Elles sont nues - hormis un string et de la peinture sur les seins - et posent avec vous sur la plus célèbre place de New York en échange de quelques pièces. Mais ces « artistes de rue » comme elles aiment à se présenter, ont du mal, malgré leur poitrine généreuse, leurs talons hauts et un N et un Y dessinés sur les fesses, à conquérir le cœur de la presse new-yorkaise et encore moins celui du maire de la ville. « Ce n'est pas bien, a dénoncé Bill de Blasio. Nous allons nous y attaquer de façon très agressive. »
Le gouverneur de l'État, Andrew Cuomo, voudrait lui aussi voir ces jeunes femmes partir. « Je pense que c'est illégal. Je pense que nous devons faire appliquer la loi et nettoyer tout ça. Et c'est exactement ce que nous allons faire », a-t-il promis sur la chaîne de télévision locale NY1. « C'est une affaire sérieuse. Cela commence à me rappeler le temps où Times Square était mal famé », a-t-il ajouté, osant une comparaison historique quelque peu exagérée. Avant de devenir la place sur laquelle les touristes du monde entier viennent en famille faire des selfies devant des gratte-ciel couverts de panneaux lumineux, Times Square était en effet un haut lieu du trafic de drogue et de la prostitution. Deux commerces qui se faisaient au milieu des cinémas porno, des clubs de strip-tease et des peep-shows glauques.
Jusqu'à présent, elles étaient une douzaine à venir tous les jours. Mais aujourd'hui, devant la levée de boucliers que suscite leur présence, seule une toute petite poignée continue à défier les autorités. « Chacun a le droit d'avoir une opinion. S'il (le maire, NDLR) veut se débarrasser de nous, qu'il essaie ! » lance Saira Nicole. « Nous nous amusons. Nous sommes des artistes et les gens nous aiment », renchérit sa collègue Angel. Elle ne voit rien de mal dans son métier et le considère même comme une sorte de revendication féministe. « Le corps d'une femme ne devrait pas être un objet sexuel. Un enfant ne devrait pas grandir en pensant que le corps d'une femme est quelque chose de purement sexuel », avance-t-elle.
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— travelchef Thu Oct 04 11:36:44 +0000 2018
Mais Times Square Alliance - l'association qui supervise les activités du quartier - souligne que les visiteurs se plaignent non seulement de ces femmes aux seins nus recouverts de peinture mais aussi des personnes déguisées en personnages de bandes dessinées. Un sondage montre que 45 % des gens qui travaillent autour de Times Square ont eu une expérience désagréable avec ces artistes de rue qui font la manche ou ont été témoins d'un incident.
Depuis 16 ans, qu'il pleuve ou qu'il vente, Robert Burck s'installe sur Times Square en slip blanc, avec chapeau et bottes de cowboy assorties, la guitare en bandoulière. Pour marquer sa différence et montrer qu'il désapprouve le comportement de ces artistes topless, il a même porté un haut de bikini aux couleurs du drapeau américain. « J'essaye de leur apprendre les bonnes manières », plaisante-t-il dans un entretien qu'il accordé en costume et en situation. Il souligne que contrairement à ces artistes de rue, lui attend que les gens viennent vers lui. « Je pense qu'ils ont franchi une ligne rouge : ils font la manche de façon très agressive », estime-t-il. « On peut être audacieux, mais il ne faut pas trop se distinguer. Il ne faut surtout pas énerver tout le monde et devenir célèbre parce qu'on est un idiot », conseille le vétéran.
Aujourd'hui, il est tout à fait légal d'aller torse nu à New York. Le premier amendement de la Constitution des États-Unis autorise à faire la manche et à se promener dans n'importe quel costume dans la rue. Les autorités n'ont donc pour le moment guère de marge de manœuvre si elles veulent tenir leur promesse.
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