• 01/01/2023
  • Par binternet
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Un Fauteuil Pour l'Orchestre – Le site de critiques théâtrales parisien » Les Sorcières de Salem, d’Arthur Miller, mise en scène et version scénique d’Emmanuel Demarcy-Mota, Théâtre de la Ville-Espace Cardin<

Un Fauteuil Pour l'Orchestre – Le site de critiques théâtrales parisien » Les Sorcières de Salem, d’Arthur Miller, mise en scène et version scénique d’Emmanuel Demarcy-Mota, Théâtre de la Ville-Espace Cardin Un Fauteuil Pour l'Orchestre – Le site de critiques théâtrales parisien » Les Sorcières de Salem, d’Arthur Miller, mise en scène et version scénique d’Emmanuel Demarcy-Mota, Théâtre de la Ville-Espace Cardin

© Jean-Louis Fernandez

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault

Les Sorcières de Salem a été jouée pour la première fois à Broadway en 1953. Arthur Miller reçut une Antoinette Perry Award pour cette pièce où la fin du 17e siècle fait rebondir les spectateurs médusés en plein milieu de la lutte contre le Maccarthysme.

Miller reprend toutes les ficelles de cette histoire terrible, qui eut lieu dans une petite ville du Massachusettsen 1692. Deux petites filles, de 9 et 11 ans, en sont le point de départ. Elles se disent habitées par le démon, plongées dans des convulsions terribles, avec deux ou trois amies, puis d’autres encore, contamination surprenante, de la faute tout d’abord et peut-être, de la servante antillaise de l’une des deux, leur ayant appris à converser avec Satan… D’autres « sorcières » apparaîtront. Des procès terribles suivront, environ mille personnes seront condamnées, 19 exécutées, d’autres jetées en prison, hommes et femmes, sans défense et sans le sous, ou au contraire en possession de grandes terres fort convoitées, hasard, malheureux et innocent hasard, n’est-ce pas ? Comme disait Michelet en 1862, dans La sorcière, non sur Salem mais sur cette même idée : « On trouva des supplices exprès ; on leur inventa des douleurs. On les jugeait en masse, on les condamnait sur un mot. »

Cette pièce se sert de cette histoire comme « vocabulaire. » Le véritable, profond sujet est le magma du Maccarthysme secouant les Etats-Unis dans les années 1950. Miller sera lui-même une sorcière, dénoncée en 1956 par son ami Elia Kazan, poussé vers ce geste immonde exactement pour les mêmes raisons que dans Les Sorcières de Salem : s’il ne « vendait » personne, il serait accusé d’outrage à la commission et sa carrière foutue. Alors il en « dénonça » douze, dont Miller. Le HUAC (House Committee on Un-American Activities) cherchait, pourfendait, poussait à donner des noms, trouvait le mal sous chaque pas, ce terrifiant communisme, monstre noir qui rôdait partout et dont Miller s’était approché. Il était donc, sinon le diable en personne, du moins un incube à deux doigts d’épouser Marylin Monroe. Horreur, malheur, putréfaction !!!

Miller avait assisté en effet à quelques réunions, signé ici ou là des pétitions. Pour ne rien arranger, il refusa de donner d’autres noms, la sorcière se débattait ! Il fut condamné pour outrage en 1957, condamnation annulée par la cour d’Appel américaine en 1958.

Un Fauteuil Pour l'Orchestre – Le site de critiques théâtrales parisien » Les Sorcières de Salem, d’Arthur Miller, mise en scène et version scénique d’Emmanuel Demarcy-Mota, Théâtre de la Ville-Espace Cardin

Emmanuel Demarcy-Mota comme assez souvent, nous offre une présentation forte du texte de Miller. Le danger est là, celui du 17e siècle tout comme celui du 21e, oui, nous sommes à nouveau en plein dans ces immondes disputes guerrières. L’apparition d’abord énervante puis acceptée, d’un téléphone portable, nous fait saisir tout cela. Les fillettes sont devenues ici des adolescentes, ou des femmes quittant presque cette ère surprenante. Tous ces comédiens et comédiennes avancent dans le texte avec sobriété, poids, présence. Les Sorcières de Salem poussent la folie simple et amusante à être remplacée par les condamnations, la mort, la peur, aujourd’hui. Toute cette simplicité de jeu nous donne l’impression de « lire » ce texte fort de Miller. La beauté du jeu des sorcières nous emporte, la colère est là, les questions pleuvent. On sort de la salle un peu plus fort, poussé vers une réflexion contemporaine, une attention plus forte oui, soyons sur nos gardes pour tenter d’échapper aux folies disgracieuses de notre époque.

© Jean-Louis Fernandez

Les Sorcières de Salem, d’Arthur Miller

Mise en scène & version scéniqueEmmanuel Demarcy-Mota

Assistant à la mise en scèneChristophe Lemaire

2e assistante à la mise en scèneJulie Peigné

ScénographieYves Collet & Emmanuel Demarcy-Mota

LumièresChristophe Lemaire & Yves Collet

CostumesFanny Brouste

MusiqueArman Méliès

Création vidéoMike Guermyet

MaquillageCatherine Nicolas

Création sonoreFlavien Gaudon

AccessoiresChristophe Cornut

Assistant lumièresThomas Falinower

Assistante costumesAlix Descieux-Read

Réalisation costumesAlbane Cheneau, Margaux Ponsard

Assistant sonNathan Chenaud Joffart

Conseiller artistiqueFrançois Regnault

Training physiqueNina Dipla

Travail vocalMaryse Martines

Version française du texteFrançois Regnault, Julie Peigné, Christophe Lemaire

Avec Élodie Bouchez, Serge Maggiani, Sarah Karbasnikoff, Philippe Demarle, Sandra Faure, Jauris Casanova, Lucie Gallo, Jackee Toto, Marie-France Alvarez, Stéphane Krähenbühl, Éléonore Lenne, Gérald Maillet, Grace Seri, Charles-Roger Bour

Théâtre de la Ville-Espace Cardin

1, avenue Gabriel

75008 Paris

Réservations : T+ 01 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

Métro lignes 1, 8, 12 : Arrêt Concorde, sortie N°7 avenue GabrielMétro lignes 1, 13 : Arrêt Champs-Elysées ClemenceauBus 24, 42, 52, 72, 73, 84 et 94 : Arrêt Place de la Concorde

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