• 10/06/2022
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Justice. Il avait tué deux personnes dans un accident le week-end de Noël près d'Argentan<

Par Rédaction JO Publié leLe Journal de l'OrneVoir mon actu

Trois ans de prison pour avoir, dans un accident de la circulation à Trun (Orne), tué deux personnes alors même qu’il se trouvait en état d’ivresse le lendemain de Noël. Une autre personne sera gravement blessée.

Ce vendredi 21 janvier 2022, moins d’un mois plus tard, un homme de 31 ans était présenté au tribunal judiciaire d’Argentan sous la procédure dite de comparution immédiate.

Il a reconnu les faits et demandé au tribunal de prononcer la peine maximum.

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Un Noël endeuillé

Le dimanche 26 décembre 2021, aux alentours de 14 h 40, deux voitures entrent en collision en agglomération de Trun, au carrefour de routes de Falaise et de Livarot.

Dans la même voiture, deux personnes trouvent la mort, un homme de 75 ans et son épouse de 64 ans. Leur passagère, une femme de 67 ans, souffre encore aujourd’hui de plusieurs fractures et bénéficie d’une interruption temporaire de travail de 120 jours. Le conducteur de l’autre voiture, seul à bord, en sort lui totalement indemne.

Plusieurs centres de secours seront engagés. Les constatations et l’enquête seront confiées aux gendarmes de la brigade d’Argentan.

À vive allure en direction de Trun

Cet après-midi-là, Guillaume D., un homme de 31 ans qui vit aux Moutiers-en-Auge, est au volant de sa Renault Mégane. Il vient de passer Louvières-en-Auge et circule à vive allure en direction de Trun.

À l’entrée de l’agglomération, à l’approche du carrefour, il s’engage à contre-sens et percute violemment une Renault qui circulait dans le sens Falaise/Trun.

Ce véhicule est projeté sur l’habitation d’en face, le moteur totalement délogé. Lui, percute aussi ce mur avant de faire plusieurs tonneaux et de s’arrêter à l’angle de la boulangerie sans pour autant la toucher.

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« Il est arrivé au stop en contre-sens »

Trois témoins importants seront entendus et confirmeront le déroulement des faits, parlant d’un choc d’une extrême violence. « Il est arrivé au stop en contre-sens, il ne s’est même pas arrêté », explique une conductrice qui suivait le véhicule percuté.

Seuls les prélèvements biologiques effectués sur Guillaume D. se révéleront positifs à l’alcool et afficheront un taux de 1,93 g/litre de sang (soit plus de 9 fois au-dessus de la limite tolérée).

« J’ai pris le volant avec l’intention d’en finir »

Justice. Il avait tué deux personnes dans un accident le week-end de Noël près d'Argentan

« Comment se sont passées les fêtes de Noël, puisque nous sommes au lendemain du jour de Noël », interroge la Présidente.

« Le soir du réveillon, je suis allé chez ma mère et tout s’est bien passé. Le lendemain, je suis allé chez mon père, mais là, les choses ont été différentes.

Mon père contrôle ma consommation d’alcool, j’avais alors mis des bières dans ma voiture et je sortais pour boire. Vu mon état, ma sœur a dû me ramener chez moi ».

Vendredi, à plusieurs reprises, il fondra en larmes dans un chagrin non dissimulé.

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« Quand je rentre chez moi, je bois jusqu’à ce que j’ai ma dose »

Sur sa personnalité, on apprend qu’il souffre d’une paralysie partielle sur le côté droit depuis sa naissance. Reconnu adulte handicapé, il travaille néanmoins en qualité de paysagiste. Il a obtenu son permis de conduire en 2010 avant de le perdre un an après.

Il le repasse et le perd à nouveau en 2019 pour le repasser une nouvelle fois en 2021. Il avoue souffrir d’une alcoolisation massive depuis cinq ou six ans.

Sous les effets de l’alcool, il ne peut gérer ses émotions et a même fait trois tentatives de suicide.

Son casier judiciaire fait état de trois mentions pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique et conduite malgré une mesure de suspension.

« Mes parents étaient des gens aimants, proches »

Les enfants des victimes sont présents à l’audience et font preuve d’une grande dignité. L’une des filles souhaite cependant prendre la parole : « Mes parents étaient des gens aimants, proches. Je souhaite vraiment qu’aucune autre famille ne vive ce que l’on vit actuellement. Que cela ne se reproduise plus ».

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Une famille brisée

L’avocat des parties civiles évoque « une famille très unie, très proche dévastée par la douleur, qui vient d’enterrer un père, une mère, ou encore un grand-père, une grand-mère.

Le prévenu a tout brisé, il a mis fin à cette harmonie ».

Pour lui, ce n’est pas un simple accident, ce n’est pas le fruit du hasard. Le prévenu a fait le choix ce jour-là de s’enivrer, de prendre le volant, de rouler à vive allure, de ne pas respecter le stop.

Il doute des explications du prévenu qui évoque une intention de se suicider et demande au tribunal d’entrer en voie de condamnation et sollicite un renvoi sur intérêt civil.

« La douleur d’une mort inutile affligée à des innocents »

Pour la procureure de la République, « il y aura des conséquences au comportement du prévenu qui iront au-delà de la douleur insoutenable de l’instant. Il y aura la douleur de l’absence, la douleur du manque, la douleur d’une mort inutile infligée à des innocents ».

Les faits sont reconnus et elle requiert une peine de 4 ans d’emprisonnement dont un an assorti d’un sursis probatoire pendant trois ans avec les obligations de soins en alcoologie et psychologie, de rembourser les sommes dues aux parties civiles et au trésor public.

À titre de peine complémentaire, l’annulation de son permis de conduire avec l’interdiction de solliciter une nouvelle délivrance avant une durée de six ans outre une amende contraventionnelle de 500 €. Elle demande également qu’il soit délivré un mandat de dépôt.

« Mettez-moi le maximum de peine que vous pouvez me mettre »

Pour la défense, « aucun mot, aucune excuse ne suffiront à apaiser la peine de cette famille aujourd’hui endeuillée. Il sait qu’il a causé une souffrance immense, il en a conscience ».

Son client n’attend rien, il demande d’ailleurs la peine maximum.

Elle rappelle qu’il se bat depuis de nombreuses années avec ses démons qui lui posent beaucoup de difficultés au quotidien. « Il n’aurait jamais imaginé emmener dans sa souffrance d’autres souffrances ».

Elle demande au tribunal d’assortir une grande partie de cette peine à un sursis probatoire afin que son client soit assisté et aidé pour traiter ses démons.

Trois ans de prison ferme

Le tribunal, après en avoir délibéré, déclare Guillaume D. coupable de l’ensemble des faits et, en répression, le condamne à une peine de 4 ans d’emprisonnement dont un an assorti d’un sursis probatoire pendant 2 ans avec les obligations de soins et d’indemniser les parties civiles et payer les sommes dues au trésor public.

Il ordonne l’annulation de son permis de conduire avec une interdiction de le repasser avant un délai de 6 ans outre une amende contraventionnelle de 150 €. Il ordonne également son maintien en détention.

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