Spider-Man : le destin d'un héros, le Peter Parker d'Andrew Garfield se jette pour la rattraper (après que celui de Tom Holland ait été stoppé par le Bouffon Vert), mais cette fois, il l'attrape dans ses bras et lance sa toile pour atterrir en douceur, sans la blesser. Une occasion pour Peter de se pardonner, mais aussi pour Andrew Garfield de tourner la page.

L'acteur n'a jamais gâché sa déception quand il a pris conscience de l’entreprise mercantile de Sony autour des deux films réalisés par Marc Webb et qu’il a été obligé d’abandonner le personnage après l'abandon de la franchise par le studio. Spider-Man : No Way Home lui permet de faire correctement ses adieux aux fans et à Spider-Man, auquel il est attaché depuis sa plus tendre enfance.

Passer à autre chose, mais sans oublier

SPIDER-MAN 2.0 ?

À la fin du film, une fois que chacun a repris sa place dans son univers et que tout le monde a oublié qu'il est Spider-Man, Peter Parker se retrouve seul. Il abandonne son costume et le loft luxueux d'Happy pour s'installer dans son fameux petit studio miteux, puis se confectionne une nouvelle tenue rouge et bleue, plus simple, plus éclatante, et part voltiger dans les rues de New York sous la neige.

Entre la mort de Tony Stark, celle de tante May et le fait que MJ, Ned et Happy aient oublié qui il est, le héros a tout perdu et n'a plus aucun repère. Peter Parker va donc devoir se reconstruire et Spider-Man : No Way Home marque la fin d'une trilogie, mais peut-être le début d'une nouvelle ère pour Spider-Man.

Spider-Man : No Way Home - meilleur Marvel ou fan service ultime ? SOUS UNE  BONNE TOILE LA TOILE MOYENNE LE PIRE DE LA TISSE

Nouveau look pour une nouvelle vie

Comme Tom Holland, le Peter Parker du MCU n'est plus un gentil adolescent qui découvre ses pouvoirs et s'extasie en voyant Captain America et les autres Avengers. Avec les évènements d'Avengers : Endgame, Spider-Man : Far From Home et Spider-Man : No Way Home, le héros a grandi, mûri, il est devenu un jeune homme, qui va entrer à l'université et déterminer son avenir. Le fait qu'il s'écarte de Tony Stark et qu'il prenne un nouveau costume symbolise peut-être une renaissance pour Spider-Man et une transition en attendant la suite.

Amy Pascal, productrice de Sony en charge des films Spider-Man, a annoncé juste avant la sortie du film que le Peter Parker de Tom Holland resterait dans le MCU et qu'une nouvelle trilogie était d'ores et déjà en préparation. Le quatrième volet des aventures de Spider-Man dans l'univers de Marvel serait déjà en développement d'après certaines rumeurs et la première scène-post générique dévoilant un morceau de Venom restant dans l'univers du MCU suggère même que Spider-Man pourrait affronter son éternel rival dans le prochain film.

La petite araignée est devenue un grand héros

La promesse d’un Doctor Strange déchaîné

Comme l'avait déjà révélé la bande-annonce, après que le monde a découvert qu'il est Spider-Man, Peter Parker va demander de l'aide au Dr Strange. Il lui demande de jeter un sort afin que la situation redevienne comme avant, sauf que les choses dégénèrent assez rapidement.

Quand les super-vilains des autres réalités arrivent dans l'univers du MCU, le Dr Strange demande à Peter de les capturer et les renvoyer d'où ils viennent, mais le jeune héros se rebelle parce qu'il veut les sauver. S'engage alors un combat entre le sorcier et le Tisseur pour l'objet permettant de ramener les méchants chez eux.

"Peter, tu la boucles ou je t'envoie avec Dormammu"

Les images de l'affrontement dans la dimension miroir, similaires aux effets kaléidoscopiques de Doctor Strange, sont toujours aussi impressionnantes et délivrent sans doute une des meilleures scènes d'action du film. La confrontation entre Dr Strange et Spider-Man n'a cependant que peu d'impact puisque le sorcier disparaît du récit et ne revient que lors de la bataille finale simplement pour relancer un sort et refermer les portes du multivers. En revanche, la deuxième scène post-générique, qui est en fait la première bande-annonce de Doctor Strange in the Multiverse of Madness, est bien plus excitante.

