Capitale internationale de la mode, Paris accueille chaque année la Fashion Week au mois de février. Revenons sur une longue tradition française de la création textile en prêt à porter et haute couture, avant de nous intéresser aux chiffres de cet évènement et du secteur.
Dès le 27 février, la planète entière aura les yeux rivés sur Paris et la Fashion Week. Si l’évènement est organisé dans trois autres villes, aucune n’attire autant les foules que l’édition française. Il faut dire que Paris est considéré depuis toujours comme le berceau mondial de la mode.
On attribue à Charles Frederick Worth les premières origines de la Fashion Week. Ce père de la haute couture décide dès 1858 de présenter les patronages de ses nouvelles collections à ses clientes, des modèles exposés sur des mannequins vivants, une grande première dans le milieu. Ce franco-britannique a aussi participé à la création en 1968 de la Chambre syndicale de la confection et de la couture pour dames et fillettes, qui a pour but de promouvoir la mode française et l’appellation haute couture. Peu à peu, les présentations de collections tendance aux clientes fortunées prennent de plus en plus d’ampleur, jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale marque un coup d’arrêt à la mode parisienne.
Outre-Atlantique et sous l’impulsion de Eleonore Lambert, une publicitaire New Yorkaise, la Press Week, un évènement consacré à la mode américaine, voit le jour en 1943. Seule la presse est conviée, mais boude cette première édition, avant que les suivantes ne connaissent un grand succès les années suivantes. Inspiré par cette réussite, Giovanni Battista organise à Florence les premières présentations de mode italienne. L’engouement est tel que l’évènement sera déplacé à Milan dès 1957. En 1961, c’est au tour de Londres d’organiser ses premières présentations de créations vestimentaires.
En 1973, la Fashion Week parisienne est officiellement créée et se déroule au château de Versailles. Y participent les maisons Givenchy, Dior et Saint-Laurent, ainsi que le créateur américain Oscar de la Renta. Deux ans plus tard, c’est la semaine officielle de la mode italienne qui est créée, en 1984, celle de Londres, et 1993, celle de New York. Le Big Four est né.
Aujourd’hui, près de 140 Fashion Weeks sont organisées dans le monde.
Si la semaine de la mode débute le 27 février à Paris, elle marque en réalité la conclusion d’un mois de grand-messe des tendances vestimentaires. Les Fashion Weeks s’enchaînent toujours dans le même ordre : New York, Londres, Milan, Paris. Elles s’achèvent dans la capitale française, berceau mondial de la mode. Ainsi chaque année :
La haute couture est une appellation réservée aux plus grandes maisons parisiennes, et concerne des vêtements uniques et réalisés à la main par une équipe d’au moins 20 personnes. Il faut compter au minimum 10 000 € pour acquérir l’une de ces pièces ultra haut de gamme, c’est ainsi que la haute couture sert essentiellement de terrain de jeu et de vitrine aux grands couturiers.
À l’inverse, le prêt à porter dévoile des collections tendance qui seront reprises dans les six mois par la plupart des enseignes de mode. Cependant, quelques créateurs comme Tom Ford et Burberry ont remis en question ce modèle, en élaborant un nouveau concept appelé see now, buy now. L’objectif est de surfer sur la frénésie d’achat provoquée par la Fashion Week et de proposer les vêtements à la vente immédiatement après les défilés.
Au grand désespoir de tous les amateurs de mode textile, la semaine de la mode parisienne n’est pas ouverte au grand public, mais réservée aux professionnels du secteur. Pour pouvoir accéder aux défilés, il faut être en possession d’une accréditation ou d’une invitation, délivrées au compte-gouttes aux journalistes et personnalités en fonction de leur prestige. La seule chance de se trouver à proximité des podiums, c’est d’obtenir une place en standing, offertes aux amis, membres de la famille et autres stagiaires des maisons de couture. Et les heureux bénéficiaires ne doivent pas compter sur une place assise, ils devront se tenir debout derrière les invités.
