“Nous serons d’une objectivité de fer”, avertissent Darius Rochebin et Audrey Crespo-Mara à l’entame de leur interview d’Emmanuel Macron diffusée mercredi sur TF1. Ils ont tenu parole, ne reculant devant aucun tabou pour sonder l’âme du président et mettre en lumière les ressorts d’un psychisme qui le conduit à mener une merveilleuse politique pour la France et pour des Français comblés.
«Bonsoir monsieur le président, salue Audrey Crespo-Mara. Ce soir, nous allons vous poser une question centrale, où va la France?» Elle va sur TF1 malgré les invitations pressantes de France 2 car le président a obtenu de cette chaîne le plus beau des écrins, à l’heure de sa fusion avec M6, soutenue par le même président, heureuse coïncidence, comme le pointe ici le camarade François Rousseaux. «Mais d’abord, pourquoi accepter ce soir cette épreuve de vérité face aux Français?» Parce que la vérité ne peut qu’en sortir grandie et, ajoute le chef de l’État, «dans ce moment où l’année tourne sur ses gonds…» Sans doute un courant d’air. «… Il est bon de voir où notre pays se trouve.» Et dans quelle étagère.
Darius Rochebin avertit: «Audrey et moi évidemment nous serons d’une objectivité de fer.» À cheval sur l’éthique journalistique. «En retour, êtes-vous prêt à ce qu’on vous pose toutes les questions sur tous les sujets?» Et particulièrement sur votre politique environnementale? Le président accepte de prendre le risque: «Vous êtes journalistes, libres.» D’être choisis par moi-même.
Audrey Crespo-Mara revient sur le clip de campagne — pardon, sur la rétrospective du quinquennat — qui a servi de générique: «Vous avez esquissé un sourire en vous regardant vous-même, en vous regardant le soir de la victoire en2017.» On n’est jamais si bien flatté que par soi-même. Audrey Crespo-Mara s’inquiète: «Passerons-nous des fêtes de Noël sans nouvelle restriction? — Celui qui dicte les règles, rappelle le président, c’est le virus.» Puisque le gouvernement s’abstient d’adopter des règles qui entraveraient celles du virus. «Entre Noël et l’an, nous aurons une très forte pression sur l’hôpital.» Entre Noël et l’an? Quel an? L’an2038?
Darius Rochebin assène une opinion d’une objectivité de fer: «Le passe sanitaire, ça a marché.» Audrey Crespo-Mara attaque: «Est-ce qu’on a changé de société et est-ce que demain on doit s’attendre à vivre dans une société de contrôle permanent?» Le président vante sa «société de vigilance» qui, comme le dénonce Darius Rochebin, «légitime une politique sécuritaire intrusive et répressive»… À moins que cette objection vienne de la politiste Vanessa Codaccioni. «Nous avons agi en citoyens, vante Emmanuel Macron. Nous avons toujours débattu démocratiquement.» Au sein d’un conseil de défense dont les débats et décisions sont démocratiquement rendus publics. «Y a eu plus d’une dizaine de textes de loi qui sont allés devant le Parlement. — Même dans votre majorité, le félicite Darius Rochebin. Beaucoup disaient “majorité godillot”.» Ces détracteurs sont victimes d’une subjectivité de fer. «Effectivement y a eu des batailles d’amendements.» Des projets de loi violemment rejetés.
«Très peu de dirigeants ont vécu ce que vous vivez, c’est-à-dire que la moindre décision a un impact sur le quotidien des gens, s’apitoie Darius avec une émotion de fer. En mars2020, vous dites “confinement général”, prise de responsabilité colossale. Entrons dans le cerveau d’Emmanuel Macron.» Oh oui, j’ai toujours rêvé de me lover dans un cerveau de génie. «Comment ça se passe quand on a un tel poids sur les épaules?» Ça doit être très éprouvant. Pauvre président. «Nous étions conscients que ce virus était redoutable, répond Emmanuel Macron. La ministre de la Santé à l’époque avait vraiment alerté.» Oui, je me souviens, en janvier2020, Agnès Buzyn alertait: «Les risques de propagation du virus dans la population sont très faibles.» Ce que ne manquent pas de ne pas rappeler les intervieweurs.
