RÉOUVERTURE LE 3 JUIN 2020
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Le Louvre-Lens, une cité culturelle accessible à tous.
Inauguré en décembre 2012, le Louvre à Lens est le fruit d’une volonté politique au sens le plus noble du terme, né de l’engagement conjoint de l’État, du Louvre et d’une région tout entière. Véritable symbole du renouveau du territoire, il est un acteur clé de sa transformation.
Le visiteur du Louvre-Lens est plongé dans l’observation fascinante de cette tonalité au symbolisme pluriel dans les arts occidentaux, de l’antiquité à nos jours.
« Le noir ! Quelle magnifique occasion d’honorer ce territoire et de célébrer la découverte de la première veine de charbon, il y a 300 ans, le 2 février 1720, à Fresnes-sur-Escaut dans le Pas-de-Calais. Marie Lavandier, Juliette Guépratte et Luc Piralla inventent ici une autre manière de raconter ce territoire et de faire de l’histoire de l’art, accessible à tous et à chacun. En dépassant les traditionnelles approches monographiques et historiques, ils éveillent notre conscience par la connaissance autant que l’émotion » Jean-Luc Martinez, Président-directeur général du musée du Louvre.
Poétique et sensorielle, l’exposition offre une rencontre inédite avec des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art. Près de 75 ans après l’exposition mythique Le Noir est une couleur.
Couleur du paradoxe,le noir est-il une absence de lumière, un vide, une somme réjouissante de toutes les couleurs, un éblouissement ? D’emblée, l’exposition immerge le visiteur dans une expérience du noir familière grâce à une salle consacrée à l’un des phénomènes naturels du noir ayant le plus largement retenu l’attention des artistes : la nuit. Quand la nuit tombe, sublime, se lève une terrible beauté (Vernet, Deperthes), un monde sans limite paraît (Fontana).
Archétypal et physiologique, le noir forme un élément structurant mais ambigu de la représentation du sacré, à la fois couleur de tous les commencements, de l’infini, de l’intemporel mais aussi celle de la mort et de l’ignorance. La philosophie des Lumières, au 18è siècle, dans sa lutte pour le triomphe de la Raison et la fin de l’obscurantisme a paradoxalement amené un regain d’intérêt pour l’étrange, la folie mais aussi la magie qui contribuent à l’émergence d’un romantisme noir durant tout le siècle suivant.
La fin du 19è siècle voit le développement d’un imaginaire décadent qui associe satanisme, sensualité, péché et mort (Rops, Doré). Mais, le noir infernal et maléfique se double d’un versant bénéfique et vénérable. Cette dualité de la couleur apparaît comme une manière poétique de conjurer le noir par le noir.
Considéré comme couleur de la salissure et du péché par les sociétés occidentales, le noir va être associé à l’idée de pénitence et d’humilité jusque dans les habits et costumes. A partir du 16è siècle, le noir s’impose également dans la mode aristocratique dans toute l’Europe – sa teinture est un luxe coûteux - . Le 19è siècle va confirmer son statut de l’élégance qui touche alors d’autres classes sociales (Carolus-Duran, Agache, Manet). Au 20è siècle, ce sont les plus grands créateurs de la haute couture qui vont à leur tour investir le noir.
A l’ère de la révolution industrielle, les sociétés occidentales connaissent des mutations sans précédent. Récolté dans les entrailles de la terre, le charbon en est l’un des symboles noirs : il marque les visages des « gueules noires » et façonne l’imaginaire collectif au point que les artistes convoquent, citent ou prélèvent le noir industriel dans des formes renouvelées d’œuvre d’art (Kounellis, Arman, César, Venet).
Au 20è siècle, le noir devient une substance de la modernité, un vecteur de scission, de rupture. Il semble s’affranchir de sa dialectique originelle au point de devenir une substance esthétique réinventée, comme en témoignent la création de nouvelles techniques, de nouveaux pigments, d’outrenoirs (Reinhardt, Malévitch, Soulages).
Ce sujet universel permet de rendre palpable l’histoire des idées, des sciences, comme celle des formes au sein d’une exposition expérientielle et pédagogique. Inspirée du terril plat sur lequel repose le Louvre-Lens, l’exposition rend aussi hommage au passé minier dont les images sont dominées par le charbon et ses traces aux infinies nuances.
L'UNESCOvu sur le Hainaut
LE PARCOURS DE L’EXPOSITION
L’exposition plonge d’emblée le visiteur dans une expérience du noir. Omniprésent dans les phénomènes de la nature, le noir a nourri de tout temps les artistes, cherchant à retranscrire dans leurs œuvres cet éveil des sens.
