• 05/03/2022
  • Par binternet
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« La créativité, la prise de risque et la capacité à décider sont aussi du ressort des femmes »<

Le sexisme ordinaire ne s’arrête pas à la porte de l’entreprise. Au contraire. Dans un cadre corporate, il prend d’autres formes, parfois plus banales ou plus pernicieuses. Pour rendre compte de cette réalité, Usbek & Rica a choisi de donner la parole aux femmes, en se concentrant dans un premier temps sur celles qui occupent des postes à forte responsabilité.

Elles sont PDG, DRH, directrice innovation, directrice de la stratégie. Elles occupent des postes à forte responsabilité dans la communication, les affaires publiques, les assurances, les transports ou la banque. Elles ont la quarantaine, la cinquantaine, ou plus encore. Et elles ont toutes en commun d’avoir subi, en accédant à des sphères encore largement masculines, une forme de sexisme ordinaire.

Une expérience forcément perturbante, qu’elles choisissent aujourd’hui de partager en prenant la plume. Sans s’apitoyer sur leur sort. Pas dans un esprit de revanche. Plutôt pour inspirer les générations présentes et futures. Pour rappeler qu’en entreprise, quand on est une femme, il faut se battre deux fois plus – et parfois contre soi-même ! – quand on fait face à des vents contraires. Et enfin, pour contribuer, par la force et la sincérité de leurs témoignages, à engager les hommes comme les femmes sur le chemin de l’égalité.

Après Bénédicte Tilloy (Schoolab), Frédérique Delcroix (SNCF), Alexia Lefeuvre (Novotel), Claude Nahon (Iddri, ex-EDF), Anne de Bagneux (Transdev), Françoise Bresson (Nestlé Waters), Paula Forteza (Écologie démocratie solidarité), Carole Thomas (Immobilière 3F) et Charlotte Girard-Fabre (consultante et arbitre internationale de hockey sur glace), c’est autour de Sabrina Sedoud, « chief innovation officer » d’une banque privée internationale, de témoigner.

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D’aussi loin que mes souvenirs remontent, je me souviens très bien m’être dit, enfant, qu’être née femme n’était visiblement pas un cadeau. Il suffisait d’observer un minimum le quotidien des femmes qui m’entouraient, les mères de mes amis pourtant aisées, les femmes de ces publicités si dociles et si parfaites, pour me rendre à l’évidence : j’étais née dans le mauvais camp. À partir de ce constat, j’ai essayé de me faufiler discrètement dans l’autre camp, celui des garçons, celui de la liberté.

J’étais très sportive, du même niveau que les garçons les plus doués au foot et au basket dans la cour de récréation. J’ai donc rapidement été respectée et acceptée comme un membre de cette bande, pensant avoir les mêmes privilèges. Avec le recul, je me rends compte que c’est grâce à ces moments passés avec eux durant toutes ces années, grâce à ce rapport de force que j’ai dû dompter, que je n’ai jamais ressentie de peur, de faiblesse, d’infériorité vis à vis d’eux jusqu’à aujourd’hui. On voit bien le défi qui se joue dès l’école maternelle : mettre en avant la collaboration entre les genres plutôt que la confrontation.

Pendant mes études de finance en école de commerce, je n’ai pas vraiment été témoin de scènes de sexisme trash. J’avais évidemment remarqué que mes professeures étaient moins représentées ou écoutées que leurs homologues masculins. À l’époque, je n’avais pas les clés pour comprendre toute la signification de ces scènes qui me paraissaient très ordinaires et conformes aux normes de la société dans laquelle je vivais.