• 15/06/2022
  • Par binternet
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Oui, ils le veulent Recevez les alertes de dernière heure du Devoir<

La pandémie aura eu raison d’unions qu’on croyait éternelles, mais elle aura aussi précipité les choses pour certains tourtereaux. Et même si le nombre de mariages célébrés a diminué de moitié entre 2019 et 2020 en raison des règles sanitaires, l’amour et son faste ont repris leurs droits. Cet été, à la faveur du redoux, ils ont dit : « Oui, je le veux. »

C’est aussi ce qui nous différencie du ouistiti et des fourmis, nous avons besoin de ritualité, de sens et de photos avec beaucoup de crémage. Le besoin de promettre, de jurer toujours ou jamais, l’emporte.

Lorsque le gouvernement du Québec a fermé le Parlement en mars 2020, la députée libérale de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, ne pensait pas s’ennuyer autant de la présence du député de Jacques-Cartier, Gregory Kelley. Trois mois plus tard, les deux politiciens de 36 ans emménageaient ensemble. Ils se sont mariés le 18 septembre dernier, une première dans les annales du parlementarisme à Québec.

« Lorsque j’ai annoncé à ma mère qu’on se mariait, elle n’a rien dit. Silence total. Puis elle a lancé : “Ça va-tu bien !?” » me raconte la nouvelle mariée. Sa mère, d’origine marocaine, a été en état de choc jusqu’à trois semaines avant leur union officielle.

« J’ai toujours dit que je ne me marierais pas, explique en rigolant la bouillante députée. Je suis avocate. Je connais les statistiques sur le divorce. Je devrais savoir mieux. Mais j’ai su aussi dès le début que je marierais Greg. Il m’apporte quelque chose qui m’a manqué. Il n’a aucune malice ou agressivité. »

Photo:Alexis Lavoie

Les députés libéraux Marwah Rizqy et Gregory Kelley ont convolé en justes noces en septembre dernier. Un amour de pandémie très contagieux.

Alors que le mariage peut éteindre certains couples ou faire ressortir le pire en eux, Marwah s’enflamme lorsqu’elle parle de sa douce moitié. On sent un bonheur réel percoler dans sa voix. Elle pourrait reprendre ces vers de Pablo Neruda : « Tu étais en face de moi, régnant en moi, et tu y règnes. Comme un bûcher allumé dans les bois c’est le feu qui est ton royaume. »

Beaucoup trop !

« Greg, c’est mon alpha et mon oméga, mon début et ma fin, insiste la politicienne. Je suis crinquée et il est calme. Il m’apaise. C’est mon roc de Gibraltar. » Bref, tout son contraire. C’est vers lui qu’elle a envie de retourner après le combat dans cette arène politique qui ne fait pas de cadeaux et où elle se fait régulièrement remarquer par ses attaques frontales, voire virales.

Il a grandi dans l’Ouest-de-l’Île, elle dans Homa. Ils sont tous deux issus d’une famille nombreuse et désirent des enfants à leur tour : « Je voudrais des jumeaux, j’aime l’intensité », ajoute la députée de l’opposition qui donne des sueurs froides au ministre de l’Éducation. Marwah et Greg ont fait partie des Jeunes libéraux sans jamais se croiser. Il a suffi d’une élection et le sort en était jeté.

Combien a-t-elle eu d’amoureux avant lui ? « Beaucoup trop ! Mais c’est la première fois que j’ai peur de perdre quelqu’un. » Encore en deuil du décès de son meilleur ami, Julien Brossard, son témoin au mariage disparu dans un accident d’avion tragique début octobre, la députée sait que le destin peut nous faucher brusquement. Et que les funérailles sont plus fréquentes que les mariages depuis deux ans. « Après 18 mois de pandémie, tout le monde était heureux de célébrer l’amour avec nous. On en avait besoin. L’amour, crisse ! »

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Optimisme et nez de clown

Le 19 septembre, c’est chez Anne Genest et Joan Roch que j’ai assisté à un échange de nez de clown et de « oui, je le veux » plutôt que de joncs et de confettis. Les deux quarantenaires, elle en rouge, lui en bleu, ont officialisé un coup de foudre qui les a terrassés un an avant la pandémie, suivi d’un confinement joyeux.

« Quand j’avais 20 ans, je ne voulais pas me marier, raconte Anne. T’engager à vie avec quelqu’un, je voyais ça comme une prison. Alberoni (Le choc amoureux) comparait la femme mariée à une fleur sauvage dans un pot. Maintenant, j’ai trouvé un homme sauvage et je suis heureuse dans mon pot. »

Je rencontre les deux amoureux, parents de quatre enfants séparément et coureurs émérites, à nouveau après leur mariage. La veille, ils ont terminé un « ultra » à Bromont, 160 kilomètres en 34 heures et 37 minutes, pendant lequel ils ont dormi seulement 20 minutes.