«On manquait de tout en France, déplore Audrey Crespo-Mara, de masques, de tests, de lits. — Non, tous les pays du monde ont confiné.» Preuve qu’on ne manquait de rien. «La Chine qui produisait des masques a confiné avant nous, plus longtemps que nous.» C’est bien la preuve que les masques ne servaient à rien. «Mais on était démuni », insiste Audrey Crespo-Mara, immédiatement contredite par le président : «Les masques qui étaient massivement produits en Chine ont conduit la Chine à avoir un confinement bien plus drastique que le nôtre.» Ça se confirme: les masques sont des vecteurs de contamination, Sibeth Ndiaye et Olivier Véran avaient raison. «Je ne dirai pas qu’on était totalement démuni. — Mais les masques, le moment où vous vous êtes dit la France n’a pas assez de masques. Pour beaucoup de Français, ça a été un choc.» Pas du tout, ils ont très bien été informés que les masques étaient dangereux.
«Cette crise a révélé l’état très fragile de notre hôpital, note Audrey Crespo-Mara, et on le voit encore aujourd’hui: pénurie d’infirmiers, de médecins, lits fermés. Est-ce qu’on a assez de personnel, de lits ouverts? — C’est pas un problème de lits, c’est un problème de personnel.» Ainsi, faute de personnel, nous continuons à fermer des lits, s’abstiennent avec véhémence de répliquer les intervieweurs.
Audrey Crespo-Mara propose de réécouter l’allocution dans laquelle le président annonce le «quoiqu’il en coûte» et en déduit: «Le président qui semblait décidé à libéraliser l’économie l’a finalement quasi nationalisée.» On ne compte plus les entreprises dans lesquelles la participation de l’État est devenue majoritaire. «Vous êtes devenu plus socialiste que libéral.» Argh, un socialiste! Emmanuel Macron ne se laisse pas démonter. «On a dit dès le début: Nous allons aider les entreprises pour qu’elles aident les salariés.» En continuant à les licencier. «C’est exactement ce qui s’est passé. Des prêts garantis par l’État pour que vous puissiez continuer à investir.» Dans le rachat d’actions et le versement de dividendes, tente vainement de rétorquer les intervieweurs sur la foi des études de France Stratégie. Mais ils en sont empêchés par la logorrhée du président. «Nous avons aujourd’hui un taux de chômage qui est le plus bas depuis quinze ans. — Qui est à 8%, se réjouit Audrey Crespo-Mara. Donc en cas de crise, votre “en même temps” tire vers le socialisme et pas vers le libéralisme, clairement.» Clairement, ça fait deux fois que la journaliste traite le président de «socialiste», c’est de l’acharnement.
Audrey Crespo-Mara annonce: «On va aborder votre façon d’aborder le pouvoir.» Chouette, on va rester dans son cerveau. «Mais d’abord une question sur vous: en quoi cette crise vous a-t-elle changé? —Elle m’a appris ce qu’était la vulnérabilité.» Pauvre président vulnérable. «Ensuite, elle m’a…» Long silence ému, une larme me vient au coin de l’œil. «… Elle m’a fait sans doute toucher plus directement les inégalités insupportables qui peuvent exister.» Que ses politiques n’ont cessé de résorber. «Aux côtés de nos compatriotes, j’ai vécu des moments qui ont été très marquants pour moi.» Pauvre président marqué. «Par exemple? — Quand je suis allé, durant le premier confinement en Seine-Saint-Denis pour voir la vaccination…» Notre président est un visionnaire, il a vu de la vaccination au printemps2020. «Y a eu un moment bouleversant où des habitants étaient à leur fenêtre et ont chanté La Marseillaise alors qu’ils vivaient dans des appartements minuscules et je mesurais combien pour eux le confinement était difficile…» Ils étaient tellement heureux de voir leur président depuis leurs fenêtres le confinement leur est d’un coup devenu plus facile.
«Et j’ai été ensuite voir un maire du département qui m’a dit: “Je sais que si les enfants ne viennent pas à l’école, y en a plus de la moitié qui ne mange pas.”» D’où la décision de faire distribuer par l’État des repas gratuits, mais ces ingrats d’intervieweurs ne le mentionnent pas. «Et leurs parents, je les vois, parce qu’eux, le matin, ils vont dans les transports en commun.» Où notre président les côtoie quand, le matin, il prend le métro pour aller de l’Élysée à l’Élysée. «Parce qu’ils continuent à travailler, ce sont ces emplois invisibles de notre société. Et c’est ce jour-là où j’ai décidé de rouvrir les écoles.» Pour que les emplois invisibles puissent continuer à se contaminer dans les transports en commun.