Dès le 15è siècle, la nuit devient un sujet de peinture à part entière. Les scènes de pénombre, en extérieur comme en intérieur, constituent un extraordinaire terrain d’expérimentation pour susciter des émotions – comme en témoigne la Sonate au clair de lune de Benjamin Constant, où l’artiste révèle le caractère énigmatique et impressionnant de l’un des plus grands génies de la musique, Beethoven, par une obscurité quasi-complète.
La nuit est propice à l’expression du sublime, avec Joseph Vernet, et permet de faire paraître un monde sans limite, celui des « constellations » de Lucio Fontana. Plus inquiétants ou exceptionnels, les orages et les eaux sombres sont d’autres motifs prompts à révéler la richesse du noir.
De Gustave Courbet au vidéaste Ange Leccia, les artistes s’emparent de ces sujets pour exploiter les infinies nuances de cette couleur, dans des compositions qui attirent de façon magnétique le regard.
Absence de lumière née d’une source de lumière, l’ombre est fondatrice mythique du dessin et devient chez certains artistes le cœur même de la toile. Le jeu entre noir et lumière les amènent à explorer un type de composition paradoxal, le contre-jour, permettant de questionner leur perception du monde – à l’instar de Douglas Gordon dans une série d’éclipses.
Le parcours explore également les rapports, structurants mais ambigus, entre noir et sacré. Communément associé aux enfers, depuis l’Antiquité et dans les différentes religions, le noir suscite la crainte et la fascination. Intimement lié à l’occulte et aux superstitions à partir du Moyen Age, il prend place au sein d’un imaginaire occidental où s’épanouissent monstres et créatures diaboliques, qu’ont cherché à mettre en images les artistes – des gravures de Félicien Rops et araignées duveteuses d’Odilon Redon au monochrome composé de mouches du plasticien Damien Hirst. Mages, sorciers et épisodes sombres de chasse aux sorcières par l’Inquisition, ces figures imprègnent les Beaux-Arts et la littérature jusqu’à aujourd’hui. On retrouve cette iconographie, au pouvoir obscur et envoûtant, chez Eugène Delacroix représentant Macbeth consultant les sorcières ou Les Trois Sorcières de Johann Heinrich Füssli.
Indissociable des réflexions sur la mort, la couleur noire est utilisée dans les œuvres traitant de sujets religieux pour représenter les « passions » ou encore des « vanités ». Par un usage sensible du clair-obscur, qui se développe au 17è siècle, les artistes font émerger des ténèbres des corps souffrants et en restituent les atmosphères dramatiques – telle la Descente de Croix au flambeau de Rembrandt, Le Calvaire de David Téniers. Dans une œuvre hommage, La Pietà, Hyppolyte Flandrin accentue l’intensité dramatique de son tableau, en représentant une mère presque sans visage, se détachant à peine du fond sombre de la toile, penchée sur le corps de son fils.
Le noir revêt une dimension sociale. Considéré comme couleur de la salissure et de la faute par les sociétés chrétiennes, le noir va progressivement changer de statut pour devenir un symbole de puissance. Le coût élevé des procédés de teinture qui se développement au 15è siècle et permettent la création de textiles aux noirs éclatants en font un attribut réservé aux hautes strates de la société, qui n’hésitent pas à se faire portraiturer vêtues des étoffes les plus raffinées. En Italie, Véronèse s’attache à représenter le noir du deuil qui s’imposera définitivement en France par la suite. Au 19è et 20è siècles, sous les doigts experts de grands couturiers comme Jeanne Lanvin ou encore Yohji Yamamoto, le noir acquiert ses titres de noblesse, avant de se diffuser à grande échelle et de devenir le symbole de l’élégance et de la modernité. Le noir des velours, satis et autres dentelles, qu’il soit représenté par les artistes comme Edouard Manet ou sublimé au travers de créations textiles, est un hommage chatoyant à l’éclat du coloris. A l’opposé du luxe des vêtements teints en noir, les peintres donnent aussi à voir la crasse qui noircit les haillons et la peau des nécessiteux. Alors que de profonds changements d’ordre politique affectent au 19è siècle les classes sociales les plus vulnérables, le noir de la rue est choisi par les artistes pour montrer les aspects les plus crus des sociétés modernes et des catégories les plus défavorisées.
Le noir industriel trouve un écho particulier au Louvre-Lens, installé au cœur de l’ex-bassin minier. Le noir du charbon, emblématique de l’ère industrielle, marque les visages des mineurs et frappe l’imaginaire collectif. Ces travailleurs des profondeurs, souvent désignés par l’expression « gueules noires », deviennent iconiques de cette modernité. Avec son tas de charbon Bernar Venet fait sculpture de ce matériau ordinaire, directement déversé sur le sol, sans dimension ni forme spécifiques.
Les artistes appartenant au Nouveau réalisme, comme César et Arman, dans la seconde moitié du 20è siècle, convoquent également les matières noires afin de révéler la poésie du monde moderne et témoigner d’une réalité nouvelle marquée du sceau de la consommation. En réaction à l’étiolement du miracle industriel, des artistes de l’Arte Povera, tel Jannis Kounellis, privilégient des matériaux humbles, organiques, qui rappellent l’homme à son histoire. Dans l’une de ses pièces, formant un épais matelas, des sacs en toile de jute aux noms de destinations lointaines sont empilés devant un mur peint en noir. Très présente dans l’œuvre de l’artiste, la couleur renvoie à la suie et au charbon, matériaux de la révolution industrielle des sociétés européennes du 20è siècle.
La recherche du noir pour le noir anime le travail des artistes dès le début 20è siècle. Bien que différentes symboliques soient attachées à cette couleur, les artistes ont su s’approprier les qualités propres au coloris, pour en sublimer les textures et les différents effets au travers de compositions où seule la teinte semble se déployer. Le terme de monochrome est communément adopté pour désigner ces créations dominées par le noir. Ad Reinhardt propose une expérience de contemplation, proche de la méditation, dans ses Ultimate Paintings, « les dernières peintures que l’on peut peindre ».
Le noir se fait aussi matière première de la création des artistes, qui l’utilisent comme un écran duquel émergent les formes et les images. Céramique, gravure, impression, peinture : en soustrayant de la matière ou de la couleur à leur support d’expression, les artistes font du noir l’élément fondamental à l’existence de leurs œuvres.
Adoptant une démarche radicale, certains artistes comme Kasimir Malévitch, vont volontairement évacuer la narration et la figuration au profit de l’abstraction. Dans ces œuvres, le noir devient une substance sans cesse réinterrogée, utilisée pour son caractère symbolique autant que plastique.
Presque comme un parachèvement, les outre-noirs de Pierre Soulages déploient toute la richesse, les dualités et la complexité du noir.
A LA DÉCOUVERTE DE LA FABRIQUE DU NOIR
Comment fabrique-t-on du noir ?
Une installation inédite attend les visiteurs en début d’exposition pour expliquer les différentes manières d’obtenir la couleur noire, utilisée par les artistes dans l’exposition. Un dispositif multimédia détaille les étapes de fabrication du noir, de la matière première au résultat final. Une approche pédagogique pour permettre au visiteur de caractériser les différents types de « noirs ». Fusain, os de vache, diorite, basalte, suie… Noir intense, noir d’ivoire, noir de fumée… Quels matériaux pour quels usages ? C’est ce que nous apprennent les écrans et les vitrines. Chaque exemple fait écho à une œuvre de l’exposition à découvrir ensuite dans les salles !
FOCUS SUR QUELQUES ŒUVRES
Dorothy NAPANGARDI
Salt on Mina Mina
Artiste majeure du mouvement de l’art aborigène contemporain, Dorothy Napangardi a commencé à peindre en 1987 dans un style très coloré. En 1998, elle change radicalement de technique et conçoit des peintures en noir et blanc constituées exclusivement de points réalisés à l’aide d’un bâtonnet. L’artiste représente ici la création du lac salé de Mina Mina, né de mouvements de danse d’un groupe de femmes ancestrales. Les points blancs, méticuleusement appliqués sur le fond noir, provoquent une sensation hypnotique de mouvement en écho à l’émergence d’un lieu en cours de formation. Le paysage ainsi obtenu est comme passé aux rayons X pour en faire apparaître la structure interne.
Émile FRIANT
Ombres portées
Peintre virtuose formé dans l’atelier d’Alexandre Cabanel, Émile Friant s’illustre notamment dans les scènes de la vie quotidienne et les portraits quasi-photographiques. Présenté au salon de 1891, Ombres portées témoigne de son goût pour les représentations de jeunes couples en intérieur ou en extérieur. Friant construit sa composition sur le jeu des regards et des mains qui ressortent sur les vêtements sombres. Le jeune homme assis, au premier plan, fixe sa compagne avec intensité tandis que celle-ci détourne le regard. La source de lumière frontale, dirigée du bas vers le haut, projette les ombres du couple sur le mur. Le traitement de ces ombres portées rappelle le mythe fondateur des origines de la peinture tiré de l’Histoire Naturelle (Livre XXXV, 152) de Pline.
Odilon REDON
Le Corbeau
Entre 1879 et 1890 Redon réalise plusieurs dessins au fusain qui témoignent de son attrait pour les œuvres de Baudelaire et de Poe. Il publie plusieurs albums lithographiques, et réalise notamment en 1882 la couverture d’une édition des Contes grotesques d’Edgar Poe figurant un corbeau. Dans ce dessin, il effectue une synthèse de thèmes récurrents dans l’œuvre de l’auteur. Cette jeune femme drapée, située dans une forêt lumineuse, qui semble rayonner, rappelle l’histoire d’Eleonora qui, une fois morte, « les fleurs étoilées s’abîmèrent dans le tronc des arbres et ne reparurent plus ». À ses pieds se tient un corbeau, porteur de mauvaises nouvelles. Le mélange du fusain, utilisé pour l’arrière-plan, et de la craie noire, qui donne un noir soutenu pour le premier plan, permet de créer un clair-obscur riche et varié. Malgré son retour à la couleur à partir de 1892, le noir reste pour Redon la couleur la plus essentielle.
Égypte
La déesse Isis
Présentée à Versailles sous Louis XIV, sous le nom de « reine d’Egypte », cette statue en grauwacke égyptienne (pierre sédimentaire noire) a connu une histoire riche de rebondissements à l’époque moderne : restaurée (la tête, les bras, certains plis du vêtement sont des rajouts), placée au Louvre en 1810, dérestaurée puis recomposée en 2005, elle a retrouvé son identité d’origine, celle de la déesse funéraire Isis. Reconnaissable au nœud de sa robe sur la poitrine, l’égyptienne Isis voit son culte se développer dans le bassin méditerranéen à l’époque impériale romaine, comme en témoigne le style de l’œuvre. Isis fait partie des divinités, souvent noires, rapprochées à l’antique culte de la « Déesse Terre », tout comme certaines vierges chrétiennes. L’auteur Apulée décrit sa robe noire, symbole du cosmos. Vers 100-200,
Philippe DE CHAMPAIGNE
Vanité, ou Allégorie de la vie humaine
Peintre originaire de Bruxelles, Philippe de Champaigne s’installe à Paris en 1621 et peint des compositions religieuses ou des portraits pour les plus grands : Marie de Médicis, Louis XIII, Richelieu. Dans cette Allégorie de la vie humaine, Champaigne juxtapose sur la table en pierre, à la fois lieu d’offrande et de dévotion, trois emblèmes que sont la tulipe, le crâne et le sablier. Le peintre représente d’une manière sobre et frontale le temps qui passe : la fleur se fane déjà et la mort nous regarde à travers les orbites noires du crâne humain. Le fond noir sur lequel se détachent les objets donne une impression de vide et d’infini tandis que la lumière indique la présence du divin. La Vanité de Champaigne témoigne d’une grande radicalité, rejetant les séductions formelles que l’on retrouve habituellement dans les compositions hollandaises.
Alfred AGACHE
L’Énigme
Originaire de Lille, Alfred Agache remporte un grand succès pour ses portraits de femmes plongées dans des atmosphères sombres et énigmatiques, proches du symbolisme. Comme le titre l’indique, l’interprétation de cette œuvre est un mystère, de même que l’identité de cette femme qui pourrait être une Parque (divinité de la destinée humaine) ou la déesse Isis, en lien avec le sceptre représenté sur le mur. Elle vient d’ôter son masque mais elle détourne le regard, les yeux fermés. Ses larges vêtements noirs évoquent le deuil, tandis que les fleurs de pavot rouge sang symbolisent l’oubli.
Jeanne-Marie LANVIN
Robe Neptune
Jeanne-Marie Lanvin est une couturière autodidacte, visionnaire et avant-gardiste. Elle apprécie énormément les couleurs et crée des teintes emblématiques, comme le bleu Lanvin. Pour conserver l’exclusivité de ses couleurs, elle fonde ses propres ateliers de teinture à Nanterre en 1923. Elle affectionne particulièrement le noir qu’elle considère comme représentant le « chic ultime » et qu’elle devait porter toute sa vie. La robe de soir courte, « Neptune », a connu un véritable succès. Confectionnée en satin de soie noire avec un décolleté arrondi devant et dans le dos, la coupe est simple. La jupe est garnie d’une spirale de franges repliées, superposées. Le modèle original s’ornait à la taille d’une garniture bleu perlée, remplacée ici par une ceinture en satin noir nouée sur le côté droit. Les inspirations de Jeanne-Marie Lanvin sont multiples, mais toujours dictées par l’élégance, la féminité et la modernité.
Jannis KOUNELLIS
Sans titre
I have an hour and a half left of my writing time. I’m currently using 30min listening to a podcast about how to ge… https://t.co/fxB20Mmjla
— Jennifer Harris Wed Sep 18 17:12:47 +0000 2019
Se détachant d’un mur peint en noir, des sacs en jute portant des noms de destinations lointaines sont empilés et évoquent le transport des marchandises par-delà les océans, depuis l’Antiquité. La combinaison des tas de toiles de jute avec le fond noir a quelque chose d’ironique : la toile du peintre n’est pas accrochée au mur mais se trouve associée, dans sa forme rustique, à de simples contenants. Couleur de prédilection de l’artiste, le noir chez Kounellis est moins une couleur qu’une matière archaïque, à même de susciter des sentiments universels. Né en Grèce, Jannis Kounellis est une personnalité majeure de l’Arte povera (ou Art pauvre), ce mouvement artistique qui se démarque des pratiques traditionnelles en cherchant, par l’emploi de matériaux issus du quotidien (aussi inattendus que le charbon ou les animaux vivants), à renouer le lien entre art et vie, comme dans cette installation.
Félix VALLOTTON
Le Feu d’artifice
Peintre, graveur, illustrateur et romancier originaire de Lausanne, Vallotton réalise à partir de 1891 de nombreuses xylographies (gravure sur bois) et lithographies illustrant la société contemporaine. Le Feu d’artifice fait partie de la série de l’Exposition Universelle, une suite de six gravures. Avec une économie de moyens remarquable, il représente une foule compacte venue assister au feu d’artifice. Le fond noir, qui traduit l’obscurité de la nuit, occupe la majeure partie de l’image tandis que le blanc, qui correspond aux parties gravées dans le bois, apporte la lumière. Avec la simplification des formes, le cadrage et les points de vue originaux inspirés des estampes japonaises ainsi que l’utilisation extraordinaire des fonds noirs, Vallotton participe au renouveau de la gravure sur bois.
Ad REINHARDT
Ultimate Painting n°6
Figure importante de la scène artistique américaine, Ad Reinhardt dénonce la peinture gestuelle pratiquée par ses contemporains pour défendre ce qu’il nomme « art pur » ; son oeuvre tend vers une simplification de plus en plus marquée de la forme et de la couleur. De 1960 à 1967, sa dernière série de tableaux, dont fait partie cette Ultimate Painting, se présente sous la forme de toiles carrées au format identique, presqu’entièrement noires, où l’oeil peine à discerner au centre une forme de croix. Des variations infimes les distinguent les unes des autres. Le peintre nous propose avec elles une expérience de contemplation, proche de la méditation. Ce sont « les dernières peintures que l’on peut peindre », selon lui.
Alessandro FILIPEPI, dit Sandro BOTTICELLI
Portrait de jeune homme
Occupant l’espace du panneau, le jeune homme domine le spectateur de son regard clair. Représenté en buste sur un dégradé de ciel bleu, il porte un couvrechef rouge, typique de la bourgeoisie florentine de son temps, et un habit noir, couleur à la mode dans la haute société, dont le col et les « crevés » (ou fentes) des épaules laissent voir du linge blanc. La découpe précise du vêtement sombre et ajusté renforce l’assurance de sa posture, de son visage aux traits affirmés et de son port de tête altier.
POUR ALLER PLUS LOIN
Le Catalogue sous la direction de Marie Lavandier, Juliette Guépratte et Luc Piralla-Heng Vong.
Coédition Lienart / Louvre-LensTarif : 39 euros.
Le catalogue emprunte un chemin similaire à l’exposition, proposant, page après page, de transcrire cette histoire de l’art du noir comparée et sensible. Quatre essais précèdent la progression à travers le propos et les œuvres de l’exposition : Olivier Bonfait retrace, avec autant de science que de finesse, la révolution dans l’histoire du noir que forment les évolutions de l’art de peindre la nuit dans l’Europe moderne ; Valérie Sueur-Hermel illumine la matérialité du noir de l’estampe au 19e siècle ; Vincent Pomarède raconte ce siècle où le noir est à la fois la couleur du pouvoir, du deuil, de la littérature et de la modernité en peinture ; Alain Fleischer questionne, cerne, comme il tâtonne, le vertige de cette couleur vouée à l’art comme aux paradoxes : le noir !
VISITES GUIDEES NOUVEAU- EXPERIENCE – INEDIT -
Les Mots du noir Les expressions employant le mot « noir » sont très nombreuses : que disent-elles de la perception que nous en avons ? En confrontant ces expressions aux œuvres, échangez sur la vision que vous en avez, sans noircir le tableau s’il vous plaît ! À partir de 14 ans Les samedis 2/05 et 13/06 à 16h30 Durée : 1h Gratuit, dans la limite des places disponibles (hors droit d’entrée à l’exposition pour les adultes).
CYCLE NUIT NOIRE
Personne ne s’étonne de ce phénomène étrange qu’est l’arrivée de la nuit. Cette obscurité mystérieuse et transcendante n’a de cesse d’intriguer et d’être présente dans les arts. Douce nuit dans les nocturnes de Chopin ou nuit cauchemardesque où les monstres renaissent…Au travers des sciences, de l’astrophysique et aussi de la musique et du théâtre, c’est une exploration immersive du noir de la nuit et du cosmos tout entier que propose ce cycle.
Cycle « Soleils noirs : le noir sous toutes ses nuances » pendant les vacances [À NOTER scolaires du 15 au 17/04 et du 20 au 24/04
LES ENFANTS ONT AUSSI LEUR VERNISSAGE.UN PARCOURS A HAUTEUR D’ENFANTS
Le Louvre-Lens organise son premier vernissage pour les enfants ! A cette occasion, le musée a préparé un programme d’activités éducatives et festives pour découvrir en s’amusant la nouvelle exposition. Le livret-jeu est disponible gratuitement à l’entrée de l’exposition
Cinéma Princes et princesses, de Michel Ocelot (2000) Dans un cinéma désaffecté, deux enfants et un vieux projectionniste se retrouvent le soir venu pour inventer des histoires féériques et poétiques dont ils sont les héros. Ils créent six contes et font voyager de l’Egypte au Japon, du Moyen Âge à l’an 3000, à la rencontre de princes, reines et sorcières d’un genre nouveau. Un hommage au théâtre d’ombre, somptueux. Mercredi 6 mai à 15h et jeudi 7 mai à 10h et 14h (séances en présence de scolaires) à la Scène Conférence À la rencontre d’une œuvre : Croix [noire] de Kasimir Malévitch Par Juliette Guépratte, commissaire de l’exposition Soleils noirs La Croix [noire] de Kasimir Malévitch : une forme élémentaire – la croix – se détache par le plus évident des contrastes. La forme est noire et le fond, blanc. Pourtant, ce chef-d’œuvre de l’abstraction réalisé en 1915 et conservé au Musée National d’Art Moderne ouvre sur une pensée complexe du monde où le noir est la couleur suprême du rien. Jeudi 7 mai à 18h à la Scène Cinéma Melancholia, de Lars von Trier (2011) Jeudi 7 mai à 19h30 à la Scène
LAISSEZ-VOUS PORTER PAR LE NOIR Sieste de pleine conscience (à partir de 7 ans) Que ressentons-nous lorsque nous fermons les yeux ? Notre perception se modifie et s’affine. Pendant ce temps de sieste, laissez lectures et suggestions sensorielles redessiner la carte du réel. Matelas fourni par le musée, coussin personnel à apporter Les dimanches 26/04, 3/05, 10/05, 17/05 et 24/05 à 14h15 Durée : 30 mn Gratuit (hors droit d’entrée à l’exposition temporaire), dans la limite des places disponibles Visite-atelier sophrologique (à partir de 14 ans) La sophrologie est une méthode destinée à parvenir à une meilleure connaissance de soi et un état de bien-être, par des techniques verbales qui jouent sur la respiration et les images mentales. Elle entretient avec la couleur noire des rapports ambivalents. Ici aussi, comme dans de nombreux domaines, le noir a des valeurs positives et négatives. Après les avoir abordées lors d’un atelier, découvrez l’exposition Soleils noirs et partagez un temps d’échange sur ce que les œuvres suscitent en vous ! Les dimanches 14, 21 et 28/06 à 14h15 Durée : 1h30 Gratuit (hors droit d’entrée à l’exposition temporaire) Salon des lecteurs : lire le noir (à partir de 16 ans) Rejoignez le salon des lecteurs du Louvre-Lens et découvrez les thématiques d’exposition autrement ! L’équipe du musée vous conseille et met à votre disposition une sélection de romans qui explorent la thématique du noir. Univers nocturne, histoires de sorcières ou encore romans gothiques, choisissez un livre qui vous inspire, emmenez-le chez vous et venez partager votre lecture le mois suivant, autour d’un café, dans la médiathèque du musée.
Conférence Le romantisme noir Par Luc Piralla, commissaire de l’exposition Soleils noirs En s’appuyant principalement sur les œuvres de l’exposition, le commissaire entre dans cet imaginaire fantastique et tourmenté où se mêlent sorcières, diables et démons, figures shakespeariennes ou dantesques dont les échos sont encore perceptibles dans notre quotidien et qui rappellent que la noirceur de ce romantisme est un héritage paradoxal des Lumières. Jeudi 9 avril à 18h à la Scène Cinéma Only lovers left alive, de Jim Jarmusch (2013) Jeudi 9 avril à 19h30 à la Scène Conférence L’histoire de la littérature romantique Par Alain Vaillant, enseignant-chercheur en littérature française du 19e siècle, université Paris-Nanterre Samedi 25 avril à 15h30 à l’Auditorium
Banquet dans le noir Par Lucie Boissonneau et Jean-Claude Jeanson Fermez les yeux et prenez place au banquet mitonné par le chef lensois Jean-Claude Jeanson. Une exploration gustative et sensorielle autour de l’exposition Soleils noirs. Pour vous accompagner dans cette expérience, une sélection de textes proposés par la comédienne Lucie Boissonneau vous baladera dans un univers obscur et mystérieux. Jeudi 30 avril à 18h15 et 20h30 En partenariat avec les Centres Paul Corteville-Chiens guides d’aveugles
HELLFEST WARM UP TOUR 2020 Première dans l’histoire du Louvre, l’un des plus grands festivals de métal d’Europe fait escale au Louvre-Lens ! Le temps d’une journée exceptionnelle, le Hellfest festival pose ses valises à la Scène pour l’unique date de sa tournée Warmup dans le nord de la France. Concerts, compétitions d’air guitar, projections, pass Hellfest à gagner, et bien d’autres surprises, vous attendent. Cette année, les groupes Shaârghot (groupe de métal industriel à l’univers cyberpunk post apocalyptique) et Benighted (groupe de death métal brutal) feront vibrer les fans et les curieux lors d’un concert exceptionnel à la Scène.
Dimanche 19 avril à partir de 17h à la Scène En partenariat avec le Hellfest festival. Le Louvre-Lens remercie les programmateurs du Betizfest, de L’arc en ciel de Liévin et du théâtre de Béthune pour leur aide.
CYCLE DU NOIR CHARBON A L’OUTRENOIR
Le noir, couleur du charbon et des gueules noires, est le symbole du Bassin minier du Nord-Pas de Calais qui est inscrit depuis 2012 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pigment très difficile à obtenir en teinture, le noir a longtemps été dans la peinture la couleur des puissants. Ce cycle traverse la couleur noire, dans la nature, dans la mode et bien sûr sur le territoire de l’ex-bassin minier, du charbon vers le design, du noir naturel vers la fabrication d’un noir absolu appelé l’Outrenoir.
Conférence Peindre la mine, au risque de la noirceur Par Gérard Dumont, membre du Conseil scientifique du Centre historique minier de Lewarde Le noir domine la représentation qu’écrivains et artistes ont le plus souvent donnée de la mine. Au-delà de l’expression d’une réalité objective (la couleur du charbon et l’absence de lumière au fond), le noir prend alors une valeur symbolique, généralement négative, qui tend à occulter les autres facettes de la mine. L’historien peut retracer les étapes de la construction de cette image sombre. Il peut aussi tenter de mesurer la distance entre représentations et réalité plus complexe. Il s’agit alors de rendre à la mine toutes ses couleurs. Samedi 20 juin à 15h30 à l’Auditorium
JOURNEE-EVENEMENT AUTOUR DE L’ARTISTE PIERRE SOULAGES
Dimanche 14 Juin
Conférence
Pierre Soulages et l’Outrenoir Par Marie Lavandier, conservateur général du patrimoine, directrice du musée du Louvre-Lens et commissaire de l’exposition Soleils noirs Dans la seconde moitié du 20e siècle, la couleur noire semble devenir une substance esthétique en soi, comme en témoigne la création de nouvelles techniques du noir ou de nouveaux pigments. Forgé par Pierre Soulages en 1979, le terme d’Outrenoir désigne « un autre champ mental que celui du simple noir », un noir lumineux aux états de surface changeants. À 15h à la Scène Suivie de Siècles Soulages Lecture musicale par Michel Vuillermoz de la Comédie Française et Lionel Suarez, accordéoniste D’après Écrits et propos de Pierre Soulages Michel Vuillermoz, sociétaire de la Comédie française, et Lionel Suarez, accordéoniste (qui a notamment travaillé avec Véronique Sanson, Claude Nougaro, Roberto Alagna et Florent Pagny), proposent une lecture musicale dédiée à la pensée du maître de l’Outrenoir. L’itinéraire de Soulages, sa méthode et son goût des origines sont magistralement portés sur scène dans ce spectacle qui est également une réflexion sur l’art, sur la place de l’artiste et son besoin de créer. Les sens et les sons s’entremêlent pour rendre un hommage élégant et poétique à l’œuvre de Pierre Soulages.
JOURNÉE-ÉVÉNEMENT AUTOUR DE LA MODE Dimanche 28 juin
À l’occasion de l’exposition Soleils noirs, la mode est à l’honneur au Louvre-Lens. Les étudiants de l’école de mode ESMOD présentent leur propre interprétation de l’exposition, lors d’un défilé exceptionnel au musée. Venez découvrir le talent des stylistes de demain ! À 17h, rendez-vous à la Scène pour une projection du film d’Anne Fontaine, Coco avant Chanel (2009), porté par une Audrey Tautou éblouissante dans le rôle de la créatrice de la petite robe noire et incarnation de la femme moderne.
Concert électro
Toh Imago et Jeff Mills Une soirée électro inédite pour conclure la saison « noire » ! Jeff Mills est l’un des DJ et producteurs de musique électronique les plus inventifs au monde et ne cesse de multiplier des performances exceptionnelles, à la croisée de la musique, de l’art contemporain et de la culture pop. Pionnier et figure majeure de la techno de la ville de Detroit, il est avant tout un magicien du son et un explorateur infatigable des possibles. Après le mémorable projet Life to Death and Back donné au Louvre-Lens en 2015 dans le cadre de l’exposition Des Animaux et des Pharaons, Jeff Mills propose cette fois un set exceptionnel inspiré par l’exposition Soleils noirs. Artiste techno au succès grandissant, Toh Imago, natif d’HéninBeaumont, fait parler de lui avec la sortie en octobre 2019 de son premier album Nord Noir. Une œuvre qui se lit autant qu’elle s’écoute, mêlant techno planante et visuels racontant l’histoire des mines et ceux qui les ont faites. Vendredi 10 juillet à 21h à la Scène
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UPERNOIR : DES VIREES INATTENDUES AUTOUR DU LOUVRE-LENS
Du 29 mai au 30 juin 2020, des expériences Uperbonnes et des virées Uperchouettes vont se dérouler sur la destination « Autour du Louvre-Lens ». Upernoir ce sont de nombreuses expériences touristiques qui se fédèrent autour du noir, fil conducteur d’aventures, de parcours culinaires, festifs et culturels. Upernoir présente les différentes facettes de la créativité qui animent un territoire postindustriel, sa programmation parie sur la mise en éveil de tous les sens. C’est une vision nouvelle de l’authenticité, un territoire créatif qui sait recevoir, une destination sous un angle nouveau à découvrir au printemps 2020. Articulé autour du musée du Louvre-Lens et de l’inscription du Bassin minier au patrimoine mondial de l’UNESCO, Upernoir se déploie au cœur des patrimoines et des paysages pour faire rencontrer et arpenter un territoire riche d’un passé glorieux qui se veut aujourd’hui destination inédite. Upernoir c’est le pouvoir de créer des émotions dont on se souviendra longtemps ! www.upernoir.fr
INFORMATIONS PRATIQUES
Téléchargement du livret-jeu (dès 7 ans les enfants percent les secrets de certains des chefs-d’œuvre présentés en suivant la mascotte de l’exposition : la malicieuse araignée d’Odilon Redon) téléchargement sur le site louvrelens.fr
Dates de l’exposition
Exposition Soleils noirs du 25 mars 2020 au 25 janvier 2021 (Galerie d’exposition temporaire)
Horaires d’ouverture Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi Tarifs :
Soleils noirs • Gratuit pour les moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi et les bénéficiaires des minima sociaux • 18-25 ans : 5 € • Tarif plein : 10 € Gratuité exceptionnelle pour tous les 28 et 29 mars 2020
Galerie du temps et Pavillon de verre Gratuit pour tous
Visite guidée tous les jours à 15h : 6 € / 4 € Guide multimédia : 2 €
Livret de visite gratuit Adresse Musée du Louvre-Lens 99 rue Paul Bert 62300 Lens
Renseignements T : +33 (0)3 21 18 62 62
www.louvrelens.fr
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PROCHAINEMENT AU MUSEE DU LOUVRE-LENS
LOUVRE DESIGNdu 13 MAI 2020 AU 7 DECEMBRE 2020
LES LOUVRE DE PABLO PICASSO23 SEPTEMBRE 2020 - 25 JANVIER 2021
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