Entre le retour de Wanda Maximoff en Sorcière Rouge (et potentiellement comme ennemie), l'apparition d'une créature tentaculaire du multivers qui attaque le sorcier et America Chavez en pleine rue, le combat annoncé entre Dr Strange et son double maléfique (peut-être issu de la série What If...?) et la réalisation visiblement plus soignée que d'habitude (ou au moins au niveau de la photographie), ces premières images promettent encore plein de bonnes choses pour le film réalisé par Sam Raimi et la prochaine étape de la Phase 4 du MCU.

Hum... j'ai déjà vu ça

NO VANNES HOME

L'humour tel que déployé par le MCU a toujours été source de débats. Parfois utilisé à son meilleur, quand des auteurs tels que Whedon ou Waititi en usent pour dynamiser la narration et creuser la caractérisation des personnages, souvent brandi comme un moyen d'impliquer un public peu regardant, ou à la manière d'un paravent autorisant un récit à ne jamais investir en profondeur son sujet, voire pour esquiver la portée dramatique de ses rebondissements.

Le reboot de Spider-Man avait su inclure ses blagounettes dans un registre cohérent, celui du teen-movie. Multipliant les clins d'oeil au cinéma de John Hughes, les deux précédents volets étaient parvenus à faire de l'humour un ressort d'humanité et d'identification. Mais ici, en dépit de saillies parfois bien placées, d'une paire de répliques correctement senties, on sent ici et là de gros soucis de cohérence, ou tout simplement, des régimes d'humour qui cohabitent parfois très mal.

OctoLOL est dans la place

Difficile de se satisfaire de ces vannes qui s'essuient dans les rideaux des précédents films, comme si chaque hommage, chaque clin d'oeil, devait s'assortir d'un ricanement. Sacraliser la pop-culture est une démarche fréquemment mortifère, mais ridiculiser le souvenir d'un Octopus, ou le parcours des précédents Spidey pour la grâce d'une vanne contrevient fréquemment à l'investissement du spectateur.

Electro constitue à ce titre un exemple parfait. Jamie Foxx a tout le charisme et le bagout nécessaire au mitraillage de vannes que lui dicte le scénario. Mais comment s'intéresser ou redouter un adversaire à ce point éloigné de son ADN, qui semble n'exister que pour débiter des punchlines périssables, sans conséquence ou influence véritables sur le déroulé de l'histoire ?

Electrop

l'action et jon watts

C'est probablement le plus gros progrès par rapport aux précédents opus de l'homme-araignée version MCU. Exception faite d'une séquence d'illusion franchement réussie dans Spider-Man : Far From Home, la mise en scène de Jon Watts avait toujours été sacrément pauvre. Il faut dire aussi que le monsieur n'était pas aidé par le cahier des charges de Marvel, avec ses montages surdécoupés et ses choix artistiques complètement douteux (combat dans un bac à sable dans Homecoming, roue de fête foraine dans Far From Home...).

Alors soyons clair, l'action de No Way Home n'a rien de spécialement novatrice. Globalement, elle tombe encore dans les travers des productions Marvel puisque les trois grosses scènes d'action entre Spider-Man et les méchants se déroulent... dans le noir. Autant dire que ce n'est pas bien plus lisible ou emballant qu'à l'accoutumée même si le découpage est moins haché.

La scène où le Bouffon Vert tue tante May dans un hall d'immeuble insipide, la baston dans les bois entre Spidey et Electro ressemble à n'importe quelle baston d'un blockbuster quelconque et le climax a beau être animé de la présence des autres Spider-Man, il se déroule sur des échafaudages loin de la population, et donc sans enjeux humains réels (à part MJ et Ned, par un tour de passe-passe).

Non seulement on ne voit rien, mais en plus c'est moche

Toutefois, il faut tout de même souligner une amélioration de la mise en scène... à la lumière du jour. Comme quoi, quand on sort des nuits mal éclairées, on peut réussir de belles choses. C'est notamment le cas en quasi-ouverture du métrage, lorsque Spider-Man rentre avec MJ chez Tante May et que la caméra suit successivement les personnages pour comprendre ce qu'il se passe. Dans un plan-séquence harmonieux, a priori sans raccords numériques, le spectateur s'immisce dans le chaos de Peter Parker, découvrant les réactions de ses proches, là où le monde entier ayant appris son identité ne peut se faufiler.

Puis mieux encore, il y a évidemment et surtout le duel avec Doctor Strange dans la Dimension Miroir. Certes, cela rappelle les scènes d'action du film Doctor Strange en lui-même, mais la séquence est plutôt rafraichissante au milieu des décors gris et sombres de No Way Home jusqu'ici. En jouant avec les reflets, les perspectives et les profondeurs de champ, Jon Watts s'amuse à perdre le spectateur dans un délire visuel stimulant. Bref, il y a du mieux... même si on évitera de parler de la scène d'autoroute, plus fade tu meurs.

