• 02/09/2022
  • Par binternet
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Biodiversité : ces espèces en danger - ladepeche.fr<

Lors d'un comité interministériel réunit hier au Muséum d'histoire naturelle, Nicolas Hulot a annoncé un grand plan de lutte pour sauvegarder la biodiversité. Le ministre souhaite stopper l'artificialisation des sols et les rejets de plastique dans les océans.

C'est un double plan de sauvetage. Supposé limiter la disparition des espèces et l'appauvrissement des sols, le plan biodiversité, annoncé hier soir par le Premier ministre, doit aussi sauver le soldat Hulot. Ou du moins sa réputation.

À l'issue d'une année au gouvernement, le bilan du ministre de l'Environement, arrivé en héros en mai 2017, est, en effet, bien décevant. Accusé, depuis des mois, de ne pas peser suffisamment pour imposer ses priorités, il est ressorti encore plus affaibli du débat sur la loi Alimentation qui n'inclut pas, dans ses nombreux articles, d'interdiction du glyphosate. L'un des proches de l'ancien animateur, le député Mathieu Orphelin, a bien tenté de l'imposer par voie d'amendement mais il a été mis en minorité par ses amis de La République En Marche.

Nicolas Hulot a donc, avec ce plan sur la biodiversité, tout à prouver et avant tout qu'il n'est pas seulement la caution morale d'un Président dénué de toutes convictions en matière de défense de l'environnement.

Pour signifier l'ampleur de l'engagement, Edouard Philippe a réuni un comité interministériel au «pavillon de la baleine» du Muséum d'histoire naturelle. Parmi les présents, les ministres de l'Agriculture, du Travail, de la Cohésion des territoires, des Sports. Les titulaires de l'Economie, la Santé, l'Intérieur et l'Education nationale se sont fait représenter. Mauvais signe ?

Les annonces, elles, sont ambitieuses : arrêt de l'artificialisation des sols ou de la surutilisation du plastique, sauvetage des cétacés ou soutiens aux agriculteurs vertueux. Mais les échéances sont lointaines et les moyens pour arriver au but encore bien flous. Quant au financement, le ministre n'a encore rien fléché.

D'autre part, certains gadgets, comme l'appli qui permet de reconnaître les plantes de son environnement, ne semblent pas à la hauteur des ambitions.

Alors Nicolas Hulot, sauvera-t-il son honneur grâce à ce plan ? Tient-il enfin sa revanche ? Réussira-t-il à prouver que son accord avec Emmanuel Macron n'était pas un marché de dupes ? Réponse après l'été.


Les espèces en voie de disparition...

Le desman des Pyrénées ou rat-trompette est un petit mammifère semi-aquatique. Il n'existe pas de chiffres concernant le nombre d'individus, mais la surface de son aire de répartition a fortement diminué. L'espèce est donc classée vulnérable par l'UICN. Le plus souvent, l'insectivore est poussé à quitter son territoire par manque de nourriture, à cause du réchauffement de l'eau. Mais d'autres facteurs sont aussi à prendre en compte comme le bétonnage des berges et la présence du vison d'Amérique. Le programme européen de conservation Life + Desmans a été lancée pour protéger l'espèce.

Les oiseaux comptent parmi les espèces souffrant le plus du manque de biodiversité. C'est le cas notamment de l'outarde canepetière. Cet oiseau de plaine a déjà quasiment disparu de plusieurs régions en France, dont l'Occitanie. L'outarde subit principalement l'intensification des productions agricoles et l'utilisation massive de pesticides qui affectent son habitat. L'outarde a vu sa population diminuer de manière drastique dans les plaines d'Europe (-70 % les trente dernières années).

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La cistude d'Europe, tortue aquatique strictement protégée par la loi française depuis 1979, est en voie d'extinction. Sa disparition s'explique surtout par la diminution des zones humides, et le prélèvement d'individus. Comme le desman des Pyrénées, sa population est difficile à chiffrer, mais les organismes de protection comme l'UICN ont noté une nette réduction de sa surface de répartition.

La tulipe sauvage romaine, ou tulipe d'Agen, fleuron botanique lot-et-garonnais, fait partie des espèces végétales en voie d'extinction. Introduite par les romains il y a plus de 2000 ans, elle est souvent surnommée «Œil de soleil». Cette tulipe sauvage, pourtant protégée est sur la liste rouge des espèces menacée. La fleur est surtout victime des pesticides utilisés dans les vergers ou les rangs de vigne, où elle a l'habitude de pousser. Le Verger de Villebramar, en Aquitaine, compte plusieurs centaines de pieds en fleurs chaque année. Il constitue l'un des derniers sites importants où elle est encore présente.

