"Le moment le plus fort depuis que j'ai débuté mon apprentissage ? Voir défiler mon vêtement sur scène lors de show des collections. Cela représente un aboutissement". À 22 ans, Anaïs prépare en apprentissage son CAP Métiers de la mode, "vêtement flou" dans les ateliers de la prestigieuse maison de couture Dior (groupe LVMH), rue Jean Goujon dans le 8ème arrondissement de Paris.
La jeune femme a signé son contrat début juillet 2018, après avoir passé des tests de recrutement en avril avec les responsables des ressources humaines, puis un entretien avec les responsables d'ateliers. Anaïs occupe actuellement le poste de "petite main" chez Dior. Dans le jargon de l'artisanat de la couture, "petite main" désigne un poste ouvrier d'exécution. "Je réalise des modèles et des tenues pour les clientes et les collections", explique Anaïs.
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Dès l'enfance, Anaïs souhaitait s'orienter vers une filière artistique : "Je dessinais beaucoup et je voyais ma maman coudre ou réaliser de la peinture sur soie. Sans avoir une idée précise de mon futur métier, je savais que je voulais faire de la couture plutôt que du stylisme". Au lycée, alors qu'elle prépare son bac ST2A, elle envisage, après plusieurs conversations et un travail d'introspection, de s'orienter vers un diplôme des métiers d'art de costumier-réalisateur.
Elle le prépare en deux ans, au lycée professionnel Les Coteaux, à Cannes (06). Elle y apprend à maîtriser la technique et les savoir-faire de la couture, comme apprendre à monter un vêtement. "C'est en réalisant un stage aux ateliers Caraco (spécialisés dans la conception de vêtements sur mesure pour les arts du spectacle et la haute couture, ndlr) que j'ai pu mettre un pied dans le monde de la haute couture."
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Durant ce stage de cinq semaines, Anaïs se perfectionne dans son métier. Mais une fois son diplôme de costumier-réalisateur en poche en 2017, plutôt que de s'insérer directement dans le monde du travail, elle opte pour une formation complémentaire. Elle suit un CAP en un an de fleuriste en fleurs artificielles avec comme d'objectif d'ajouter une corde à son arc. "Les fleurs artificielles sont très utilisées en haute couture, vous retrouvez beaucoup de motifs fleuris cousus sur les robes", explique Anaïs.
La jeune femme ne s'arrête pas pour autant sur le chemin de la formation. "Une amie qui avait déjà réalisé les tests de recrutement chez LVMH pour entrer en apprentissage chez Dior couture m'a parlé de son expérience. Je vois l'apprentissage comme une occasion de rester en formation tout en étant déjà dans le monde du travail pour y acquérir de l'expérience professionnelle".
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D'avril à juin 2018, Anaïs passe les tests de recrutement pour décrocher son contrat d'apprentissage chez Dior : tests psychotechniques et couture, puis entretiens avec responsables d'ateliers et des ressources humaines. "Je suis venue lors des entretiens avec un book de mes réalisations, c'est très bien vu par les recruteurs et leur permet d'avoir une vision de votre niveau avant d'entrer en formation. Je leur ai montré des photos de mes travaux réalisés lors de mon diplôme des métiers d'art ainsi que des travaux personnels en broderie."
Embauchée en juillet, la jeune femme alterne depuis l'enseignement théorique au CFA à l'Institut français de la mode (IFM). "C'est un métier où on apprend tout le temps, de tout le monde", se réjouit Anaïs, qui ne cache cependant pas ses moments de doute : "Parfois, je me demande si je suis capable de réaliser tout ce qu'on me demande. Heureusement j'ai un maître d'apprentissage qui est là pour m'accompagner et me faire confiance".
Pour le moment, Anaïs, qui a eu l'occasion de retoucher des robes de célébrités à la cérémonie des Oscars 2020, ne perd pas de vue son diplôme de CAP couture à valider en juin prochain. "Après mon contrat d'apprentissage, j'aimerais pouvoir rester chez Dior : j'ai encore beaucoup à apprendre", conclue, modeste, la "petite main".
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