«Un autre moment», s’émeut le président… Je me demande s’il n’est pas trop sensible pour diriger le pays. «… Ça a été à Mulhouse quand j’ai vu des infirmières et des aides-soignantes, que j’avais croisées plusieurs mois avant et qui étaient très dures sur la situation de l’hôpital, qui là n’étaient plus dures du tout mais désespérées.» Elles avaient compris que la situation de l’hôpital était idyllique et que seul le Covid était désespérant. «J’ai vu les injustices qu’il y a dans notre pays et la force de quelques femmes et de quelques hommes qu’on doit aider.» En supprimant des lits d’hôpital, manque de s’insurger Darius Rochebin, qui finalement choisit un autre angle d’attaque: «Est-ce que ça a développé chez vous une fibre sociale?» Ça y est, il va encore le traiter de «socialiste». Le journaliste précise: «C’est très loin de l’image convenue d’Emmanuel Macron président des riches. Est-ce qu’une conscience sociale a grandi?» A-t-on échappé à l’instauration de soviets?
«Tout revient à vous.» Surtout sur TF1. «Beaucoup de choses découlent de vous, note Darius Rochebin. Est-ce que vous entendez ceux qui disent: “C’est trop”? — Tout ça se nourrit d’une collégialité, répond Emmanuel Macron. Dans ces fameux conseils de défense qu’on a mythifiés, y a autour de la table des gens qui rendent compte.» À moi-même et à personne d’autre, c’est vous dire si c’est mythifié.
«Au cours de votre mandat, reprend Audrey Crespo-Mara, certains de vos propos ont pu tendre votre relation avec les Français.» S’ensuit une compilation de «je traverse la rue», «les gens qui ne sont rien», «pognon de dingue», «fainéants, cyniques, extrêmes». «Est-ce que vous renieriez ça? — Certainement pas.» C’est courageux, un président qui assume sa compassion (pour lui-même). «Mais je regrette deux choses. La première, nous sommes dans une société de la décontextualisation. Vous dites deux mots, on les sort de leur contexte, ils paraissent affreux.» Alors qu’ils sont affectueux. Je me demande si notre président n’est pas trop sentimental pour diriger la cinquième puissance mondiale. « Qu’est-ce que ça dit de vous à l’époque? — Cette volonté de transgresser, de ne pas céder au conformisme.» Ce conformisme bien-pensant qui refuse de considérer les pauvres et les chômeurs comme des feignants.
«Vous dites: “j’ai appris”, relève Audrey Crespo-Mara. Toutes ces phrases polémiques, elles datent des dix-huit premiers mois de votre quinquennat…» C’est du passé, ça ne compte pas. «Celle qui est la plus injuste pour moi, confie le chef de l’État, c’est celle où je dis: “Y a des gens qui ne sont rien.”» Pauvre président blessé par une phrase injuste. Il remet la citation dans le contexte d’un discours devant des startupers: «Et j’ai cette formule qui, quand on la prend comme ça, est terrible. Il se trouve qu’on a pu dire ça de moi ces derniers temps: “Il n’est rien.” C’est terriblement blessant.» Cette fois, je pleure vraiment. Tant d’injustice contre notre bon président. «Mais je reste avec autant de volonté de bousculer le système.» De prendre aux pauvres pour donner aux riches, tente de s’indigner Audrey Crespo-Mara, mais sa pensée ne parvient pas jusqu’à ses lèvres, qui articulent: «Est-ce que vous vous contrôlez davantage? — J’ai appris qu’on ne fait rien bouger si on n’est pas pétri d’un respect infini pour chacun.» D’être pétri de tant de respect fait naître en moi une incommensurable affection. «Mais je reste indigné face au système.» Ce système contre lequel notre président s’est construit tout au long de sa vie, comme se pressent de ne pas le signaler les intervieweurs.
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— New York Post Fri Nov 06 19:13:28 +0000 2020
«Dans les Carnets du général de Gaulle, poursuit Darius Rochebin, y a des passages étonnants où il dit oui il faut être un peu fou, on ne peut pas être trop normal.» Je me demande si ce n’est pas un peu dépréciatif de comparer notre président à ce général. L’intéressé interroge: «Est-ce que vous pensez que si vous avez envie de mener une vie normale, vous faites ça? — Y a pas de président normal, admet Audrey Crespo-Mara. — D’évidence.» D’où la nécessité de la séance de psychothérapie organisée par TF1 pour cerner les causes du mal-être présidentiel.