L'ours brun des Pyrénées est l'espèce menacée la plus contestée en Occitanie. Plusieurs lâchers ont été effectués depuis 1996, permettant d'atteindre les 41 individus en 2017. En avril, le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a signé le Plan d'action ours brun 2018-2028, visant à assurer la pérennité de l'espèce. Une décision saluée par les associations de défense, mais contestée par les éleveurs, à cause des attaques de l'ours contre leurs troupeaux.

Le vison d'Europe fait face à un déclin inquiétant de sa population. 70 % de l'effectif total a disparu en trente ans. Historiquement présent sur tout le continent, on ne le trouve plus, sur le territoire français, qu'en Nouvelle-Aquitaine. Classé sur la liste rouge mondiale par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il ne restait d'après le dernier décompte en 2006 que quelques centaines d'individus. Sa disparition progressive est due à l'urbanisation et la pollution qui détruisent son habitat naturel. Mais aussi au vison d'Amérique, introduit en Europe pour sa fourrure et arrivé avec des pathologies auxquelles ne résiste pas son congénère.


... et celles qui nous envahissent

Le ver géant à tête plate est un autre envahisseur redoutable venu d'Asie du Sud. Avec sa tête plate en forme de marteau, le lombric peut mesurer jusqu'à 40 cm de long. Il est capable de se reproduire de manière totalement autonome. Il perd chaque semaine 2 cm de son corps qui se reconstitue par la suite en adulte complet. Un seul individu peut donc rapidement envahir tout un territoire. De plus, ce ver décime les vers de terre dont il se nourrit et peut empoissonner les petits animaux par la neurotoxine qu'il produit.

...et celles qui nous envahissent

L'ambroisie est une plante originaire d'Amérique du Nord, de plus en plus présente dans l'Hexagone. Nuisible et invasive, elle est connue pour les allergies qu'elle provoque. Son pollen, particulièrement toxique, peut causer de l'asthme, des rhinites allergiques et de graves irritations. Apparue en Europe au XIXe siècle, on estime aujourd'hui que 20 % de la population est touchée par les désagréments de l'ambroisie. Dotée de capacité d'adaptation, l'utilisation d'herbicides se révèle totalement inutile. Un arrêté d'avril 2017 interdit son introduction intentionnelle sur le territoire, son transport et son utilisation.

L'écrevisse de Louisiane est, comme son nom l'indique, originaire des États-Unis. Elle a été introduite en France dans les années 1970, pour des raisons commerciales. Le principal problème de ce crustacé est qu'il entre en concurrence directe avec les espèces locales, en étant porteur sain de la peste des écrevisses. De plus, l'écrevisse de Louisiane possède une grande capacité d'adaptation aux eaux polluées et pauvres en oxygène et peut parcourir de grandes distances pour fuir un milieu défavorable. Un arrêté a été pris en 1983 interdisant l'importation, le transport et la commercialisation de l'espèce, mais aucun plan de limitation n'a été mis en place.

Le frelon asiatique envahit progressivement la France. 25 départements sont aujourd'hui touchés par l'insecte. L'espèce a été introduite pour la première fois dans le Lot-et-Garonne en 2004. Comme pour le moustique tigre, on pense que son introduction est due à des conteneurs de marchandises venus d'Asie. Son principal impact est sur les abeilles dont il se nourrit. Les conséquences de la présence du frelon pourraient être désastreuses sur la population déjà fragilisée des abeilles, et donc sur la biodiversité, les abeilles participant largement à la pollinisation des plantes.

Le moustique tigre, originaire d'Asie du Sud-Est, fait partie des dix espèces les plus invasives du monde. L'insecte, vecteur potentiel de maladies graves comme la dengue ou le chikungunya est arrivé en France vers 2005 et sévit particulièrement dans le sud de la métropole. C'est un moustique dit de la «mondialisation», qui s'est déplacé avec les transports de marchandises. Sa prolifération se fait de plus en plus rapidement, notamment autour des petites retenues d'eau comme les vases et coupelles.

La renouée du Japon a été introduite en Europe comme plante ornementale au milieu du XIXe siècle. Sa capacité à se reproduire et à éliminer ses concurrents en fait une ennemie de la biodiversité. Elle a développé une véritable stratégie de compétition envers les autres plantes : elle sécrète des substances empoisonnant les racines des plantes environnantes.