« C’est un peu notre voyage de noces, lance Anne. On a une chimie et une complicité qui marchent à la perfection. » Même dans la sueur et l’épreuve, la nuit et le découragement, sans compter les hallucinations qu’ils ont tous les deux expérimentées. Anne parle de couple symbiotique et de son jumeau. « Nous avons tellement d’affinités. On est pareils. On aime le trop. Ça ne nous fait pas peur. »

Leur union les fait carburer au maximum de leurs capacités physiques et imaginatives. Joan a même couru Percé-Montréal à l’été 2020 avec Anne à ses côtés durant quelques segments.

« On aime réaliser des choses ensemble, on carbure aux projets », explique la romancière. Durant la pandémie, ils ont réalisé un podcast, restauré une vieille grange dans leur cour à Longueuil, appris à faire du pain et écrit… ensemble.

« La pandémie nous a montré la tristesse de beaucoup de couples », remarque Anne, qui multiplie les apparitions avec son alter ego sur les réseaux sociaux. « Nous, on a envie d’être lumineux. » Et de parler d’un autre type de contagion.

Ce coup de foudre mutuel les aura extirpés de deux relations dans lesquelles ils n’étaient plus au sommet de leur forme après 15 ans pour lui et 17 ans pour elle. Parfois, l’amour meurt en secret.

« Parler de séparation heureuse, ça peut choquer, souligne Joan. Comme s’il fallait le taire quand on est heureux. Nous, on s’est mariés pour confirmer ce que l’on ressent. »

« Me marier, c’est foncer dans la vie et croire que le beau existe », ajoute sa nouvelle épousée, qui marche en canard à cause des muscles endoloris. « Je veux finir ma vie avec Joan, comme dans une longue course. Lors de ma rupture, je courais en pleurant. » Aujourd’hui, elle court avec le sourire, même lorsqu’elle veut abandonner la course.

« On est optimistes graves », conclut Anne. Ou tout simplement… amoureux.

cherejoblo@ledevoir.com

Lu Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles, de Mona Chollet, qui nous avait donné l’excellent Sorcières. La thèse de l’essayiste tourne autour de l’impossibilité pour les femmes hétéros de fleurir dans le mariage tout simplement parce que « la perversité de nos sociétés est de nous bombarder d’injonctions à l’hétérosexualité tout en éduquant et en socialisant méthodiquement les hommes et les femmes de façon qu’ils soient incapables de s’entendre ». À travers moult exemples tirés de la littérature ou du cinéma, elle démontre que les femmes ne peuvent donner la pleine mesure d’elles-mêmes dans une union conçue pour favoriser les hommes. Elle dément les deux exemples que j’avance aujourd’hui où les femmes fleurissent au lieu de s’éteindre dans leur « pot ». Parfois, l’homme n’est pas en fuite et la femme, pas une dépendante affective ; ils peuvent cheminer ensemble. On souhaite que cela ne soit pas une exception… https://bit.ly/3aWxni6

Versé une larme devant le récit photographique de l’histoire d’amour entre Greg Kelley et Marwah Rizqy sur leur invitation de mariage. https://bit.ly/2Z2hunE

Adoré le film Maria Chapdelaine, de Sébastien Pilote, que j’ai vu à sa sortie. J’y ai perçu une pudeur qu’on a perdue, cette intériorité qui ne peut passer qu’au cinéma ou dans la vraie vie. J’ai trouvé la direction d’acteurs et la caméra splendides, les personnages crédibles. L’amour offrait peu de choix en 1910. Et surtout, l’amour ne voulait pas dire la même chose et se négociait contre la sécurité et la survie il y a un siècle, il y a une éternité. La prestation de Gabriel Arcand en médecin inculte est courte et puissante.

Seul bémol, les costumes trop proprets qui sortent de l’atelier de confection. https://bit.ly/2ZbwkbS

En passant, j’ai interviewé Maria Chapdelaine (Sara Montpetit) ici, il y a deux ans. La réalité des ados de 16 ans a bien changé. https://bit.ly/3aSHuVa

Joblog | Lutte des classes

Je me suis plongée cet été dans des films et des séries qui traitent d’amour et où, chaque fois, les différences de classes sociales deviennent un enjeu. J’ai revu Jane Eyre, apprécié La cocinera de Castamar et dévoré Un lien familial, plus contemporain et tiré du roman de Nadine Bismuth, qui en signe la scénarisation. Ici, c’est un policier vivant en banlieue qui décide de rénover sa cuisine à 50 000 $ par amour pour la belle Magalie, une urbaine un peu coincée et branchée prise dans une union qui bat de l’aile avec un avocat qui la trompe au bureau.

Même si j’ai trouvé que l’héroïne manque de pétillant, j’ai aimé qu’on inverse la proposition et qu’on montre un (bel) homme qui tente d’accéder à un autre statut social. Les personnages féminins m’ont semblé bien caricaturaux et névrosés comparativement à ceux des gars, impeccables. Et Chantal Fontaine — qui n’a que 56 ans et joue la mère de Magalie —, en mamie pouding chômeur, petite toque sage et bas cheville alors que sa fille porte des Dim-Up… siouplait.

Que de clichés. Ce sera un autre sujet. https://bit.ly/3aVXdD3

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