• 29/05/2022
  • Par binternet
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Cinq bonnes raisons de s’habiller chez l’homme<

Une chemise d’homme, un pantalon à pinces, une paire de derbys, ces standards masculins sont depuis longtemps passés dans la garde-robe de ces dames. Colette, Coco Chanel, Katharine Hepburn, Jane Birkin ont montré la voie de cette élégance androgyne aujourd’hui entrée dans les mœurs. Ami, le label d’Alexandre ­Mattiussi, en est une parfaite illustration. En dix ans, la griffe pour messieurs est devenue le secret des Françaises à la dégaine de garçon manqué. Autant de fidèles clientes qui lui réclamaient depuis longtemps une boutique. « Quand, en septembre dernier, nous avons ouvert un lieu dédié à “L’homme pour la femme”, notre ligne féminine, nous nous attendions à voir débarquer des jeunes filles branchées, confirme Jonathan, le responsable du magasin. Finalement, des femmes plus mûres en quête d’un chic sans frou-frou ont également poussé la porte. Les manteaux se sont retrouvés en rupture de stock en quelques mois et nous avons dû constituer des listes d’attente sur certains modèles de pulls. »

Pourtant, en entrant dans cette échoppe rue de Grenelle (Paris VIIe), Camille, directrice associée dans un fonds d’investissement, doute : « J’ai l’impression que s’habiller chez l’homme s’adresse surtout aux grandes filles toutes minces. Pas à moi ! Une femme avec des formes qui afficherait ce style aurait toutes les chances de ressembler à un clown. De plus, je crains de ne pas avoir l’œil pour sélectionner les bonnes pièces à la bonne taille, je redoute le regard du vendeur ou, pire, que mon mari ne comprenne pas ma tenue ! » Bien sûr, il faut éviter quelques écueils - un vêtement trop large, une veste quand on a un peu de poitrine, un total look. Mais une fois le pas franchi, nombreuses sont les converties. Ainsi, après avoir enfilé des pièces bien senties et écouté les précieux conseils de Jonathan, la trentenaire à l’allure classique et plutôt féminine semble prête à intégrer dans son vestiaire quelques habits plus virils. Passage en revue de ce qui fait toute la différence.

La qualité avant tout

En mode masculine, le diable se niche dans les détails… et les matières. C’est un fait : les hommes usent leurs tenues beaucoup plus vite que les femmes. Sans doute parce qu’ils les portent plus souvent tout au long de l’année. Les marques apportent donc un soin tout particulier au choix de tissus, robustes et confortables. « Il y a très peu de kamikazes parmi ces messieurs, explique le designer Alexandre Mattiussi. S’ils se sentent mal à l’aise, si ça gratte ou si ça pique, vous pouvez être sûr que le vêtement retournera sur le portant. Pour eux, le toucher, le bien aller sont des critères primordiaux. » Résultat, leur sont proposées des pièces fonctionnelles, « sans effet ni tour de magie », durables et, de fait, avec un bon rapport qualité prix. « On a beau dire mais légèreté et fluidité, des caractéristiques récurrentes du dressing féminin, impliquent souvent zéro solidité », tranche Marie Marot, créatrice de la marque de chemises du même nom. Lors du dernier défilé Ami, en janvier, le Français a reproduit le décor d’un salon de couture mixte, « une cabine d’essayage pour que le public puisse apprécier le tomber de l’étoffe, ne manquer aucun détail des silhouettes ». Et inspirer confiance aux hommes… comme aux femmes.

