L'arrivée du beau temps marque la saison des mariages. Cette année encore, la pandémie aura empêché la tenue de nombreuses cérémonies. Mais le déconfinement laisse aussi entrevoir une porte de sortie.
Reporter à nouveau ou réduire la voilure ? Voilà l’un des nombreux dilemmes auxquels sont confrontés les futurs mariés. Pour elles et eux, la crise sanitaire a anéanti leurs envies de grande fête. Un moment charnière dans leur vie, qui se pare d’incertitudes à cause du covid.
Coûte que coûte, Mégane et son compagnon préfèrent se marier. Leur union se prépare depuis trois ans, maintenant. Le temps passe, la date approche à grand pas et les doutes restent. La cérémonie se déroule dans moins de deux semaines. Et déjà, les futurs mariés le savent : il n'y aura pas de roi ni reine de la danse. Car depuis les dernières annonces, ils ont décidé d’annuler la fête, et de prévoir « un petit repas avec les parents, et c’est tout ».
Une question épineuse
Beaucoup de frustration découle alors de ce qui devait être un jour de joie. A l’instar de Christelle et Mickaël qui devaient se marier le 5 juin. Mais les restrictions concernant le nombre de personnes étant levées le 9 juin, le mariage tel qu’ils l’avaient prévu tombe à l’eau. Christelle raconte : « On est furax d'autant plus que la nouvelle date n'est que le 10 septembre 2022 ». Attendre, encore et toujours.
Côté exécutif, la question des mariages reste épineuse. Difficile de trancher, quand la situation sanitaire évolue de jour en jour. Ainsi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal a déclaré, vendredi 30 avril, sur BFMTV : « Pour les grandes fêtes de mariage, je ne peux pas vous répondre, mais on espère que cela soit possible le plus rapidement possible. Dès que la situation sanitaire le permettra on le fera ».
A la mairie, les mariages peuvent se dérouler dans le respect des règles sanitaires. Outre le port du masque, les invités doivent être séparés par une distance minimale. D'après le site du gouvernement, il s’agit de « laisser libres deux sièges entre chaque personne ou entité familiale et de n’occuper qu’une rangée sur deux ».
Il en est de même pour les mariages religieux.
La cérémonie pourra se tenir mais sous plusieurs conditions. D’abord, le respect des gestes barrières et des distances sociales, comme précisé dans la question précédente.
Ensuite, les rassemblements seront limités à un nombre de personnes précis.
Si le gouvernement évoquait dans son calendrier des réunions de six personnes maximum jusqu'au 19 mai, puis dix personnes entre le 19 mai et le 9 juin dans le calendrier du déconfinement, il semble que les cérémonies se dérouleront selon un autre protocole.
D'après l'Union des professionnels solidaires de l’événementiel (UPSE), interrogée par nos confères du Parisien, il sera possible d'accueillir des convives jusqu’à 35 % de la capacité d'une salle, en intérieur et en extérieur dès le 19 mai. A partir du 9 juin, les invités pourront occuper 50 % de la capacité d'accueil en intérieur, 65 % en extérieur. Il n'y aurait, en outre, pas besoin de tests PCR ou de passes sanitaires. Les repas assis en intérieur ne seront en revanche pas autorisés.
Ces échéances restent des indications, et peuvent être décalées. Le calendrier du déconfinement évolue en fonction de la situation sanitaire départementale.
Pour le moment, les lieux de réceptions ne sont pas autorisés à ouvrir pour accueillir des événements. Bien qu’il soit possible de recevoir des personnes chez soi, il faut rester prudent : les rassemblements sont limités à un nombre de personnes donné, six ou dix, en fonction de la date à laquelle le mariage se déroule et les gestes barrières doivent être respectés.
Aussi, il est préférable de se réunir à l’extérieur, en raison de la circulation du virus.
Depuis le 3 mai 2021, la limite des 10 kilomètres est levée, et il n’y a plus besoin d’attestation pour se déplacer en journée. Il sera donc possible d’assister à un mariage, même si celui-ci a lieu dans une autre région.
Cependant, le couvre-feu reste en vigueur entre 19 heures et 6 heures du matin, jusqu’au 19 mai. Il sera décalé à 21 heures entre le 19 mai et le 30 juin, puis complètement levé par la suite. Si vous comptez vous déplacer pendant le couvre-feu, il faudra vous munir d’une attestation dérogatoire et cocher la case « motif familial impérieux ».
POV: you’re watching me show you how to make vegan Seminole Squash pancakes but the hot plate isn’t warm enough https://t.co/1IYqmOkfY1
— Miles Feacher Mon Oct 05 22:02:48 +0000 2020
Les magasins d’habillement ne sont pas considérés comme des commerces essentiels, et sont fermés. Pour l’instant, il reste impossible de se rendre dans une boutique spécialisée pour acheter ses plus beaux habits. Il faudra donc attendre. Pour les plus pressés, la solution de repli reste la vente en ligne.
Pauline et Aurélien s’étaient projetés. Le plus beau jour de leur vie devait se dérouler en 2020. Mais la pandémie en a voulu autrement. Et avec elle, sont venus le report et les doutes. Des mois de préparation envolés dans l’incertitude. Le mariage pourra-t-il se tenir ? Voilà la question à laquelle se confrontent les deux Comtois, à chaque allocution, ou conférence de presse.
