• 20/10/2022
  • Par binternet
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TEMOIGNAGE. Aude: Père Noël professionnel, un si "cher" métier<

Dans un contexte de recrudescence de la Covid et alors que les fêtes de fin d’année commencent, comment les entreprises d’événementiel adaptent-elles leur activité ? Le point avec Thierry Gyuru, de la société narbonnaise "Soir de fête événements".

Est-ce difficile de recruter des Pères Noël en cette période de crise sanitaire ?

Thierry Gyuru : " On assiste à une double pénurie de Pères Noël ! Dans les entreprises, il y avait toujours le bon copain un peu rond avec une barbe qui se proposait de jouer le Père Noël. Jusqu’alors nous avions peu de demandes. Or, cette année, celles-ci se sont démultipliées ! Et les personnes que nous avions l’habitude de solliciter pour ce rôle ne le font pas ou ne le font plus. Dès lors, le prix de la prestation d’un Père Noël a doublé par rapport à 2019 ! Cependant, c’est difficile de répercuter cette hausse sur nos prix… ce n’est pas comme si nous vivions une période d’opulence. Alors on prend un peu sur nous".

Faut-il avoir l’âge de la retraite pour être un Père Noël crédible ?

"Les Pères Noël que nous faisons travailler ne sont pas très vieux : ils ont souvent entre 40 et 45 ans, et ça pourrait être Monsieur tout le monde. La qualité du costume fait 60 % du personnage : la somme des accessoires, une maquilleuse pour blanchir les sourcils… on n’a jamais deux fois l’occasion de faire bonne impression, alors il faut que ça flashe d’entrée. Il faut également être très patient avec les enfants, marcher doucement et parler le moins possible, car la voix peut trahir. Les enfants repèrent tous ces détails et on assiste aussi à une évolution de la société en peu de temps. Il y a cinq ans en arrière, les 10/11 ans s’émerveillaient… alors qu’aujourd’hui ils ne croient plus au Père Noël à cet âge-là. C’est un peu de magie qui s’en va".

En temps d’épidémie, Père Noël est-il un métier à risque ?

TEMOIGNAGE. Aude: Père Noël professionnel, un si

"Cette année, on impose deux contraintes aux Pères Noël : pas de contact physique avec les enfants lors des photos, et malgré les gants ce n’est plus lui qui donne les cadeaux en main propre. On pourrait croire que le Père Noël ne porte pas de masque, mais nous pouvons très bien le dissimuler sous sa barbe et sa moustache. Le Père Noël n’a pas plus peur du virus que les autres personnes, mais il y a toujours une petite appréhension. De plus, je remarque que lors de certains arbres de Noël dans les comités d’entreprise ou les amicales, nous avons reçu moins d’enfants que prévus".

Quant à la Mère Noël, est-elle souvent demandée ?

"Jamais ! Mais je ne pense pas que cela soit sexiste… Et il ne faut pas oublier que le Père Noël tel que nous le connaissons, est un symbole commercial, inventé de toutes pièces par une célèbre marque de soda !".

"On est bien vivants"

Pour la société "Soir de fête événements", créée en 2002, les animations de Noël représentent 30 % de l’activité annuelle. Or, depuis que les cas de Covid repartent à la hausse, les annulations s’enchaînent : "Actuellement, nous en sommes à environ 30 000 € de prestations annulées, explique le responsable, Thierry Gyuru. Aujourd’hui, les clients nous demandent une clause Covid dans le contrat : si la prestation est annulée pour des raisons sanitaires, on ne se doit rien. Or, j’estime que ces annulations ne répondent qu’à un principe de précaution. Lors des arbres de Noël que nous avons réalisés pour des entreprises, les membres des comités sociaux et économiques étaient hyper concernés, avec des contrôles drastiques du port du masque et du pass sanitaire". Le chef d’entreprise relativise cependant : "A l’annonce du 1er confinement, on avait annulé le salon de la moto avec 42 000 € de pertes. Mais on a eu des aides qui ont servi à couvrir ces pertes et les frais. En ce moment, c’est difficile, mais nous ne sommes pas en péril et c’est la vie de toute entreprise liée à l’événementiel, avec les professionnels des animations pour enfants, les traiteurs…". Dès lors, "malgré tout ce qu’on vient de passer et même si nous n’en sommes pas encore sortis, on est bien vivants et on a plein de projets. On a emmagasiné beaucoup d’envie et d’enthousiasme. Alors, on sera prêt dès que ça repartira !".