• 15/01/2023
  • Par binternet
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Pierre Arditi : « J’ai mis toute ma vie dans ma valise d’acteur »<

Entretien. A 76 ans, Pierre Arditi enchaîne les projets. Tous les soirs, il joue avec son épouse Evelyne Bouix Fallait pas le dire !, de Salomé Lelouch, au Théâtre de la Renaissance, à Paris. D’autres pièces sont prévues en 2022 et 2023. Au cinéma, après Le Trésor du Petit Nicolas, de Julien Rappeneau, en octobre, il sera en décembre dans le nouveau film d’Yvan Attal, Les Choses humaines, puis dans La Scala, de Bruno Chiche, et dans Adieu Paris !, d’Edouard Baer.

Je ne serais pas arrivé là si…

Si Les Trois Baudets n’avaient pas existé. Cette salle parisienne du boulevard de Clichy avait été créée à la fin des années 1940 par Jacques Canetti, un cousin de mon père. Parfois, mon père, qui était peintre, faisait des décors pour les spectacles des Trois Baudets, comme Hifi de François Billetdoux. Et nous les enfants − ma sœur Catherine et moi −, nous étions invités à découvrir les nouvelles revues. C’est ainsi que j’ai vu débuter Jacques Brel, avec sa tête étrange et ses grandes dents, Guy Béart, Catherine Sauvage, Félix Leclerc, Yves Robert, Raymond Devos ou encore Serge Gainsbourg, sapé comme un prince, dans un costume gris clair, avec des pompes en daim, totalement atypique.

Tout cela m’a ébloui. Les Trois Baudets ont été mon premier choc de spectacle. J’étais impressionné par la petite scène : ah, quand on monte sur cette estrade et qu’on fixe le public, on est regardé !, me disais-je. Ce qui me fascinait, c’était d’être regardé, reconnu par les autres. Déjà…

D’où venait cette soif de reconnaissance ?

Pierre Arditi : « J’ai mis toute ma vie dans ma valise d’acteur »

D’une absence de confiance en moi. J’étais un enfant adoré, heureux. Pourtant, il me manquait quelque chose. J’étais extraverti, mais c’était pour vaincre une timidité maladive. Je ne me plaisais pas.

Fasciné par le music-hall, vous auriez pu devenir chanteur ou musicien…

Mon père voulait que nous soyons artistes. Cela aurait pu donner des peintres ou des musiciens, en effet. Pendant un moment, mes parents ont d’ailleurs pensé qu’ils avaient mis au monde un nouveau Mozart. Leur ami [le pianiste] Jean Casadessus est venu à la maison m’écouter jouer la Petite musique de nuit. Il a trouvé que c’était pas mal, mais qu’il fallait d’abord que j’apprenne le solfège. Une dame est venue me l’apprendre. Au bout de dix jours, j’ai hélas refermé le piano. Dommage… Surtout, j’ai vite découvert le théâtre.

Comment ?

Mon père nous emmenait à la Comédie-Française, et Robert Hirsch est devenu notre idole. Ma sœur et moi connaissions ses répliques par cœur. Et puis, Devos, Carmet, Ricet Barrier et bien d’autres copains de mon père venaient dîner à la maison. Ces soirs-là, mes parents ne nous envoyaient pas au lit. Ils pensaient important que nous participions à cette vie, à ces conversations qui nous enrichissaient. J’ai d’ailleurs reproduit ça avec mon fils, Plouffy, qui a 52 ans aujourd’hui. Il est devenu peintre, comme son grand-père.

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