l'essentielUn musée vit au rythme des collections permanentes, des expositions temporaires et des… dons ou legs qui permettent d’enrichir le fonds des collections. Grâce à un collectionneur Américain, Robert Strauss, le musée de Gajac possède désormais une œuvre immense de Gabriel Barlangue. Et ce n’est pas la seule œuvre léguée par des artistes au musée Villeneuvois.
Ida Karskaya, Naja Mehadji et Gabriel Barlangue ont un point commun : ils sont exposés sur les cimaises du musée de Gajac. Pour les deux premières artistes le don qu’elles ont fait au musée de Gajac fait suite à des expositions proposées dans le "monde d’avant". Pour le troisième l’œuvre donnée en juin vient compléter un fond déjà riche d’un artiste inclassable parce qu’il a laissé une œuvre multiple, touchant à beaucoup de techniques artistiques : la peinture bien sûr mais aussi la gravure (burin, eaux-fortes, etc.) et même la gravure de timbres-poste. Né à Villeneuve-sur-Lot, en 1874, Gabriel Barlangue a vécu une grande partie de sa vie en région parisienne, à Charenton-le-Pont avant de retrouver le Lot-et-Garonne, Penne-d’Agenais, pour les derniers jours de sa vie. Il est décédé en 1955 à l’âge de 82 ans. Moins connu que d’autres artistes d’ici, il mérite quand même d’être découvert. C’est ce que fit le musée de Gajac en proposant une exposition autour du fonds Barlangue en fin d’année. On peut trouver, encore, sur la page Facebook du musée de Gajac une trace de cette exposition.
Charles-Gabriel Barlangue a été lauréat de l’École des beaux-arts de Toulouse. Il monte à Paris en 1893 où il est reçu premier sur 550 concurrents et intègre l’École Nationale des beaux-arts où il acquiert son savoir-faire auprès de ses maîtres, les peintres Jean-Paul Laurens ou Benjamin Constant. Il se forme à la gravure auprès de maîtres graveurs, Jean Patricot (graveur au burin et lithographe), Henri-Émile Lefort (graveur à l’eau-forte) et surtout d’Antonin Delzers (graveur au burin et à l’eau-forte). Barlangue participe régulièrement au Salon de la Société des artistes français à partir de 1900 où il expose des peintures, des gravures et des dessins, des paysages, des portraits ainsi que des scènes de la vie quotidienne ou des scènes religieuses. Il y a reçu plusieurs prix à partir de 1902, la médaille d’argent en 1924, et deux ans plus tard, la médaille d’or. Il est membre du jury en 1927. L’autre aspect du travail de Barlangue c’est la gravure pour la philatélie. C’est un maître en la matière, Antonin Delzès qui l’introduit dans le milieu des concours postaux. Il a réalisé son premier timbre, "Jeanne d’Arc", en 1928. Et il a gravé de 1937 à 1953 31 timbres français et 27imbres pour les colonies et quelques pays étrangers.
La majeure partie des pièces en dépôt au musée de Gajac concerne justement l’œuvre gravée de l’artiste. Un des tableaux les plus remarquables du fond Barlangue "Fillette au kimono" offert à la ville par la propre fille du peintre, était jusqu’à présent l’huile sur toile la plus représentative du talent de cet enfant de Villeneuve. Et grâce à Robert Straus, "Sérénité" vient démontrer la multitude des centres d’intérêt d’un artiste que l’on retrouve aussi à l’intérieur de l’église Sainte-Catherine. Dans les années 1930, répondant à une demande de Mme Georges Leygues et à l’archiprêtre François Descuns, Barlangue réalisa les peintures du cul-de-four, la voûte de l’abside. Robert Straus de nationalité américaine n’a sans doute jamais mis les pieds à Villeneuve-sur-Lot. Mais il possédait dans son appartement parisien ce tableau "Sérénité", de 2 mètres sur 2,50 mètres qu’il ne souhaitait pas emporter chez lui aux USA à l’heure du déménagement. Par un concours de circonstances heureux, il fit don de cette œuvre à la ville de Villeneuve. Et voilà comment "Sérénité" fut le point d’orgue de cette exposition proposée en 2020 et qui n’eut pas le succès populaire qu’elle méritait à cause de la pandémie de Covid 19. Et comme l’œuvre est gigantesque, elle ne pourra pas, non plus, être exposée dans les salles d’expositions permanentes de Gajac. Mais on peut faire confiance à l’imagination des conservateurs du musée Villeneuvois pour remettre en vedette des œuvres d’un artiste attachant.
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