Le débat sur le créationnisme, repris ces jours sur les blogs, pose la question de la relation entre la science et la foi religieuse. Les créationnistes prennent les livres fondateurs au pied de la lettre: l’univers a été créé, Homme compris, il y a environ 6’000 ans. Les tenants du dessein intelligent admettent eux l’évolution mais en lui donnant la marque d’une intention divine prédéterminée.
Le débat est relancé depuis quelques années par des crétionnistes musulmans et chrétiens qui veulent introduire leurs vues dans l’éducation et à l’école. Sous un titre provocateur je prends délibérément le parti de vouloir limiter l’influence des livres sacrés des religions.Des tenants du créationnisme se présentent comme des scientifiques. La question n’est pas de savoir qui a raison dans un premier temps, mais qui est habilité à parler, au nom de quoi, et avec quels moyens de démonstration.Une première chose est à prendre en considération: on ne peut se prévaloir de la science sans souscrire à la démarche intellectuelle et expérimentale que cela implique.Dans le magazine La Recherche de juin dernier, en pages 81 à 83, deux scientifiques, Guillaume Lecointre et Jacques Arnould, répondent à la question: Faut-il dialoguer avec les créationnistes?A propos des créationnistes qui se disent scientifiques, Guillaume Lecointre rappelle ce qu’est la démarche scientifique:«La démarche scientifique est sceptique sur les faits. (…) Une autre caractéristique de la démarche scientifique, moins connue, est son matérialisme méthodologique. Il situe l’espace expérimental dans le monde physique: par contrat, ce dont les sciences peuvent s’emparer du monde réel est la matière ou ses propriétés sophistiquées. Les sciences ne savent pas travailler avec des entités extra-naturelles, immatérielles.»Pour lui, «Tous les créationnistes (…) sont en rupture avec cette caractéristique d’une démarche scientifique. Tous travaillent à un brouillage des limites entre la dimension collective de la validation des résultats scientifiques et la dimension individuelle des options métaphysiques.»En d’autres termes, un créationnistes pourrait en parallèle être scientifique, mais ses recherches scientifiques doivent rester circonscrites à ce qui est expérimentable, reproductible par d’autres chercheurs, vérifiable et qui peut être validé par l’ensemble de la communauté des scientifiques. Il y a un mélange de genres à vouloir développer une métaphysique des origines de l’univers et à vouloir expliquer «comment» cela s’est passé concrètement.Les livres fondateurs des religions ne donnent pas de manuel technique sur comment s’est déroulé la création du monde et le développement des espèces sur la Terre. Ils proposent des allégories pour donner à la création une dimension spirituelle. Dans l’absolu nul en l’état ne peut dire qui, des religieux ou des scientifiques, a la bonne explication, puisque nous n’y étions pas. Toutefois la science a mis au point des méthodes de datation qui ont démontré leur fiabilité et qui permettent de dire que le système solaire était déjà en place depuis bien avant la date supposée de la création selon la Bible, soit il y a environ 6‘000 ans. Nier cela reviendrait à nier la fiabilité de la démarche et des outils que la science utilise, c’est-à-dire nier la recherche en médecine par exemple.Une lecture littérale des livres religieux n’aurait de sens que si les allégories pouvaient être démontrées matériellement. Ce n’est pas le cas. Faute de cela il faut se fonder sur ce qui est le plus plausible, soit le plus démontrable, même si toutes les réponses ne sont pas encore trouvées sur l’origine de l’univers et sur le développement de la vie. D’ailleurs une lecture littérale suppose que toute l’espèce humaine est issue d’un seul couple dont les enfants ont au minimum commis l’inceste pour se reproduire. J’imagine mal Dieu, qui punit l’inceste, l’autorisant pour la création. D’ailleurs cette question de l’inceste est écartés du texte de la Genèse. L’Arche de Noé reprend implicitement ce thème de l’inceste puisque seule la famille de Noé embarque dans l’arche.Que chacun s’occupe donc de son domaine de compétence. Ne demandons pas à un théologien d’expliquer la datation au carbone 14 ou la génétique. De même ne demandons pas à un scientifique de prêcher l’Evangile.Quant au dessein intelligent, soit la possibilité qu’une intelligence consciente et orientée préside à toutes les étape de la création, ce n’est qu’une hypothèse. On pourrait dire que tout est hypothèse. Je préfère celles qui ont pu commencer à être vérifiées, même partiellement. Et dans le domaine de la vérification, domaine ô combien légitime, la science a une sérieuse longueur d’avance sur les religions, sans pour autant en faire un système de croyance mais seulement une tentative d’explication du monde.Quant aux livres religieux, s’ils veulent prétendre à cette explication rationnelle du monde sans aucune vérification possible, si l’on veut en imposer les allégories comme des vérités indiscutables, il faudra sérieusement songer à les brûler pour passer enfin à une autre étape de l’humanité et quitter celle de la croyance irrationnelle et de la soumission à la «révélation».
1. I realize it's Fat Tuesday this Tuesday. 2. I want to celebrate this as Pancake Tuesday. 3. I look up how to coo… https://t.co/RHcAeqiYBA
— Jenn(ifer) Jolley 👩🏻💻 Sun Feb 23 22:37:43 +0000 2020
(Images: 1: le dessein intelligent - 2: arche de Noé - 3: nasa "la main de dieu").