«Dans la dynamique du quinquennat, analyse Darius Rochebin, tous les présidents ont vécu ça, un moment où la machine se dérègle.» Quel que soit leur génie. «Pour vous, c’était l’affaire Benalla. On réentend la formule que vous aviez utilisée: “Qu’ils viennent me chercher!” La formule est intéressante», estime le journaliste, citant Nicolas Sarkozy, selon qui «On est chasseur et puis tout d’un coup on devient chassé». Et de questionner: «Est-ce que vous vous êtes senti chassé?» Pauvre président livré à la meute des pseudo-journalistes. «On a parlé d’affaire d’État, ce fut une affaire d’été, répond le président, reprenant la formule de Benalla, preuve de sa fidélité en amitié. Qu’en est-il sorti? Ça a fait pschitt. L’État n’a pas été mis en cause et Alexandre Benalla a été condamné.» Et il est de nouveau en garde à vue, preuve que seule sa personne est en cause. Darius Rochebin questionne: «Est-ce que vous l’avez couvert trop longtemps? — Ça a été un moment très difficile, très pénible.» Pauvre président. Quand il disait qu’il n’y avait pas de métier pénible, il oubliait celui de chef de l’État. «Alexandre Benalla n’a pas été protégé au-delà de ce qu’il devait l’être. Il a été exclu de l’Élysée.» Il n’a pas été exclu, seulement mis à pied pendant deux semaines mais, soudain magnanimes, les journalistes de fer se gardent de remuer le couteau dans une plaie si douloureuse.
«Est venue la grande épreuve, les Gilets jaunes, enchaîne Audrey Crespo-Mara. Est-ce que vous avez eu peur de perdre le contrôle? — J’ai été touché, marqué.» Pauvre président bien plus que les mutilés, les éborgnés, qui ont seulement souffert dans leur chair. «J’ai vu les esprits se dissoudre…» Les mains s’arracher. «… Une désagrégation des valeurs. Toutes les paroles ne se valent pas. Un député de la République n’est pas l’équivalent d’un manifestant.» La parole d’un Richard Ferrand n’a pas d’équivalent. «Quand un scientifique vient s’exprimer sur l’épidémie, sa parole ne vaut pas celle d’un citoyen ou d’une citoyenne qui n’est pas informé par dix ou quinze ans d’études.» C’est pourquoi il importe à notre président de réaffirmer sa confiance à Didier Raoult.
«Venons-en aux réformes, poursuit Audrey Crespo Mara. Vous aviez promis une révolution, c’était le titre de votre livre en2016. Avez-vous le sentiment d’avoir révolutionné le pays? — On n’a jamais créé autant d’entreprises.» Grâce au boom des autoentrepreneurs aux métiers grassement payés. Cependant, le président n’oublie pas «des femmes et des hommes qui ont des emplois à temps partiel, des auxiliaires à 800 ou 900euros par mois, des femmes isolées. La révolution est possible mais elle doit se faire avec cette France-là.» En refusant la proposition de loi de Bruno Bonnell et François Ruffin pour améliorer leurs salaires et leurs statuts, comme auraient pu objecter Darius Rochebin s’il n’était préoccupé par le souci de faire entendre la vraie voix de cette France-là.
Le journaliste propose d’écouter les réponses d’une «question aux Français». Aux Français fréquentant les rues du XVe arrondissement, les plus proches de la tour TF1. «Quelles réformes retiennent-ils de l’ère Emmanuel Macron?» Réponses: «Y a pas eu beaucoup de choses de faites.» «Il a pas mal géré la crise du Covid.» «Je suis pas mécontente.» «J’ai aucune réforme en tête.» «Il y a eu le code du travail réformé qui a fait qu’actuellement on est dans une très bonne position.» «La réforme des retraites, on l’attend encore.» «Bien, bien, oui. Pour un jeune président, quand même.» Bilan: la totalité des Français sont ravis des réformes menées par le président, à l’exception d’un amnésique et d’une impatiente. Face à ce constat sans appel, le président affiche un air radieux, preuve de sa capacité à encaisser les critiques.