Les méchants bordéliques

Le Bouffon Vert de Willem Dafoe, le Docteur Octopus d'Alfred Molina, l'Homme-Sable de Thomas Haden Church, le Lézard de Rhys Ifans et l'Électro de Jamie Foxx. Tous font leur retour dans Spider-Man : No Way Home après que Peter ait perturbé le Dr Strange pendant qu'il lançait son sort, comme l'a montré la bande-annonce, et aucun d'entre eux ne réussit à exister autrement que par la nostalgie qu'il génère (et encore).

Leur personnalité, leur rôle et leurs motivations ne sont jamais clairement définis et certains passent carrément du méchant bêta au criminel assoiffé de sang en seulement quelques scènes. Seul le Bouffon Vert se distingue de la médiocrité générale, le scénario exploitant au minimum le caractère schizophrénique du personnage et sa rivalité ancestrale avec Peter Parker depuis le premier film réalisé par Sam Raimi.

Ha Ha Ha (à lire avec un accent diabolique)

D'autant que, hormis Electro, qui a laissé son bleu turquoise pour un look bien plus agréable à l'oeil (et plus fidèle au design des comics), leur nouvelle apparence est pire que celle qu'ils avaient dans les films où sont apparus pour la première fois.

L'Homme-Sable est une croûte séchée qui se délite pour se changer en tornade quand il doit faire quelque chose ; le Bouffon Vert reprend les couleurs originales du personnage, mais perd toute son aura ; le Docteur Octopus est tourné en ridicule avec ses jolis tentacules ; Electro joue le mec cool et instable et le Lézard n'est plus qu'une forme verte cachée dans l'ombre, parfaitement inutile jusqu'au bout.

Je ne cherche pas Peter Parker, je cherche mon âme

Et le pire, c'est que la plupart des acteurs sont éteints ou se contentent de débiter leurs répliques à peu près dans les temps et comme il faut. Hormis Willem Dafoe, qui évite le ridicule grâce à son incroyable talent et son expressivité toujours aussi remarquable, Alfred Molina et Jamie Foxx ne sont jamais investis et Thomas Haden Church et Rhys Ifans ne font qu'acte de présence pour une malheureuse scène avant de disparaître dans les tréfonds de l'oubli.

Coucou, c'est nous

LE SCÉNARIEN

Le MCU a rarement brillé par ses qualités d'écriture, la construction dramatique ou l'architecture émotionnelle, étant souvent inféodé à la logique feuilletonnante de l'ensemble ou à des items commerciaux déconnectés de toute dimension artistique. Dans No Way Home, le problème est triple : le film doit égrainer une invraisemblable liste de courses (caméos, retour de personnages, fan service, hommages, etc.), feindre de les assembler de manière cohérente et les saupoudrer enfin d'une ganache émotionnelle pour prétendre adapter correctement un héros aux antipodes de sa caractérisation ou de ses motivations originelles.

Le résultat est une mélasse scénaristique qui n'a souvent absolument aucun sens. L'intrigue déroule pendant de longues minutes un semblant d'investigation menaçant Peter et ses proches... dans le seul but de permettre une apparition de Matt Murdoch (Charlie Cox), qui jettera cette sous-intrigue aux toilettes. Et il en iraainsi de presque chaque arc narratif. Chaque mouvement narratif est l'occasion d'une diversion réglée sans accro, et systématiquement, sans jamais que le long-métrage ne s'inquiète de poser des enjeux.

Un costume noir qui ne sert à rien

Passons sur l'inanité hygiéniste de cet univers où l'enjeu majeur de nos héros demeure de "soigner" les méchants et de s'assurer une place de choix dans un établissement scolaire de luxe (comme des macronistes ?), pour se désoler de la pauvreté des enjeux déployés devant nous. En témoigne cette phase de pure déroute narrative où une problématique velue comme il faut - comment vaincre sans les tuer une brochette de super-vilains surpuissants - est réglée le temps d'une séquence indigne d'Hélène et les Garçons où tous nos héros font des vannes en papouillant des éprouvettes, face à une caméraaussi fixe et morne que les dialogues qu'ils débitent.

L'unique enjeu humain et émotionnel de l'intrigue, pourtant majeur pour Peter, est celui qui le condamne à abandonner tous ceux qu'il aime et tout ce qu'il aura vécu. Tristement, elle nous est posé à quelques minutes de la conclusion, tel un os à ronger, abandonné à un cabot crasseux. Incompétence scénaristique ou méprisdu public, à chacun de choisir son interprétation quant à cette défaite mythologique.

