• 16/07/2022
  • By binternet
  • 574 Views

Dark noon of killing biering<

photo søren_meisner

C’est avec le mélange de curiosité, d’envie et d’appréhension qui précède toute découverte que l’on se rend au Théâtre de Nanterre-Amandiers – Centre Dramatique National pour le spectacle Dark noon du collectif Fix&Foxy, quasi sinon tout à fait inconnu en France malgré ses dix ans d’existence. Cela sans doute en partie du fait que les performances, les installations immersives et les pièces de théâtre du metteur en scène danois Tue Biering, directeur artistique du groupe, sont souvent très ancrées dans les territoires où elles sont créées. Cherchant, lit-on sur notre feuille de salle, ou de route, à « raconter des histoires sur ceux qui fabriquent notre société en incluant le public », Fix&Foxy « invite à monter sur scène des personnes qui ne sont jamais ou rarement représentées au théâtre ». Dark noon échappe à cette règle, et c’est sans doute en partie pour cette raison que ce spectacle créé en 2019 à Copenhague est parvenu jusqu’à nous.

Chorégraphié et mis en scène par le Sud-Africain Nhlanha Mahlangu, Dark noon est interprété par sept acteurs sud-africains tout aussi inconnus à notre bataillon que Fix&Foxy. Contrairement à la plupart des personnes que le collectif porte d’habitude au plateau, ils sont pourtant tous connus dans leur pays pour leurs activités théâtrales, mais aussi cinématographiques, télévisuelles… Conseillés à Tue Biering par l’artiste William Kentridge, ces artistes qu’il nous faut tous citer – Mandla Gaduka, Katlego Kaygee Letsholonyana, Bongani Bennedict Masango, Siyambonga Alfred Mdubeki, Lillian Tshabalala, Joe Young et Thulani Zwane jouent, chantent et dansent avec une énergie et une justesse qui nous saisit dès notre installation d’un côté ou de l’autre du vaste rectangle de terre ocre. Lequel recouvre aux Amandiers le sol d’un théâtre éphémère installé pour cause de travaux dans les ateliers de décor du théâtre, qui se prêtent bien à la pièce, plaçant le spectateur au cœur du récit et même de l’action.

Dans un petit cabanon situé en marge du plateau terreux, sous l’écran où sont diffusées des images filmées en direct, une narratrice commente les gestes et les sons des premiers acteurs qui pénètrent dans la zone rouge. Ils sont, dit-elle avec une ironie non dissimulée, de pauvres Européens, des Blancs, venus d’Europe pour échapper à la misère. Ces quelques mots, accompagnés des voix de deux comédiens-chanteurs eux aussi placés à la frontière de l’espace de jeu, déjà traversé par quelques autres acteurs mi-rampants mi-bondissants, posent d’emblée le cadre spatio-temporel de la pièce. Comme l’indiquait déjà le titre, nous sommes dans un entre-deux. Le « noir midi » ou « midi noir » de Fix&Foxy, c’est l’Amérique de 1850 jusqu’au XXème siècle vue par des femmes et des hommes d’aujourd’hui. C’est-à-dire par des artistes sud-africains – s’ils jouent des rôles lorsqu’ils prennent en charge la narration de la pièce, on se doute qu’ils sont proche du réel –, qui pour ressembler à leurs protagonistes ont quelques efforts de maquillage à fournir.

Dark Noon de Tue Biering

To tell the story of a conquest, kills Biering, Nhlanha Mahangu and their performers then also work for appropriation, and do not hesitate to point out to great reinforcements of gestures close to caricature, filmed by kinds presenters who themselves confine the parody. By grimking for some the figure in white, while others remain black to be able to embody the remaining figures of the great piece of history to which they attack - especially Indians and Chinese -, the seven actors return in a way to the origins With a form of ignoring that developed in America in the 19th century as part of humorous shows, the Minister Les Shows. In an essay published in 2020, race and theater: a political unthun (Actes Sud), Sylvie Chalaye explains that contrary to popular belief on the subject, it is among slaves, in American plantations of the 17th century that Born this type of spectacle.

Dark Noon makes us revise our history of representations as it makes us see that of America: without doing the lesson, and even by doing the opposite.By a succession of scenes drawing a voluntarily approximate chronology of American history.After the arrival on the Promised Land, we are notably a massacre of Indians who continue to be reborn from their ashes, to the fights of little glorious cowboys, to the construction of a railway or to the installation of missionariesMore looking at the goods of their flocks than their faith ... More exactly, we are witnessing the staging of these western -style phenomena carried out live, using a whole bunch of summary equipment first stored outsidefield then moved within it.

En deux heures, nous voyons ainsi naître une ville. Nous y prenons part aussi, car la place du spectateur se transforme en même temps que la scénographie. Embarqué dans le désordre très maîtrisé de Dark noon – on déménage des meubles, on court, on se laisse enfermer en prison, on se retrouve attablé dans un rudiment de saloon devant un verre de whisky –, on éprouve à quel point le tragique côtoie le comique et le burlesque dans cette pièce de Fix&Foxy. Pris dans la fabrique de l’image, complice de ses violences, on approche les agressions, les injustices d’hier. Après cette expérience, on ne regardera plus un western de la même façon. Et l’on ne viendra peut-être plus au théâtre avec une âme de découvreur ou de conquérant.

Anaïs Heluin - www.sceneweb.fr