«Ce qui m’a beaucoup frappé, s’étonne Darius Rochebin, c’est que quand Audrey vous a posé la question, votre première réaction n’était pas de citer des réformes mais de citer des résultats économiques, bons, d’ailleurs.» Pour ne pas dire merveilleux, mais son objectivité de fer interdit au journaliste de prendre parti. «Est-ce que ça ne dit pas que vous êtes au fond un centriste, c’est-à-dire un gestionnaire qui revendique une bonne gestion?» Tout en menant une politique socialiste. «Vous êtes prudent, y a pas un côté disruptif dans la politique générale.» À peine un soupçon de bolchevisme. Emmanuel Macron vante la réforme de l’assurance chômage, «on rend le travail beaucoup plus incitatif et on dit: “Faut pas travailler quatre mois mais six mois dans l’année pour avoir droit au chômage.” Ça change beaucoup de choses.» Ça diminue drastiquement les allocations des feignants qui se complaisent dans le chômage.
«La réforme de l’école, enchaîne Audrey Crespo-Mara, est-ce que ça ne doit pas être avant tout la réforme emblématique? — On a rendu l’obligation scolaire à 3ans, on ne l’avait pas fait depuis des décennies (sic). Et on a réinvesti dans notre maternelle pour accompagner.» Surtout dans les maternelles catholiques, au financement desquelles les municipalités doivent désormais participer. «On a réformé le baccalauréat, l’orientation.» Avec le formidable succès de Parcoursup, que les journalistes n’ont pas le temps de louer car déjà le président se vante d’avoir «réinvesti dans notre université. On a mis beaucoup d’argent». Au point que le budget moyen par étudiant est en chute libre depuis dix ans, se retient de protester Audrey Crespo-Mara, car elle a un autre reproche à formuler: «S’il y a une réforme qui n’a pas été faite, c’est celle des retraites. — Il faut travailler plus longtemps, assure le président, mais ça ne signifie pas la même réalité pour chacun. Nous trois n’avons pas le même quotidien qu’un conducteur poids lourd, que quelqu’un qui déplace des charges, que quelqu’un qui travaille à la chaîne.» C’est pourquoi le gouvernement a sérieusement restreint les critères de pénibilité, comme n’auraient pas manqué de le rappeler les journalistes si le président ne leur répondait par avance: «On doit adapter le temps de vie au travail aux difficultés de certaines tâches.» Déplafonner le nombre d’heures supplémentaires pour permettre aux premiers de corvée de davantage s’épanouir au travail.
«Parlons vision à très long terme, propose Darius Rochebin. Très bons résultats économiques, une croissance très importante.» Une politique de rêve. «Mais à quel prix? Un endettement considérable, on dit qu’un bébé qui naît aujourd’hui est déjà endetté à hauteur de plus de 40000euros. On voit l’énormité de cet endettement.» Et de ce raisonnement digne d’un économiste néolibéral. «La droite en fait son thème… — Je ne fais pas de politique, M.Rochebin.» Je fais une psychothérapie. «Mais pardon, sur les fonctionnaires, vous renoncez à la suppression?, s’indigne Audrey Crespo-Mara. Vous êtes très en deçà des promesses. Est-ce que oui ou non vous voudrez faire maigrir l’État et diminuer le nombre de fonctionnaires?» Ou est-ce que vous allez continuer à entretenir ces profiteurs privilégiés comme le socialiste que vous êtes?
Darius Rochebin insiste: «La candidate de la droite articule des chiffres, 150000… — Les candidats font de la politique, c’est normal. — Vous ne faites pas de politique? — Nan.» Je fais de l’introspection méditative. «Il y a une forte croissance, déclare Audrey Crespo-Mara. Un chômage qui baisse, un pouvoir d’achat en hausse.» Un âge d’or économique. «Mais depuis2017 le pouvoir d’achat des plus riches a augmenté de 2,8% quand celui des plus pauvres a baissé jusqu’à – 0,5%. — Pardon, celui des plus pauvres a augmenté. Personne ne dit qu’il a baissé. — Selon l’Institut des politiques publiques, il a baissé chez les plus pauvres», insiste la journaliste en se fondant sur les statistiques d’une officine douteuse. «Nan, je prends les statistiques de l’Insee.» Commandées par le gouvernement. «Le pouvoir d’achat des plus riches a augmenté parce que nous avons mis en place un système pour qu’ils réinvestissent, la taxe à 30% sur les gains du capital et la suppression de l’ISF pour ceux qui réinvestissaient dans l’économie.» Dans l’économie des dividendes, des salaires des dirigeants et des rachats d’action.
«Monsieur Le Président, ceux-là disent merci, relaie Darius Rochebin. Mais neuf millions de personnes en situation de pauvreté, ces queues très impressionnantes qu’on a vues des étudiants qui vont chercher à manger… Même si c’était transitoire.» Les queues d’étudiants vues ces derniers jours, c’était pour se procurer des cartes Pokemon. «Les Français les plus riches, ils partaient, argumente Emmanuel Macron. Quand ils décident de réinvestir dans l’économie française, leur fiscalité a baissé. Ils créent des entreprises et contribuent à la réindustrialisation.» Voyez comment ils ont réindustrialisé les Fonderies du Poitou, Bridgestone à Béthune, Bosch à Rodez, la SAM à Decazeville,etc.
Arrives the separatism chapter, on which the president affirms his firmness: "We must convert the spirits, it is indeed a cultural, civilizational fight."On this, everyone agrees (with Zemmour)."Each religion has its history," notes Darius Rochebin.But the Muslims of France today, what message do you contact with them? "Because it is their story that is problematic.Audrey Crespo-Mara is still on the way: "You have hired the police, the justice budget benefited from a historic increase."She no longer knows what to do with her billions."For the first time, admits Emmanuel Macron, the Prime Minister decided to increase the justice budget by 30%."For a bit, the interviewers would have specified that almost all of this increase will benefit the prison administration but they are pressed by time, it is urgent to approach the issue of international relations.
Darius Rochebin shoots the first: "Let's talk about the place of France on the international scene, yours."Macron or France, it's the same."You caused a sensation: young president, who speaks English, who challenges Donald Trump in English, who has great ease ..." who is a bit of the master of the world."Doesn't it hide a rank that France has trouble defending?"Audrey Crespo-Mara intervenes: "Let's look at this photo that marked your annoyance."We see a scowling Macron during a handshake with Biden, an undeniable testimony of his talent to master international relations.
Audrey Crespo-Mara sums up: "We have seen what these five years have changed for the French."They learned to swim in happiness."Let's talk about you now."Finally!It was time."What have these five years have changed for you?"Exactly the question that haunted me."A year and a half ago, you were saying to the French:" Let us know how to reinvent me the first. "How did you reinvent yourself?- I have learned.- What did you learn?- No doubt to better love them. "It’s reciprocal.In defiance of the barrier gestures, I put my TV to kiss the president.“You have to have a lot of kindness.I learned to love better, with more indulgence, benevolence. "And there you go, I roll a shovel.
Darius Rochebin offers: "Listen to what the French say about you."The French selected at random from a micro-pavement."He is dynamic.""Arrogant.""He's someone brave.""He leaves little freedom to his ministers.""Confidence, he does more what he says than others.""Well he is young.""He is strong in adversity.""Persevering.""He's Couillu.He dares to go to the end of things. ""He is looking for himself, one day it's blue, the next day it's black.""Farm, very skillful.Everything goes, everything rolls and nobody says anything. ”Assessment: nine French people out of eleven are, like me, in love with our president.I'm jealous.
Emmanuel Macron reveals himself: "I am rather someone emotional, but who hides it."A great sentimental, all of its policy illustrates it."Someone very human.When I was elected, I loved France and today I love her even more madly.I like French and French. "I will ask for it in marriage.“We are a people a people who knew how to trust a 39 -year -old young man.We are the country of all possibilities. ”The country where it is possible to carry out an interview worthy of the North Korean TV.
"Do you have a regret?" Inquires Audrey Crespo-Mara.-I tried to give the best of myself.What we have experienced together is unforgettable. ”The best five years of my life are true."It's exceptional for me.It’s an immense honor. ”And unimaginable happiness.
The two interviewers salute their guest, Darius Rochebin predicts: "This interview will be commented on, scrutinized."Illico on BFMTV, by Christophe Barbier, for whom "it is an essential prerequisite for the construction of a line of benevolence, that is to say a left line".Socialist, if I followed well."He tells us that the left line will be followed against Eric Zemmour."Being on the left of Zemmour is a feat."He takes the campaign from the left."He targets the electorate of Philippe Poutou.