• 22/08/2022
  • Par binternet
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Du boutonnage de chemise des gens bizarres | Slate.fr<

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Alors que j'étais sorti faireune course il n'y a pas si longtemps, une femme m'arrête sur un passagepiéton pour me demander quel jour nous étions. Une question bizarre,avec une façon encore plus bizarre de la poser: elle s'est accroupieen parlant, même si nous faisions à peu près la même taille, etses mots sont sortis lentement et articulés à outrance, comme si ellepassait un test de sobriété. J'ai répondu - je suis du genre àaider mon prochain - et je suis parti. Mais avant, elle a tendu samain en me disant «bien joué!» avec un ton chantant caractéristique.Elle avait l'air parfaitement normale, bien habillée et avec au brasun compagnon masculin. Soudain, je me suis dit que j'étais celui qu'elleprenait pour un déficient mental. Mais pourquoi ? Quand je suis rentréchez moi, je me suis regardé dans la glace pendant un moment et j'aitrouvé la réponse: c'était un temps de mi-saison, avec déjà beaucoupde vent mais pas assez froid pour sortir avec un manteau, j'avais doncenfilé un gilet et boutonné ma chemise jusqu'au dernier bouton duhaut. Et voici mon erreur. Une chemise boutonnée jusqu'en haut estle signe vestimentaire universel du type original.

Le look boutonné jusqu'enhaut est souvent le code du débile. (Je l'entends dans un sens clinique).Pensez à Forrest Gump, Karl Childers joué par Billy BobThornton dans Sling Blade, ou encore Sean Penn dans Sam, je suis Sam.Des gens lents mais sincères qui veulent être vus comme des citoyenssérieux et pleinement intégrés à la société - avec ce boutondu haut comme la clé de cette « gestion de l'image », pour reprendreles termes du Project Runway. Quelque chose qui dit : vous ne le réalisezpeut-être pas, mais je suis propre et respectable. Sam Sawson jouépar Penn arbore un col ouvert (alternant parfois avec ce look à chemisessuperposées) pendant le plus gros du film, mais a sa chemise boutonnéejusqu'en haut quand il travaille au Starbucks.

Le bouton du haut fermépeut aussi signaler un intello mal dégrossi. Son ancêtre est SteveUrkel de La Vie de Famille. Urkel n'a aucun problème mental -il est créatif et musicalement très doué -, mais n'est pas vraimentquelqu'un qu'on dirait normal. Le pauvre garçon a toutes les caractéristiquesdu paria: une voix de fausset nasillarde; un rire de canard; despantalons feu de plancher; des bretelles; un goût prononcé pourles gilets; et, oui, l'habitude de boutonner tous les boutons de seschemises à carreaux.Peut-être est-il trop mûr pour se préoccuperd'avoir l'air cool, mais il ressemble à un grand gosse qui n'auraitpas appris à s'habiller tout seul. Quand il est nerveux, il tire surson col, mais ne se relaxe jamais assez pour déboutonner ce boutondu haut.

Du boutonnage de chemise des gens bizarres | Slate.fr

Quelquefois, sur-boutonnerest le signe d'un personnage un peu excentrique, ou atypique, commeArtie Abrams dans Glee - un amour de neuneu qui va à sonpropre rythme en fauteuil roulant. Sans surprise, il arbore des bretelles,des gilets et des chemises qui lui enserrent le cou. Ce dernier détail,selon la costumière de Glee, Lou Eyrich, est essentiel pour rendreson personnage convaincant. En fait, lors de leur première réunion,le créateur de la série, Ryan Murphy, dit à Eyrich qu'Artie aurait«toujours une chemise blanche boutonnée jusqu'en haut». L'émissionayant décollé, Eyrich s'est relâchée sur le code couleur pour plusde variété dans les costumes, mais le bouton du haut est toujoursresté fermé.

Cory Monteith, qui joue lequaterback chantant de Glee, Finn, a sa petite idée sur l'origine dece style vestimentaire atypique. Dans un petit clip «Behind the Glee»,il explique que lorsque les autres membres de la chorale se déguisentd'un polo boutonné complètement et de bretelles lors du tableau enfauteuil roulant de «Proud Mary», c'est un hommage à «la façondont Artie s'habille - et dont sa mère aimait à l'habiller». PourEyrich, l'histoire de la mère fait partie de la «perception propre»de Monteith, bien plus que de la sienne ou de celle de Murphy, maisc'est une idée pertinente. Une raison pour laquelle les handicapésphysiques et mentaux s'habillent différemment vient du fait que leurmère joue un rôle important dans le choix de leurs vêtements. Lesparents sont plus résistants aux changements de la mode, et ils ontplus tendance à s'en remettre àC&A plutôt que d'allers'aventurer chez American Apparel* - et donc un gamin comme Artiea plus de chances de n'être pas vraiment synchro avec les tendancesvestimentaires de ses contemporains.

Les lecteurs tentés de voirdans la corrélation entre le bouton du haut et les «originaux» quelquechose qui tient du hasard devront être attentifs au dernier épisodede Monk, vendredi, dans lequel le détective collé-monté et obsessionnel-compulsifAdrian Monk résoudra sa dernière affaire. L'avant-dernier épisodecommençait avec un flashback nous montrant Adrian Monk il y a douzeans, à l'époque insouciante qui précédait le meurtre de sa femmeet le déclenchement incontrôlable de ses tendances maniaques. Monkjeune n'était pas si différent du type nerveux que les admirateursde la série connaissent si bien, à part un détail: il portait unecravate. Et la voici la preuve définitive! Avant le traumatisme :une cravate. Après le traumatisme : pas de cravate, mais une chemisecompulsivement boutonnée jusqu'en haut. Voici deux ans, la costumièreIleane Meltzer avait expliqué cette signature vestimentaire de Monk: «La cravate est le vecteur de millions de microbes. Les gens ne nettoientpas leurs cravates. De la nourriture tombe sur la cravate qu'ils portentautour du cou. Les gens toussent, éternuent, et tout se retrouve surla cravate. Ils la nettoient peut-être une fois par an - ou moins.C'était un gros blocage pour un phobique des microbes». En d'autrestermes, tous ces phénomènes et originaux ont peut-être, eux aussi,leurs petites manies.

June Thomas

Traduit par Peggy Sastre

*JCPenney et Hot Topic, NdT

Image de une: Forrest Gump, DR