Et d'ailleurs, soyons sérieux une minute, Doctor Strange est clair : tous les gens qui connaissent l'identité de Peter Parker dans les autres univers ont été attirés par son sort raté. Mais alors quid de Gwen Stacy version The Amazing Spider-Man, de Mary Jane, d'Harry Osborn et autres Eddie Brock ? Heureusement que ce sont les méchants intéressants et les deux Spider-Man qui se sont engouffré dans la faille, sinon, on se serait encore plus emmerdés... quoi que.

Un film prisonnier de son cahier des charges ?

Ça dure 7 ans

Décidément, avec près d'un an cumulé de pause à cause de la pandémie, Hollywood semble avoir décidé de rattraper le temps perdu avec des films aux longueurs démesurées. Ainsi, ces trois derniers mois, les spectateurs ont pu se jeter sur Shang-Chi et ses 2h12 (en vrai, ça va), Dune (2h36), Mourir peut attendre (2h43), Le Dernier Duel (2h33), Les Eternels (2h37), House of Gucci (2h37), West Side Story (2h37 aussi, tout le monde s'est donné le mot) et donc Spider-Man : No Way Home (2h28).

Parmi les gros blockbusters de ce quatrième trimestre, seul Venom : Let There Be Carnage nous a gratifiés d'un petit 1h38 (et en même temps heureusement vu le bousin) ou même S.O.S. Fantômes : l’Héritage avec ses 2h04. La comparaison entre ce dernier et No Way Home est d'ailleurs presque bienvenue tant les deux longs-métrages jouent sur la corde nostalgique de leur franchise respective. Et si, à la surprise générale, le retour des Ghosbusters a plutôt convaincu, c'est peut-être aussi grâce à cette durée plus sage.

Cette DocCav finalement complètement accessoire

En un peu plus de 2h (générique compris), le film de Jason Reitman parvenait alors à mieux faire des souvenirs d'antan, un enjeu émotionnel grâce à un récit plus resserré (et moins ambitieux aussi, certes). Au contraire, Spider-Man : No Way Home ne parvient jamais réellement à allier tous les éléments qu'il mêle.

Ainsi, l'ampleur du multivers n'est jamais étudiée, le ressort nostalgique des anciennes figures ne dépasse jamais le stade du fan-service et le fil émotionnel derrière le Peter Parker de Tom Holland se fait écraser par le poids du cahier des charges. Alors quand ça dure en plus 2h28, on a la sensation de voir plusieurs films en un, où rien n'est suffisamment développé pour vraiment atteindre son but. Un gros gâchis là où une oeuvre plus restreinte et avec moins d'éléments aurait pu offrir l'un des grands moments de l'histoire de l'homme-araignée.

"Ah bordel, mais c'est un papier d'EL, ils n’aiment jamais rien c'est bien connu"

TEUBÉ MAGUIRE

Il était l'objet de tous les rêves, de toutes les attentes : le premier Spider-Man à avoir entoilé le box-office, le Peter de Tobey Maguire, serait-il présent, ainsi que le laissaient entrevoir fuites et rumeurs ? La réponse est oui. Mais quelle cruelle déception ! Le personnage en lui-même, tout d'abord, manque cruellement de chair, ne bénéficie d'aucun arc narratif précis, n'a pas d'existence concrète à revendiquer au sein de la narration. Il n'existe que pour cocher une case de fan service, laissant à l'interprétation de l'acteur l'entière responsabilité de nous convaincre.

La carrière de Maguire était jusqu'à récemment quasiment à l'arrêt, et pour cause, c'est un spectre qui s'invite dans le blockbuster. Absent à lui-même, inexpressif au possible, donnant le sentiment d'avoir été filmé à l'écart du reste du casting sur un fond vert, le malheureux est bien incapable de transmettre la moindre émotion. Les dialogues iront jusqu'à assumer cette désolante nullité en l'assommant de vannes, un de ces avatars riant grassement de sa dégaine d'aumônier de lycée.

Les plus nostalgiques pourront se satisfaire de le voir renfiler son vieux costume, à la faveur d'un climax numérique pauvret en plans iconiques ou collectifs, mais le constat est amer. Ce Spidey n'a rien à dire, à faire, ou à vivre, et n'existe que pour exciter les réseaux sociaux. Pire, il n'a droit d'apparaître pleinement à l'écran que le temps de deux dialogues mécaniques, exclusivement pensés autour du fan service, l'un soulignant la dimension organique de ses lance-toiles, le second réhabilitant un Amazing confrère. Ou comment le blockbuster le plus attendu de l'année affiche 20 ans de retard sur son public.