Tout le défilé Ami automne-hiver 2019-2020

Défilé AMI Alexandre Mattiussi Homme automne-hiver 2019-2020 ParisVoir le diaporama51 photos

Une mode intemporelle

Cinq bonnes raisons de s’habiller chez l’homme

Du côté du sexe fort, les tendances ne changent pas tous les trois mois, ni toutes les deux semaines dans les enseignes de fast fashion. Alexandre Mattiussi parle de ses collections « comme d’une accumulation de vêtements collectors », de son label « comme d’un livre et sa succession de chapitres ». Chaque saison, les messieurs d’aujourd’hui ont rendez-vous dans leurs boutiques favorites comme leurs aïeuls allaient naguère chez leurs tailleurs ou leurs bottiers. « La constance de la mode masculine m’attire beaucoup, explique Marie Marot. Son discours va droit au but. Chez la femme, cela change tout le temps. » Face à la profusion de it-bags et autres indispensables, certaines clientes restent désabusées. « En tant que consommatrice, à côté de toutes ces propositions qui n’ont parfois rien à voir d’une saison sur l’autre, je me dis souvent que mon style ne ressemble pas à toutes ces nouveautés ! » confie la Française avant de poursuivre : « J’envie aussi beaucoup la simplicité du vestiaire des hommes. Avec un rien, ils peuvent s’habiller. Il n’y a qu’à voir la taille de leurs bagages quand ils partent en week-end ! » Simple, efficace, « un minimum de temps pour un maximum d’effet » : et si s’habiller chez l’homme était la meilleure manière de se prémunir contre les fautes de goût ?

Marquer sa différence

« Avec la globalisation de la mode, ses puissantes caisses de résonance que sont les réseaux sociaux, beaucoup de femmes autour de moi se tournent vers les collections masculines pour se démarquer, analyse Alexandre Mattiussi. Elles me disent qu’elles se sentent différentes quand elles portent mes vêtements. Je déjeunais récemment avec Mademoiselle Agnès, qui me confiait qu’à l’approche de la Fashion Week, elle n’avait plus vraiment envie d’arborer la dernière pièce à la mode. Elle recherchait plutôt, pour courir les défilés, un pantalon élégant et confortable, une jolie veste, un pull impeccable. » Des basiques qu’elle déniche de plus en plus souvent au rayon homme. Très loin de La Femme Balenciaga, stéréotype de la fashion victim griffée de pied en cap, que la présentatrice incarnait pour Canal +.

L’expérience en magasin

Traditionnellement, les vendeurs des boutiques pour messieurs sont très à l’écoute de leurs clients. Ces derniers les questionnent sur les produits beaucoup plus que les femmes, les forçant à être mieux formés. Au lieu de pousser à l’acte d’achat, ils prennent le temps de conseiller chacun, selon sa morphologie, son style, sa personnalité, etc. Le contraste par rapport aux magasins de mode féminine est saisissant. Car un homme satisfait est un consommateur qui reviendra ou qui achètera plusieurs exemplaires du même modèle. Chez Ami, les forces de vente remontent les commentaires des clients afin d’améliorer les collections suivantes. La boutique de la rue de Grenelle ne fait pas exception.

Du maintien et une féminité chevillée au corps

Qui y a-t-il de plus sexy qu’une femme en smoking ? Souvenez-vous du cliché en noir et blanc de cette Parisienne fumant dans une ruelle en costume sombre griffé Yves Saint Laurent, immortalisée par Helmut Newton en 1975 et publiée dans l’édition française de ­Vogue : quelques grammes de rigueur, une classe folle et un sex-appeal incontestable. Dans les années 1980, Giorgio Armani, puis au tournant des années 2000, Hedi Slimane ont taillé de somptueux complets pour ces dames. « Quand le Français dessinait pour Dior Homme, certains costumes étaient disponibles dans de petites tailles », se rappelle Marie Marot. Elle évoque leurs coupes au millimètre, « près du corps sans l’être trop. Ils étaient parfaits pour moi qui suis un peu grande ». Charlotte Rampling, Jane Birkin et Nicole ­Kidman en étaient, elles aussi fans. N’importe quelle femme est indéniablement sensuelle dans un complet pour le soir, une chemise blanche aux manches roulottées, un col V en cachemire glissé dans le jean. Le dressing masculin, soumis à certaines conventions, présente plus de tenue et des lignes au cordeau. Des partis pris qui autorisent les femmes en habits d’homme à montrer un peu plus de peau sans jamais tomber dans la ­vulgarité.

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