• 02/02/2022
  • Par binternet
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6 destins de femmes britanniques #1 : Mary Read, pirate des Caraïbes<

LePetitJournal.com vous propose de (re)découvrir six femmes britanniques ayant marqué l’histoire. Artistes, scientifiques, espionnes ou même pirates, toutes ont su pousser les murs de leurs époques respectives.

Aujourd’hui, découvrez la fabuleuse épopée de Mary Jane Read, l’une des plus célèbres femmes pirates de l’histoire. Entre pillages dans les mers des Caraïbes, combats héroïques et cachots humides, la jeune Anglaise a fait trembler la marine britannique accompagnée de sa sœur de piraterie, Anne Bonny.

Une femme pirate travestie en homme depuis l’enfance

Mary Jane Read naquit en 1690 dans le comté du Devon. Elle grandit en Angleterre, orpheline de son père, capitaine de la marine disparu en mer. Pour continuer à percevoir la pension de sa belle-famille, la mère de Mary travestit sa fille en garçon dès son plus jeune âge. Jusqu’à l’âge de 13 ans, Mary vécut donc contrainte dans la peau d’un autre, son alter-ego masculin.

Loin de rêver d’une vie de jeune femme classique de l’époque, Mary s’engagea rapidement dans la marine anglaise en endossant à nouveau son costume de garçon, qui lui ouvrit les portes de ce milieu exclusivement masculin. Sous le pseudo de Willy Read, elle troqua son pays natal où l’attendait un soporifique destin déjà écrit pour un voyage vers les Indes Occidentales. Mais une fois à flot, le navire où elle se trouvait fut pris d’assaut par des pirates qui venaient y chercher de nouvelles recrues.

L’Anglaise au tempérament de feu aurait alors été séduite par les codes de la piraterie, qui lui semblaient justes et démocratiques : les butins saisis étaient équitablement partagés, les voix avaient une valeur égale, et la vie y était plus palpitante et plus libre que sur le continent. Seul bémol : les femmes n’y étaient pas admises. Ainsi, Mary s’effaça encore un peu plus derrière Willy, et rejoint la piraterie sous couverture.

Enrôlée chez les vilains des profondeurs, elle vogua incognito parmi eux jusqu’aux Bahamas. Animée par une soif d’aventure inétanchable et un désir de liberté urticant, Mary Read trouva satisfaction dans cette dangereuse vie de corsaire. Plus courageuse et déterminée que la plupart des hommes, elle n’eût aucune peine à dissimuler sa véritable identité, devenant même un pirate respecté de ses pairs.

Mary Read et Anne Bonny : deux corsaires qui refusent le corset

En 1719, Mary croisa le chemin de Jack Rackham, qui cherchait justement à recruter pour son navire. Bien connu et méprisé de l’armée britannique, Jack Rackham était réputé pour être un pirate hors-pair, chirurgical, pillant tout ce qui se trouvait sur son passage : épices, tabac, poissons, trésors… L’honni Jack était épris d’une Irlandaise, la sulfureuse Anne Bonny, croqueuse d’hommes rassasiée qui s’était enrôlée dans la piraterie grimée en homme, à l’instar de Mary. Les deux femmes avaient en commun un refus viscéral de se conformer à ce qu’on attendait d’une femme à leur époque. Seule différence : Anne jouissait, depuis sa rencontre avec Jack, du statut privilégié d’épouse du capitaine et n’avait donc plus à dissimuler sa féminité, à l’inverse de Mary Read, qui n’avait encore jamais révélé sa véritable identité à ses équipages.

Mary Read vint donc s’ajouter à l’équipage de Le Revenge, le navire de Jack Rackham et de sa compagne. Très vite attirée par Mary (ou plutôt par Willy), Anne Bonny tenta de la séduire, mais elle découvrit bien assez tôt les attributs iodés qui trahirent l’identité de la clandestine. A cet instant, tout l’équipage découvrit la véritable identité de Mary, l’imposteure, l’autre femme pirate. Cependant, les matelots n’y virent aucun mal, ayant déjà été témoins de la témérité et de la débrouillardise de Mary, qui avait mérité sa place parmi eux.

Les deux enfants illégitimes britanniques devinrent alors un duo de pirates légendaire. Sans peur, hargneuses et combattantes hors-pair, les deux amies semèrent la terreur dans les eaux chaudes des Caraïbes pendant plusieurs années, enchaînant les pillages et amassant les butins avec la complicité du grand Jack Rackham. Les deux flibustières tordaient à elles seules le cou aux légendes archaïques de vieux loup-de-mer, voulant que les femmes amènent la guigne et sèment la zizanie sur les navires. Anne et Mary n’étaient, elles, que hardiesse et sauvagerie, s’épanouissant dans la rude vie sur les flots.

Seules au combat face à un équipage entier

Mais un jour d’octobre 1720, Le Revenge fut arrêté par la marine anglaise au large de la Caraïbe. Ivres morts, les pirates n’étaient pas en capacité de se défendre face à cet assaut et n’opposèrent pas de résistance. Estomaquées et pleines de mépris face à ce comportement de couards, Mary et Anne prirent les armes et furent alors seules à combattre l’équipage entier.

Elles en tuèrent deux d’entre eux et en blessèrent d’autres. Pendant plus d’une heure, les deux corsaires résistèrent et se battirent corps et âme pour leur honneur, leur liberté et leur navire. Mais, malgré leur courage héroïque et en dépit de l’énergie déployée, les deux louves de mer ne parvinrent pas à sortir victorieuses de cette impensable bataille.

Finalement, l’équipage aviné fut rapatrié jusqu’aux Bahamas et condamné à la potence. Mary et Anne, enceintes, furent graciées de justesse par la couronne anglaise. Mary Read mourut en cellule peu après, et Anne Bonny fut prétendument sauvée par son père, qui jeta l’ancre à la place de sa fille dans la vie d’une femme de son époque, avec mari et enfants.

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