"Bonjour,c'est la subtilité"

la mort de tante may

Sur papier comme à l'écran, la vie de Peter Parker a toujours été marquée par la tragédie. De la mort de ses parents en passant par celle de l'oncle Ben, de Mary-Jane ou de ses multiples crises existentielles, ses aventures super-héroïques ont toujours été profondément liées à autant de tragédies intimes. Ces dernières auront été remarquablement absentes des deux précédents longs-métrages du reboot Disney-Sony, où notre héros pouvait régler l'essentiel de ses conflits à coups de textos et de blagounettes.

On se réjouissait donc de voir enfin Peter se frotter à des évènements terribles, susceptibles de le mettre à l'épreuve, de l'éprouver, au sens le plus littéral du terme. Et avec la mort de tante May surgissant en moitié de film, disons qu'il y avait matière à confronter le personnage tant à ses démons qu'aux dangers qu'il fait encourir à ses proches. Malheureusement, cet évènement est traité de bien piteuse manière. Tout d'abord parce que Jon Watts n'a jamais traité May autrement que comme un running gag libidineux.

Échapper au MCU, une allégorie

Après avoir passé cette trilogie à dévier les afflux sanguins de Tony Stark ou Happy, la figure maternelle incarnée par Marisa Tomei n'a pas ici assez de temps de présence pour faire office de relais émotionnel, à fortiori quand elle disparaît à l'issue d'une confrontation avec le Bouffon Vert terriblement téléphonée. S'en suit une scène "mortelle", tristement lymphatique, où tout ce petit monde pleurniche en plan fixe, comme pour rattraper le temps émotionnellement perdu.

Le résultat est inexistant, et ce ne sont pas le visage contrit de Parker, la balle reçue dans son épaule ou aucun autre effet de manche qui permettront de conférer par magie à May une importance symbolique au sein de ce récit.

Libérée, délivré ?

Les caméos

Bon on va faire très vite dans cette ultime partie parce que c'est probablement le clou du spectacle de Marvel, prouvant à quel point le géant d'Hollywood a décidé de dévorer la concurrence, a préparé son avenir sur des dizaines d'années et que les super-héros de la saga ne sont pas près de quitter les écrans (quel qu'en soit la taille).

Évidemment, il y a quelque chose d'amusant à retrouver les anciens méchants des anciennes versions notamment le Bouffon Vert de Willem Dafoe. Évidemment, il y a quelque chose d'excitant à découvrir les versions Spider-Man de Tobey Maguire, Andrew Garfield et Tom Holland faire équipe pour affronter leurs ennemis (ou leur rendre leur liberté). Mais à côté de ça, Spider-Man : No Way Home ressemble surtout à un immense jeu où Marvel place ses pions pour le futur plus que pour la cohérence du présent.

Ainsi, le retour très prometteur de J.K. Simmons dans la peau de J. Jonah Jameson était alléchant vu le cynisme et bagout du journaliste dans la trilogie de Sam Raimi. Finalement, sa présence est plus que futile et relève uniquement du clin d'oeil tant il ne retrouve pas son caractère tranché et ne serait-ce qu'une réplique cinglante.

J. Jonah Jameson sans rien du vrai J. Jonah Jameson (à part la tronche)

Mais le pire se cache surtout dans la présence de Daredevil, aka Matt Murdock, incarné par Charlie Cox (soit la version des séries Netflix). Son rôle est insignifiant, repartant aussi vite qu'il est arrivé et balayant d'un revers de main le procès de Peter Parker (qui disparaît de l'intrigue d'un claquement de doigts). Incontestablement, en montrant Daredevil dans No Way Home, Marvel place juste un pion supplémentaire pour son vaste plan intergalactique de domination de l'univers, voire du multivers.

C'est d'autant plus évident qu'au même moment, dans le cinquième épisode de Hawkeye, un certain Wilson Fisk est introduit. Autant dire que Marvel semble persuadé qu'organiser son futur est plus important que livrer des films cohérents et singuliers. Même chose d'ailleurs pour l'arrivée de Venom dans la première scène post-générique, où Tom Hardy se surpasse dans le non-jeu sur moins de deux minutes, pour probablement ne jamais revenir en personne. Bref, des immenses retours pour un intérêt minuscule. Quelle désillusion.