• 07/07/2022
  • Par binternet
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Afrique du Sud : «Mettre le feu au Parlement était la bonne chose à faire»<

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Selon les autorités, l’incendiaire présumé du Parlement sud-africain aurait confessé ses actes. Des voix s’élèvent néanmoins pour présenter le suspect comme un bouc émissaire.

Le parquet sud-africain a révélé samedi que l’homme accusé d’être à l’origine d’un incendie dévastateur au Parlement en janvier, qui compte pourtant plaider non-coupable, était passé aux aveux devant les enquêteurs après son arrestation.

«Ça, c’est Christmas»

Le suspect de 49 ans, Zandile Christmas Mafe, avait été arrêté au matin du 2 janvier dans l’enceinte du bâtiment historique alors que les pompiers luttaient encore contre le feu.

Placé en détention, l’homme présenté comme un sans-abri a comparu samedi au Cap pour une demande de libération sous caution. L’audience était retransmise en direct à la télévision.

Interrogé après son arrestation par les enquêteurs qui lui ont montré des images du bâtiment en flammes, il avait déclaré en se frappant fièrement la poitrine: «Ça, c’est Christmas», a rapporté le ministère public au tribunal.

Dans une déclaration sous serment lue pendant l’audience, Zandile Christmas Mafe a estimé que mettre le feu au Parlement était «la bonne chose à faire car il n’aide pas les citoyens d’Afrique du Sud».

Le suspect a aussi expliqué aux enquêteurs être passé à l’acte pour empêcher le président Cyril Ramaphosa de prononcer un discours à la Nation prévu en février et exiger sa démission, ainsi que la libération du meurtrier d’un combattant anti-apartheid et une aide de 1500 rands (environ 86 francs) pour tous les Sud-Africains sans revenu.

Afrique du Sud : «Mettre le feu au Parlement était la bonne chose à faire»

Les pompiers avaient lutté plus de 48 heures avant de maitriser l’incendie qui n’a fait aucune victime «mais totalement détruit l’Assemblée nationale». Cyril Ramaphosa a qualifié cet acte de «vaine tentative» pour menacer la démocratie.

Vêtu d’un costume noir et avec un air de défi, Christmas Mafe a présenté à son entrée au tribunal son visage aux photographes et journalistes. Il est poursuivi pour acte de terrorisme, vol et incendie volontaire.

«Imbibés d’essence»

Interrogé sur ses aveux, le suspect qui s’exprime en tswana, une des langues officielles en Afrique du Sud, et a recours à une traductrice, a déclaré: «Je ne suis pas coupable». Il a ensuite refusé de répondre à la plupart des questions.

«Vous avez clairement indiqué dans une déclaration sous serment que vous allez plaider non coupable», a rappelé au tribunal son avocat Dali Mpofu, ténor du barreau qui le défend gratuitement et notamment connu pour avoir défendu l’ex-président Jacob Zuma.

Dans cette déclaration transmise au tribunal, Zandile Christmas Mafe a signalé avoir été «sévèrement et violemment malmené et intimidé» par la police. Emmené au commissariat, «un homme blanc que je ne connaissais pas m’a dit que je serais condamné à mort pour avoir brûlé le Parlement si je ne coopérais pas», poursuit-il dans le document.

Depuis son arrestation, des voix se sont élevées pour présenter le suspect comme un bouc émissaire, insistant sur les manquements à la sécurité et les défaillances des systèmes anti-incendie.

Selon certains éléments de l’enquête, le système anti-incendie était défectueux et l’entretien pas à jour. Par ailleurs, la présence de M. Mafe sur les lieux n’a été détectée qu’après plusieurs heures.

Le parquet a toutefois déclaré avoir des images de caméras de surveillance montrant un homme, vêtu comme Christmas Mafe lors de son arrestation, «mettre le feu au Parlement à l’aide de papier et de boîtes imbibés d’essence».

Une bouteille de soda remplie d’essence à la main, «cette personne a déchiré des rideaux pour faire prendre le feu», a déclaré le ministère public.

Lors d’une audience précédente, Me Mpofu avait affirmé que Christmas Mafe avait été diagnostiqué «schizophrène paranoïaque». Mais la défense a refusé une nouvelle expertise psychiatrique qui lui ôterait la responsabilité de ses actes. L’accusé risque la prison à vie.

(AFP)