• 08/06/2022
  • Par binternet
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Espagne : Mérida, la mystérieuse cité romaine<

« De nos jours, Mérida est un TP d’archéologie classique », déclare Trinidad Nogales Basarrate, directrice du Musée national d’art romain de la ville. Grâce à la restauration impressionnante de la plus grande maison de la ville antique réalisée en 2020, et grâce à une attention particulière porté à l’équilibre entre tourisme et sauvegarde du patrimoine, les visiteurs ont de bonnes raisons d’aller découvrir une des plus anciennes cités d’Espagne.

AVÈNEMENT ET CHUTE D'UNE CAPITALE ROMAINE

Augusta Emerita a été fondée en 25 av. J.-C. par l’empereur Auguste en tant que colonie pour les soldats (emeriti) qu’on renvoyait à la vie civile pendant les guerres cantabres. La cité était idéalement placée près du fleuve Guadiana, dans une vallée entre forêts pentues et champs de chênes verts (dont l’écorce a d’ailleurs longtemps servi à produire du liège). Auguste a fait de Mérida la capitale de la Lusitanie, région chevauchant l’actuelle frontière entre le Portugal et l’Espagne.

Elle est aussi devenue le foyer du culte impérial qui vénérait les empereurs comme des dieux. Parmi les traces laissées par ce culte on a notamment retrouvé un buste voilé à l’effigie d’Auguste, représenté en Pontifex Maximus, qui est exposé au musée de Mérida, mais aussi un temple de Diane dans le centre de la cité. Ce dernier (vraisemblablement érigé durant le règne d’Auguste) est en réalité un temple du culte impérial s’élevant d’un grand podium en granit et dont le tympan pointe vers le ciel.

À son apogée, au premier et au deuxième siècle, 40 000 personnes vivaient à Mérida et certaines venaient même d’Asie mineure. La ville est restée un bastion stratégique et une capitale administrative jusqu’à ce que survienne l’occupation mauresque au huitième siècle. Mais quand la reconquista s’est achevée au 12e siècle, cela faisait déjà bien longtemps que la ville n’était plus qu’une note de bas de page sur les rouleaux de l’Histoire. Bon nombre de ses structures « immorales » avaient été remblayées pour faire de la place à des exploitations agricoles et à de nouveaux bâtiments.

Espagne : Mérida, la mystérieuse cité romaine

Il existe beaucoup d’autres sites romains en dehors de l’Italie (au Portugal, au Maroc, en France…) « Vous pourrez y trouver un amphithéâtre, des bains ou bien un aqueduc », commente Marco Mangut, guide touristique de l’Estrémadure. « Mais découvrir un théâtre, un amphithéâtre et un cirque – c’est-à-dire les trois principales structures de divertissement –, c’est extrêmement rare en dehors de Rome. »

ANTIQUITÉ ET MODERNITÉ SE RENCONTRENT

Les structures antiques remarquables de Mérida, qui se trouve dans la région la moins peuplée et la moins touristique d’Espagne, ont été relativement facile à mettre au jour. « Si vous allez à Rome, la différence entre le niveau du sol actuel et l’ancien est d’environ 10 mètres. À Mérida, c’est moitié moins, et encore. On pourrait tomber sur des ruines romaines en creusant une tranchée pour passer un câble de fibre optique », explique Jonathan Edmondson, professeur d’histoire romaine et d’humanités classiques à l’Université de York à Toronto et co-auteur de Si muero, no me olvides (« Si je meurs, ne m’oublie pas »), qui se penche sur la vie sociale d’Augusta Emerita en s’intéressant aux épitaphes qui y ont été découvertes.

À l’intérieur de la ville moderne, les visiteurs tomberont sur une trentaine de monuments (d’influence romaine et chrétienne) administrés par le Consortium du patrimoine de la ville de Mérida. Grâce aux fouilles archéologiques régulières et aux projets de sauvegarde, il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir.