• 31/12/2022
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Mort de la fillette de Granby De nouveaux détails sur le rôle du père<

Le père de la fillette de Granby a plaidé coupable, lundi, à une accusation de séquestration. Jusqu’à ce jour, il était interdit aux médias de révéler le rôle de cet homme de 32 ans dans la mort de l’enfant. Voici donc de nouveaux détails concernant les dernières heures de l’enfant martyre. Mort de la fillette de Granby De nouveaux détails sur le rôle du père Mort de la fillette de Granby De nouveaux détails sur le rôle du père

Mis à jour le 15 déc. 2021
Émilie BilodeauLa Presse

Le père de la fillette a livré un témoignage, à huis clos, lors du procès de la belle-mère, à la fin du mois d’octobre, mais le juge en a fait un long résumé lors de ses directives aux jurés.

L’homme affirme avoir l’« esprit brouillé » et retenir seulement des « flashs » des évènements survenus les 28 et 29 avril 2019. Il se rappelle que l’enfant a tenté de se sauver par la fenêtre de sa chambre à deux reprises le matin du 28. Pendant la nuit, elle a réussi à s’enfuir alors qu’elle était complètement nue. Elle a sonné à la porte d’un voisin.

Le père de l’enfant explique que la fillette dormait sans vêtements, car elle urinait et déféquait souvent dans sa chambre. C’est d’ailleurs lui qu’il nous était interdit d’identifier et qui a raccompagné l’enfant, en pleurs, vers sa maison après sa fugue nocturne.

L’homme entasse des meubles devant les fenêtres de la chambre de l’enfant et installe un système d’alarme. Mais la fillette déplace le mobilier.

Cette nouvelle tentative de fuite met le père hors de lui, raconte la belle-mère lors de son propre témoignage. « Il était frustré raide. Pour moi, il a disjoncté. Il n’y a pas d’autres mots […]. Il sacrait après moi, il sacrait après [la victime] », a-t-elle dit.

Le père n’est pas tendre, lui non plus, lorsque les avocats lui demandent d’expliquer le geste de la belle-mère qui a admis avoir ajouté du ruban adhésif sur la victime, le matin du 29 avril. « Deux fils se sont mal connectés cette journée-là, car en temps normal, elle n’aurait pas agi de cette façon », a-t-il affirmé.

Mort de la fillette de Granby De nouveaux détails sur le rôle du père

La grand-mère paternelle de la petite victime estime pour sa part que son fils, qui évite la tenue de son procès, « s’en sort trop facilement ». « On aurait aimé qu’il ait un procès et qu’il fasse face à ses responsabilités. Ce qu’il a fait à la fillette, ça passe dans le beurre », a-t-elle dit à La Presse.

Casablanca, c’est le père

Après la fugue nocturne de la fillette, le père enfile une chemise d’adulte à l’enfant. « Il dit avoir attaché les poignets ensemble comme une camisole de force », résume le juge Louis Dionne, lors de ses directives.

Pendant que la belle-mère tient les jambes de l’enfant, il enroule du ruban adhésif entre les coudes et les épaules de la fillette ainsi qu’autour d’une tuque qui recouvre ses chevilles. Il n’a pas l’intention de lui faire mal, dit-il. Il retourne ensuite se coucher.

À son réveil, il donne un médicament à l’enfant, qui est dans un « état normal », et part travailler. « Il n’est pas allé voir [la victime] parce qu’il a confiance dans les capacités parentales de [la belle-mère] », souligne le juge Louis Dionne.

À 8 h 12 le matin, la belle-mère envoie une série de textos au père pour lui dire que la fillette s’est détachée. Elle mentionne qu’elle l’a « attachée bin comme faut », que l’enfant crie, pleure, qu’elle n’arrête pas « son gros numéro ».

Le père, identifié comme « Casablanca » dans ses contacts de téléphone et dans les reportages des médias, lui répond : « Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? »

À 9 h 27, il se résigne finalement à rentrer à la maison.

Le père est en liberté

À son retour à la maison, vers 10 h, il laisse un message sur la boîte vocale de la pédopsychiatre qu’il doit rencontrer dans l’après-midi. Il se rend à la salle de bains où il entend la fillette « crier au meurtre ». Il ne va pas la voir parce qu’il a l’habitude de ses crises, se défend-il.

Il dit que la belle-mère a ouvert la porte de la chambre de la fillette quelques fois pour vérifier l’intérieur de la pièce. La belle-mère, elle, a juré qu’elle n’est jamais retournée dans la chambre après 8 h du matin.

Le père répond à l’appel de la médecin spécialiste. Une fois qu’il raccroche, il se dirige vers la chambre de sa fille qui ne crie plus pour lui proposer de manger. « Alors qu’il rentre dans la chambre, il constate que [la fillette] ne bouge pas, que rien ne se passe », résume le juge.

L’enfant a davantage de ruban adhésif autour de son corps que lorsqu’il est parti de chez lui pour son travail, soutient le père.

Il dit avoir vu la couleur de la peau de [la victime] changer. Dans sa tête, elle était morte. Il essayait juste de la ramener. Pour lui, l’arrivée de l’ambulance lui a paru une éternité. Il ajoute que le temps n’existait plus, que c’était un enfer.

Le juge Louis Dionne, lors de son résumé de la preuve

C’est d’ailleurs la voix du père que l’on entendait lors de l’écoute de l’appel au 911.

L’homme a été arrêté plus tard ce matin-là. Il a été accusé de séquestration, de négligence criminelle causant la mort, d’abandon d’enfant et d’avoir omis de fournir les choses nécessaires à la vie.

Il a retrouvé sa liberté, à certaines conditions, quelques mois après son arrestation.

Jusqu’à 10 ans de prison

Lundi dernier, le père a plaidé coupable à l’accusation de séquestration en catimini, en l’absence de tout média. On a mis fin au processus judiciaire relativement à l’accusation de négligence criminelle causant la mort. L’accusation d’abandon d’enfant n’a finalement pas été déposée.

Le chef de séquestration est passible d’une peine maximale de 10 ans de prison. La loi ne prévoit pas de peine minimale. Les parties doivent se présenter au palais de justice de Trois-Rivières, le 7 janvier prochain, pour les observations sur la peine.

Rappelons que la belle-mère de l’enfant a été reconnue coupable de meurtre au deuxième degré et de séquestration, la semaine dernière. Les jurés ont mis moins de cinq heures à arriver à un verdict unanime. Les observations sur la peine de la femme de 38 ans auront lieu vendredi.

Il est interdit de divulguer le nom des acteurs de ce drame pour protéger le petit frère et le demi-frère de la victime. Ils étaient mineurs au moment des faits et le sont toujours.