Derrière la semaine parisienne des défilés de prêt-à-porter se cachent quelques anecdotes insolites :
Représentant une part non négligeable du PIB français, le secteur de la mode constitue un enjeu économique majeur pour le pays. La Fashion Week génère elle aussi un chiffre d’affaires et des retombées économiques d’envergure. Pour autant, le marché du vêtement est en recul depuis 10 ans dans l’Hexagone.
400 défilés sont organisés pendant la semaine, 30 000 visiteurs uniques sont attendus, toutes les grandes maisons françaises et internationales sont représentées, pour un chiffre d’affaires estimé à 10 milliards d’euros en transactions.
En parallèle, l’évènement génère des retombées économiques chiffrées à 1.2 milliards d’euros. Les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration bénéficient de ces revenus indirects à hauteur de 10 millions d’euros chacun. Chaque visiteur dépense en moyenne 1 823 euros, les entreprises récoltent 53 millions d’euros et la municipalité de Paris, 11.5 millions d’euros.
Le chiffre d’affaires de la mode française représente 150 milliards d’euros, dont 33 milliards sont réalisés à l’export. 33 milliards d’euros sont générés par la fabrication, 43 milliards par la vente en gros et 74 milliards par la vente au détail de vêtements. Ce CA représente 2.7% du PIB du pays (soit plus que les constructions automobile et aéronautique réunies) et 1 million d’emplois. Les vêtements et textiles se taillent la part du lion, avec un chiffre d’affaires de 67 milliards d’euros, devant les autres secteurs du luxe, comme les parfums et cosmétiques (44 milliards d’euros), ou les chaussures et la maroquinerie (22 milliards d’euros).
À l’international, la France s’affirme comme le leader mondial de la mode, pèse 1/4 de la totalité des ventes et est présente dans 180 pays. Plus de 50% des exportations se font en-dehors de l’Europe et le marché est largement dominé par les grands noms comme LVMH, Kering, Chanel et Hermès. Le taux moyen d’exportation est ainsi de 86% en 2017 et a pu même atteindre 90% pour certaines entreprises. D’ailleurs, il est à noter qu’en France, une structure sociale sur 13 a pour objet la mode ou le luxe. Le segment de la mode compte plus de 40 000 entreprises et pèse environ 580 000 emplois directs.
En 10 ans, le marché de la mode textile a perdu 15% de sa valeur, et l’année 2018 s’est conclue sur un recul de 2.9%. En cause, des facteurs conjoncturels comme les mouvements des Gilets Jaunes, qui ont également contribué au mauvais bilan des soldes d’hiver 2019, mais aussi structurels, avec l’instauration de nouveaux modes de consommation. Le marché se restructure, avec une tendance à la déconsommation des Français. Ils sont ainsi 44% à avoir acheté moins de vêtements en 2018, motivés certes par des raisons budgétaires, mais également par la volonté de moins impacter l’environnement. Autre mauvaise nouvelle pour les enseignes de mode des jeunes adultes, cette cible déclare également avoir dépensé moins d’argent pour se vêtir.
En revanche, les enseignes de mode sportswear, à l’image de Decathlon, progressent de 3.3%. C’est ainsi que l’habillement sportif représentait 6.7 milliards d’euros environ l’année dernière, et a progressé de près de 1 milliard en 5 ans. Les Français sont en effet de plus en plus nombreux à aimer s’habiller avec des vêtements de sport, qu’ils renouvellent plus régulièrement. De la même manière, la vente de mode en ligne explose, portée par un engouement toujours plus grand des acheteurs pour ce mode de consommation.
Le secteur du luxe se porte toujours aussi bien en France, appuyé notamment par les acheteurs Chinois et la génération des millenials.
Face à une restructuration profonde du marché, nombre de leviers existent pour inverser sa tendance au repli, dont :
Le 27 février, nous pourrons découvrir les tendances vestimentaires pour la saison à venir sur les podiums des défilés de la Fashion Week.