• 12/08/2022
  • Par binternet
  • 637 Vues

En devenant avocats, les Indiens reprennent le sentier de la guerre<

Savent-ils, les Indiens, qu’au cœur des villes américaines, on croise parfois d’étranges statues, de splendides chefs dont le visage buriné, le torse nu, les plumes ont été coulés dans le bronze ? Qu’à Seattle, il est encore là, le bras nu et tendu en signe de bienvenue, le grand chef dont la ville a aussi pris le nom ? Bien sûr qu’ils le savent. Ils savent que l’homme blanc se croit meilleur une fois sa victime au pinacle, même s’ils ne viennent pas se perdre sur les avenues commerçantes, les parkings, les entrées et les sorties d’autoroutes.En devenant avocats, les Indiens reprennent le sentier de la guerre En devenant avocats, les Indiens reprennent le sentier de la guerre

« Ils ne se sentent pas bien dans la ville », dit Gabriel Galanda. Quelques mots simples posés comme une évidence sur un abîme. Il navigue dans cet abîme. Il est indien et avocat des Indiens. Il a fondé le cabinet Galanda Broadman avec son meilleur ami, Anthony Broadman, il y a six ans. Une antenne dans l’Oregon pour Broadman. Une autre dans l’État de Washington pour Galanda, qui préfère qu’on l’appelle Gabe. Il est au 8606 de la 35e Avenue, dans le nord-est de Seattle. Il a 40 ans, il fait partie de la confédération des tribus de Round Valley. Avec lui, Amber ­Penn-Roco, une Chehalis de 30 ans, et Bree Black Horse, 27 ans, de la nation Séminole d’Oklahoma. Tous indiens. Jeunes. Les ­nouveaux guerriers sont avocats.

Car l’on convoite encore leurs terres dans les états-majors des grandes firmes, les sphères des gouvernements locaux et fédéraux. Il y a sur leurs vastes plaines de quoi enterrer des pipelines, de quoi faire passer des voies ferrées, de quoi pousser la vitesse, intensifier le trafic, augmenter les rendements, trouver du gaz, du charbon ou de l’eau, cet or blanc qui manque tant à l’ouest des Etats-Unis.

Un geste de soutien de l’administration Obama

En devenant avocats, les Indiens reprennent le sentier de la guerre

Ces derniers mois, le combat des Sioux ­Lakotas de la réserve de Standing Rock contre le Dakota Access Pipeline (DAPL) a mis en lumière ces guerres indiennes. #NoDAPL a fait un furieux ramdam sur les réseaux sociaux, tandis que les soutiens affluaient, prouvant que les Indiens sont moins seuls à se soucier de la qualité de l’eau et de la terre. « La tribu avait perdu devant la Cour, mais elle a montré qu’elle pouvait gagner la guerre politique devant l’opinion », estime Gabe qui, sans être chargé du dossier, est néanmoins allé la soutenir à la fin de l’été. La victoire est finalement venue d’un geste politique de l’administration Obama, qui préservait jusqu’alors les intérêts industriels mais qui redoutait l’issue de ce dossier brûlant entre les mains de son successeur.

Il vous reste 84.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.