« Je commence à être rassurée et à me dire qu’avec les annonces, le mariage devrait pouvoir se faire », commence la jeune femme. La date retenue pour la cérémonie est le 10 juillet 2021. « Stressée », c'est l'état d'esprit de Pauline pour ces deux prochains mois. Car avec Aurélien, il faut désormais tout organiser. Elle explique : « Avec mon compagnon, nous n’avons plus la même motivation à tout préparer. »
Un plan de secours
Car il faut s’adapter à la situation sanitaire et aux préconisations en vigueur. « On avait fait des tables de huit, mais on doit revoir tout le plan de table si on ne doit pas dépasser six personnes à table », étaye la future mariée. Et même tout a pu se décaler au niveau de la mairie, de l’église, et du traiteur, beaucoup de soucis s’amoncellent : les fleurs et les dragées, le photographe, et surtout le nombre d’invités.
Pour leur mariage, Aurélien et Pauline avaient vu les choses en grand : 200 personnes à l’apéritif, et 85 au repas. La situation sanitaire s’empirant, le couple avait prévu aussi un plan de secours : « on s’était dit que si on devait limiter au maximum, on avait un quota de 40 personnes minimum niveau famille »
Plus cocasses encore, les habits des futurs mariés. « J’ai déjà ma robe en préparation mais mon homme n’a toujours pas son costume », s’inquiète Pauline. Les boutiques d’habillement et les tailleurs étant fermées pour l’instant, il est donc difficile pour le jeune couple de trouver de quoi se vêtir pour la cérémonie. Se remettre dans les préparatifs, une expérience compliquée Pauline et Aurélien, avec toujours la crainte de devoir à nouveau tout reporter.
Sur leur faire-part de mariage, Edwige et David ont choisi l’humour : « Après un départ sur les chapeaux de roue, et un arrêt mécanique, nous pouvons enfin rouler à pleine vitesse pour un long mariage sans accrochage. Le radar covid a voulu nous flasher, mais il n’y est pas arrivé. »
Pour les deux amoureux, l’attente a été longue : après plusieurs mois de préparation, le couple a dû reporter son mariage. Edwige raconte : « On pensait que ça serait mieux mais la crise sanitaire est toujours là. » Malgré les contraintes liées à la crise sanitaire, elles et lui ont décidé de maintenir la cérémonie.
« Un mariage sur un an »
Changement de formule, donc. Sur le papier, ils devaient être 150 invités. Avec le covid, il n’en restera qu’une trentaine, dont seulement douze à la mairie. « Le mariage se fera extérieur avec des tables de cinq personnes espacées, et en faisant juste un vin d’honneur dinatoire après la cérémonie », détaille Edwige. Un mariage plus petit que prévu, mais avec les outils de communication d’aujourd’hui : « On va faire un lien zoom et mon fils filmera notre union pour que notre famille et amis puissent suivre la cérémonie. »
Edwige et David ont même décidé d’innover en réalisant « un mariage sur un an » pour que chacun puisse prendre part aux festivités. Simon précise : « Nous souhaitons inviter le reste de la famille et ami chaque week-end après le mariage en petit comité. Pas plus de six pour nous protéger et protéger nos proches. » Remettre en question le mariage dont ils ont rêvé, une réflexion que le couple a mené sans aucune frustration, comme l’affirme Edwige : « C’est un choix personnel que nos proches aussi approuvent. Et on est pressés d’être au jour J ! »
Depuis plusieurs années, un projet trotte dans la tête d'Anthony Nolot. Cet ancien chef de projet dans l’événementiel s’est jeté à l’eau, au mois de décembre, et est devenu « wedding planner » (ou organisateur de mariage), juste après le deuxième confinement.
Une reconversion dans le même secteur, et surtout un choix évident pour ce « grand amoureux de l’amour », comme il aime se décrire : « Je voulais donner du bonheur aux gens, les aider, les accompagner d’un des plus beaux jours de leur vie, et j’adore l’organisation d’événements, tout ce qui est grandiose. »
De futurs mariés frileux
Cependant, la crise sanitaire, imprévisible, a décidé de son destin. Le Dolois raconte : « En décembre, j’étais très positif. Avec le vaccin, je me suis dit que les mariages allaient vite reprendre. » Son agence a conseillé une dizaine de clients. « Au début, tout marchait bien : j’avais eu pas mal d’appels. » Dès le troisième confinement, la désillusion s’amorce : seul un mariage s’est maintenu pour juillet, deux autres l’année prochaine, et le reste est suspendu.
D'autant plus que trouver des clients devient une tâche ardue : les potentiels mariés demeurent frileux. Un fait constaté par Anthony : « Je ne pensais pas que ça allait être aussi galère. » En outre, le jeune organisateur de mariage ne peut pas bénéficier des aides de l’Etat puisqu’il vient tout juste de créer son entreprise.
Alors, Anthony a choisi de se diversifier. En plus de son activité d’organisation de mariage, il se tente au graphisme. Optimiste, il attend le protocole pour les mariages de juillet et les soirées dansantes, et espère surtout la fin de la crise sanitaire. En discutant avec certains clients, l’organisateur de mariage observe aussi que « l’idée du covid commence à s’évaporer ».