Une enfance faite de moments douloureux, mais aussi heureux, dont William, un grand gaillard aux cheveux brun, n’a aucun mal à parler. Les mauvais souvenirs sont ce qu’ils sont, la vie est ce qu’elle est. "On fait avec". Il n’a jamais eu honte d’être un enfant de foyer, "contrairement à d’autres, surtout quand j’étais plus jeune", confie-t-il. Et avec le recul, il voit plutôt ça "comme une chance".
Tout a commencé lorsqu'il avait 7 ans. A la maison, ce sont des affrontements à répétition, d'abord verbaux, puis physiques."Au début on avait un petit problème de communication avec ma mère, on ne s’entendait pas très bien. Et puis ça a évolué en mal. On se disputait souvent. Pour des choses futiles quand j’y repense, mais c’est allé tellement loin "qu’on s’est bagarrés". Plusieurs fois".
Pour la mère comme pour son fils la situation devient invivable. William a conscience que ce n'était pas un enfant facile. Il se décrit comme "turbulent, peut-être un peu plus que les autres. C'est vrai que je refusais le non, que je n’aimais pas ce que je considérais comme de l’injustice".
Les souvenirs sont un peu brouillons, mais il se souvient d'une après-midi en tête à tête avec une assistante sociale. "Elle m'a demandé comment ça se passait à la maison, je lui ai expliqué ce qu'il s'y passait et elle m'a dit que ce n'était pas normal". Il a été placé en foyer juste après.
"Pour moi, ma mère était dans le déni. Elle a coupé les ponts. Je pensais qu'elle m'avait abandonné".
A 9 ans, William passe deux mois chez une assistante maternelle "à la montagne". Tout est fait pour le mettre dans les meilleures dispositions. Il le sait, mais ne comprend pas pourquoi tout se passe si bien auprès de ces inconnus alors que rien ne va à la maison. "Comme tout s'est bien passé, on me remet chez moi. C'était pire qu'avant. Je me battais quasiment tous les jours avec ma mère. C'était l'enfer. Même entre ma mère et mon père ça n'allait pas. Les problèmes financiers empoisonnaient l'environnement familial".
Ça va si mal qu'on décide de l'éloigner une nouvelle fois. Il a 10 ans. Encore un nouvel endroit où il faut prendre ses marques et faire sa place. Direction le foyer d'urgence de la Trinité, La Parenthèse. L'institution venait tout juste d'ouvrir ses portes. "Ça se disputait souvent là-bas, je voyais des enfants faire des crises et ça me faisait peur des fois, mais le chef de service arrivait cependant à rendre l’environnement plus sain on va dire".