• 10/09/2022
  • Par binternet
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Le groupe de prêt-à-porter Happychic va supprimer 466 postes<

La famille Mulliez est de nouveau confrontée à une crise. Les enseignes Jules, Brice et Bizzbee que détient l’Association familiale Mulliez (AFM) ont annoncé, mardi 17 juillet, envisager « un plan de transformation » qui, à terme, entraînerait la « fermeture de 88 » de ses 543 magasins en France et « la suppression de 466 emplois ».Le groupe de prêt-à-porter Happychic va supprimer 466 postes Le groupe de prêt-à-porter Happychic va supprimer 466 postes

Pour la ministre du travail, ­Muriel Pénicaud, ces suppressions de postes montrent qu’« on ne peut pas garder les métiers du passé » et qu’il faut former les travailleurs aux « métiers du futur ».

La très discrète famille nordiste doit déjà composer avec les difficultés du Groupe Auchan, confronté au déclin des hypermarchés, à celles de Pimkie, chaîne malmenée par la piètre santé du marché de la mode féminine, et au départ surprise de Matthieu Leclercq, président du conseil d’administration de Décathlon, autre figure de son patrimoine. Cette fois, c’est au tour de ses trois enseignes de mode masculine, Jules, Brice et Bizzbee, regroupées au sein de l’entité Happychic (720 millions d’euros de ventes), de faire face à des vents contraires.

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Les ventes sont en recul « depuis prés de sept ans », prétend Jean-Christophe Garbino, directeur général d’Happychic depuis un an. L’année 2018 a fort mal débuté. « La baisse d’activité frôle les 10 %. Il nous faut retrouver un chiffre d’affaires suffisant pour supporter nos frais, nos coûts et nos loyers », estime-t-il. A défaut, assure cet ancien PDG de Kiabi, la firme tomberait dans le rouge.

« C’est du jamais vu »

En s’imposant 466 suppressions d’emplois, le groupe rompt avec les méthodes sociales d’usage au sein de la dynastie Mulliez. « C’est du jamais-vu. D’habitude, la direction ferme seulement quelques magasins », déplore Laurent Petit, délégué syndical CGT, élu au sein du comité d’entreprise chez Jules depuis une dizaine d’années.

Le groupe de prêt-à-porter Happychic va supprimer 466 postes

Mais, à en croire M. Garbino, Happychic « n’a plus le temps » de procéder « pas à pas ». Car il évolue sur un marché de la mode masculine disputé où « le pire est à venir », ose-t-il, en agitant le chiffon rouge de l’américain Amazon et du chinois Alibaba.

Regroupés au sein de l’unité économique Happychic depuis 2009, Jules, Brice et Bizzbee sont, pourtant, trois spécialistes établis de la mode masculine ; ils exploitent 720 magasins, dont une majorité en France (306 magasins Jules, 172 Brice et 65 Bizzbee, pour les adolescents). Installé à Roubaix (Nord), depuis 2009, l’ensemble est un héritage de Camaïeu Hommes, enseigne rachetée par l’AFM et rebaptisée Jules en 1999, et de Brice, chaîne de costumes vendus à petits prix créée au Mans et rachetée par l’AFM en 2003 à son fondateur, Dominique Marcadé.

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Depuis, le groupe n’a jamais osé fusionner à 100 % le roubaisien Jules et le manceau Brice, préférant voir la complémentarité des deux réseaux. Bien qu’éternel numéro deux du marché, derrière Celio, Jules a longtemps été une star, celle des centres commerciaux. « Dans les années 2000, l’enseigne affichait un rendement au mètre carré de 10 000 euros », reconnaît M. Garbino.

Faire face aux enjeux de la « distribution de demain »

Brice n’a, elle, « jamais gagné d’argent », jure-t-il. Fondée en 1985 alors que la mode du costume faisait rage, un temps cotée à la Bourse de Paris, elle souffre désormais d’un retournement total du marché masculin. Les hommes enfilent rarement un costume, fût-il slim. Ils leur préfèrent un jean. Et, sous le diktat de la promo, le taux de démarque qu’appliquent les enseignes à leurs collections pour séduire leurs clients atteint « 25 % aujourd’hui, contre 17 % il y a cinq ans », rapporte Laurent Thoumine, directeur du pôle distribution, mode et luxe au sein du cabinet de conseil Accenture. Dès lors, le spécialiste du trois-pièces perd l’espoir de dégager des résultats.

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Avec l’aval de Philippe Van der Wees, représentant de la famille Mulliez à la présidence du conseil de Happychic depuis juin 2017, elle va réduire ses frais de fonctionnement, en fermant son entrepôt du Mans où sont employées 48 personnes. Et, à terme, l’enseigne Brice devrait disparaître en fusionnant avec Jules, sous un nouveau nom.

L’annonce de ce projet intervient alors que M. Garbino doit mener la mission « Fashion3 » censée mettre en commun « les bonnes recettes » des enseignes de mode masculine et féminine détenues par l’AFM pour faire face aux enjeux de la « distribution de demain ». L’ancien patron de Kiabi dément cependant tout projet de fusion de Pimkie et de Jules qui, en interne, depuis dix-huit mois, au siège de Roubaix, suscite l’effroi de ses dirigeants.

Juliette Garnier

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