Le chef d'État mexicain a aussi écrit au pape François.
« J'ai envoyé une lettre au roi d'Espagne et une autre au pape pour que le récit des abus soit fait et que des excuses soient présentées aux peuples indigènes [du Mexique] pour les violations de ce qu'on nomme aujourd'hui les droits de la personne », a indiqué M. Lopez Obrador dans un message vidéo sur sa page Facebook.
Dans cette vidéo filmée sur le site archéologique maya de Comalcalco, dans le sud-est du Mexique, le président de gauche leur demande de reconnaître les violences subies par les peuples autochtones durant la Conquête, débutée après l'arrivée du premier conquistador Hernan Cortes au XVIe siècle.
Le nouveau président mexicain a participé à une cérémonie de purification traditionnelle, une première.
Photo : Getty Images / AFP/Ronaldo Schemidt
« Il y a eu des massacres, des levées d'impôts [...]. La "Conquête", comme on la nomme, s'est faite avec l'épée et la croix, des églises ont été édifiées sur les temples » préhispaniques, a-t-il rappelé.
« Le temps de se réconcilier est venu. Mais d'abord qu'ils demandent pardon », a ajouté Andres Manuel Lopez Obrador, depuis son État natal de Tabasco.
La réponse du gouvernement espagnol a été rapide et sans équivoque. « Le gouvernement d'Espagne regrette que la lettre envoyée par le président mexicain à sa Majesté le roi [d'Espagne Felipe VI], dont elle rejette fermement le contenu, ait été rendue publique », a-t-il indiqué.
« Nos peuples frères ont toujours su lire le passé sans colère et dans une perspective constructive, comme des peuples libres avec un héritage commun et une influence extraordinaire », poursuit le gouvernement espagnol.
Le Mexique va commémorer en 2021 le bicentenaire de l'indépendance du Mexique et les 500 ans de la chute de Tenochtitlan, l'ancien nom de Mexico sous la domination aztèque. Celui que l'on surnomme AMLO, suivant ses initiales, a dit y voir l'occasion d'une « réconciliation historique ».
Il s'est également rendu lundi dans la ville proche de Centla, théâtre de la première bataille entre Hernan Cortes et les peuples indigènes, le 14 mars 1519.
Le président mexicain a annoncé qu'il demanderait pardon pour l'« extermination » des peuples autochtones dans le Mexique indépendant, comme les Yaquis dans le nord du pays, ou les Mayas au sud, ainsi que pour les persécutions envers les immigrants chinois durant la Révolution mexicaine.
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— Carter Holmes Wed Feb 27 04:36:55 +0000 2013
La Conquête espagnole du Mexique a débuté en 1519 avec une armée de moins de 1000 hommes dirigée par Hernan Cortes. Ce fin stratège, parvenu à renverser l'Empire aztèque, a ouvert la voie à une période de colonisation de 300 ans.
Fin janvier, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a effectué une visite officielle au Mexique au cours de laquelle les pays ont réaffirmé leurs liens d'amitié et de coopération.
Le président du Mexique Andrés Manuel Lopez Obrador rencontre le premier ministre espagnol Pedro Sanchez Perez-Castejon.
Photo : Getty Images / Manuel Velasquez
Le peuple mexicain est le produit d'un métissage culturel entre le Nouveau et l'Ancien Monde.
Selon une étude scientifique publiée par un organisme gouvernemental mexicain, 98 % de la population mexicaine descend d'un mélange de populations autochtones, européennes (principalement espagnoles) et africaines.
M. Lopez Obrador, qui a pris ses fonctions le 1er décembre, s'est présenté comme un candidat antisystème, champion de la cause indigène.
Des polémiques éclatent régulièrement sur l'influence coloniale dans le Mexique d'aujourd'hui.
Mi-mars, Jesusa Rodriguez, une sénatrice du parti d'AMLO (Morena, gauche), avait par exemple suscité de nombreuses réactions en affirmant sur Twitter que le premier taco mexicain à la viande de porc, un animal introduit par les Espagnols au Mexique, avait été dégusté lors d'une cérémonie des conquistadors de Cortes pour célébrer la défaite aztèque.
« Rappelle-toi qu'à chaque fois que tu manges un taco de carnitas au porc, tu célèbres la chute de Tenochtitlan », avait déploré la sénatrice au sujet de ce plat emblématique de la gastronomie mexicaine.