Il y a beaucoup de similitudes entre la victoire contre Colomiers il y a quinze jours et celle de vendredi sur Provence Rugby. Après cinquante minutes indigestes, le SUA a réussi à chaque fois à inverser la tendance. Et ce basculement de la roue du destin est à chaque venu d’une action d’éclat de Kolinio Ramoka.
À Colomiers, sa course tranchante à l’entrée des 22 mètres a troué la défense comme un couteau dans du beurre. Contre les Provençaux, c’est aussi un de ses rushs qui a remis le SUA dans l’avancée. Sur une prise de balle et un crochet, il est parvenu à se défaire de son vis-à-vis et s’ouvrir une brèche béante. Au terme de l’action, c’est à nouveau "Moka" que l’on a revu plonger de bonheur dans l’en-but.
"C’est l’homme en forme du moment, pouvait sourire Sylvain Mirande. Il est très complet." Attendu comme un perce-muraille, le Fidjien montre qu’il est plus que ça. Doté d’une belle pointe de vitesse, il a tous les attributs du centre moderne. Très dur sur l’homme en défense, il est aussi doué techniquement, avec une belle passe des deux côtés. Et sur ses percées, on le voit constamment chercher une solution dans la défense plutôt que de foncer tête baissée sur le dernier défenseur. Dans son arsenal aussi, la capacité, devant la défense, à lever la tête et distiller de très bons coups de pied rasants. Une arme précieuse dans les matches d’hiver cadenassés. Il a notamment été l’auteur d’un 50-22 cette saison.
Aujourd’hui, Kolinio Ramoka semble être le nom que les coaches couchent en premier sur les feuilles de match. Son association avec Emilien Gailleton semble parfaite. En première mi-temps, les deux trois-quart centre ont parfaitement défendu "en glissé", contrant à merveille les nombreuses tentatives aixoises. Dans la hiérarchie, il semble avoir pris le dessus sur l’Anglais Harry Sloan qui était plus à son aise en début de saison.
C’est Sylvain Mirande qui avait repéré ce joueur depuis quelques saisons du côté de Cognac où il faisait des ravages en Fédérale 1 puis en Nationale. "Il a mis du temps à éclore, il était un peu timide dans le jeu. C’était le temps de l’acclimatation je pense car on a tout de suite senti qu’il avait un potentiel énorme", souligne Vincent Farré. "Au début de l’année, tout le monde critiquait le fait qu’il vienne de Nationale. Il y a de très bons joueurs en Nationale aussi", rappelle de son côté Mirande.
Ramoka fait aussi l’unanimité dans le vestiaire. "Il est de nature discrète et modeste comme beaucoup d’Îliens, livre Farré. Mais il est très ouvert. S’il ne parle pas beaucoup le français, il le comprend très bien. Même les mots fleuris ! Du coup, on n’hésite pas à lui mettre des pièces, ça le fait toujours sourire, d’autant qu’il a un rire communicatif." Il y a quelques semaines, Mirande parlait d’un "régal à entraîner, toujours avec la banane". Soit le genre de joueur qui apporte beaucoup de positif au groupe, dans la vie de tous les jours comme sur le terrain.
Et l’on n’a peut-être pas encore tout vu. "Je pense qu’il est encore à 50 % voire 30 % de son potentiel, estime le capitaine agenais. Car depuis le début de saison, on ne joue pas très bien. Donc le jour où on arrivera à mieux le mettre en évidence, ça va faire deux fois plus mal !" Et rappeler à Armandie aux bons souvenirs d’un certain "Rups", d’ailleurs une des idoles de "Moka".