• 21/02/2023
  • Par binternet
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Cinéma : « Haute Couture » et petite banlieue<

Chaque matin, elle part travailler, non sans avoir d’abord adressé un mot à ses roses. Puis elle ferme le portail de son petit jardin et s’en va prendre le métro. Impeccablement mise, silhouette droite d’une femme qui, toute sa vie, a tenu pour fondamental l’art de se vêtir avec élégance. Esther est couturière chez Dior. Chef d’atelier. Le genre de vieille fille dont les doigts de fée ne l’empêchent pas d’appeler un chat un chat. Le genre blessé, aussi, qui cache un cœur en or sous une existence effondrée. Car en dépit de ses airs bravaches, Esther est fâchée avec sa fille qu’elle ne voit plus. Sur le point de prendre sa retraite, la couturière voit venir le gouffre et la solitude.

Désireuse de transmettre

Et puis, un jour, on lui pique son sac dans le métro. Celle qui le lui a volé est une gamine de banlieue, Jade. Mais poussée par on ne sait quel scrupule ou intuition, Jade décide de rapporter le sac à sa propriétaire. Esther n’est pas dupe, mais donne sa chance à la jeune voleuse dont elle pressent rapidement qu’elle est douée pour coudre. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais peu à peu, Jade se passionne pour les beaux tissus et les coulisses fascinantes de la haute couture. Surtout, Esther lui fait comprendre la différence entre coût et valeur, entre un simple job et un métier. Lyna Khoudri interprète l’apprentie avec une gouaille qui ne lui interdit pas d’être subtile et d’autant plus nerveuse qu’elle se voit entrer dans un monde qu’elle envie secrètement. Nathalie Baye est Esther, parfaite dans son rôle de pré-retraitée au verbe haut, un peu aigre, désireuse de transmettre cependant.

Cinéma : « Haute Couture » et petite banlieue

Si la dramaturgie est attendue et le scenario peu probable, la façon dont Sylvie Ohayon ironise sur l’époque est savoureuse. La victimisation, la banlieue, le déterminisme social, la mièvrerie contemporaine, la laideur de certaines modes, elle y va. Main de fer et gant de velours.

« Haute couture » de Sylvie Ohayon. Avec Nathalie Baye, Lyna Khoudri, Pascale Arbillot. Durée : 1 h 40. En salle mercredi 10 novembre.